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III.3.a La nourriture par l'offrande

          Nous abordons maintenant l’utilité de la Magie initiatique qui est essentiellement de contribuer à développer la vie dans l’univers et à enrichir la conscience universelle. Ici, nous nous intéresserons à la manière de nourrir cette dernière. Mais auparavant il nous faut voir comment accéder à cette conscience pour ensuite pouvoir l’alimenter par l’offrande et enfin faire en sorte qu’elle rayonne dans le monde terrestre.

 

         Pour y accéder il nous faut pratiquer la voie de la transcendance. Pour cela, nous devons savoir ce qu’est la conscience, constater qu’elle est sans doute la nature du Principe de création et voir comment la démarche initiatique peut nous élever vers lui.

          L’étymologie du mot conscience vient du latin « consciencia », connaissance partagée avec quelqu’un, claire connaissance qu’on a au fond de soi-même. Cela va donc bien au-delà du savoir et nécessite un vécu profond de ce qui est connu dans un partage qui ne peut guère se vivre seul ; c’est bien le sens de notre démarche communautaire. Il y a perception de ce qui est, du réel. Sur le plan animal et végétal, elle est la perception du monde environnant et, pour l’espèce humaine, s’y rajoute celle de son existence. Sur le plan initiatique, elle est une révélation de l’unité qu’elle projette sur l’être comme sur l’univers. Quant à la conscience universelle, elle se situe au niveau du Principe de création, présent en toute chose et environnant l’univers ; flux d’énergie, nous baignons dedans, généralement sans le savoir. Elle crée la vie à travers le Verbe, impulse la création permanente. Liant de l’Unité, nous la ressentons intuitivement car elle est inaccessible au mental, par des flashs, des instants de perception que l’initiation conduit à multiplier. Est-il alors possible de l’enrichir, de l’augmenter ? Ou bien s’agit-il, plus humblement, de la vivre plus intensément, de l’intégrer pour lui donner davantage de présence, d’ampleur dans notre conscience communautaire ? Peu importe en fait ; pour l’enrichir, il faut déjà en avoir conscience ce qui n’est possible pour la plupart des hommes qu’à travers une Communauté initiatique qui pratique une Règle issue du Principe et s’appuyant sur les trois états indissociables dans l’existence, que sont le corps, l’âme et l’esprit.

          Le Principe de création, dans l’incréé, se manifeste, crée. On peut le percevoir à travers son œuvre. Le divin peut révéler ce qui nous dépasse intellectuellement. Le Principe de création est conscience pure ; il est une pensée qui enveloppe le monde et qui peut se corporifier, se manifester par le Grand Architecte de l’Univers, pour ensuite retourner à son origine, enrichie. Les composants de l’univers vont des galaxies jusqu’aux organismes, cellules, atomes et particules qui tous ont, peut-être plus ou moins, une conscience. Teilhard de Chardin déclarait que dans chaque particule de matière siégeait une « psyché élémentaire », une conscience minime, et Thalès, au VIème siècle avant JC, édictait que toute chose aussi petite soit-elle était « pleine des dieux ». Aujourd’hui, la mécanique quantique affirme que des particules peuvent être intriquées et être ainsi reliées et communiquer instantanément quelle que soit leur éloignement (un changement d’état de l’une provoque le même changement sur l’autre). Ne pourrait-on alors supposer que chaque être humain n’est qu’une particule au sein du cosmos, qu’il participe à la grande danse de la vie, qu’il croise d’autre particules humaines, « s’intrique » avec elles sous forme d’une « mémoire biologique » si bien que des années plus tard, malgré un possible éloignement, elles continuent à adopter des postures communes, voire des synchronicités, et pourquoi pas, après la mort physique, par l’intermédiaire de nos composantes. Chaque élément de la création a une part de conscience et l’homme peut être un lieu où l’univers s’éveille. « L’Homme, comme l’atome, ne vaut que par la partie de lui-même qui passe dans l’Univers... La géologie nous rappelle les possibilités d’organisation toujours plus haute déposées dans la zone de pensée qui enveloppe le monde... la conscience a une extension cosmique, et, comme telle, s’auréole de prolongements spatiaux et temporels indéfinis... Une conscience toujours plus organisée de l’Univers passe de main en main ; et son éclat grandit » (Teilhard de Chardin). Maître Eckhart dit la même chose : « L’œil avec lequel je vois Dieu est l’œil avec lequel Dieu me voit. Mon œil et l’œil de Dieu sont un même œil, une même vision, une même connaissance, un même amour ». Le Principe donne en permanence sans compter en créant ; l’homme doit en faire autant en retour, mouvement complémentaire à l’immanence initiale, remontée de l’inspiration initiale transformée par la formulation, la concrétisation par l’œuvre communautaire. L’ouverture des consciences individuelle et communautaire par la connaissance des Nombres alimente le monde de l’Esprit, de l’incréé. S’il n’est guère possible de comprendre ce qu’il se passe, le devoir nous pousse à entendre le Verbe, à formuler en accord avec la Règle pour que l’œuvre s’accomplisse et agisse en retour vers le Principe.

         Cette transcendance (le moyen qui permet de franchir en montant) qui caractérise notre démarche, nous élève comme nous l’avons tous souhaité au départ, nous éveille avec et par nos Frères dans un travail intense qui nous approche de la perception du divin, du Un. Chaque individu est certes un être conscient mais qui est coupé de la réalité sacré de l’univers par son ego. Guidé par son intuition, il peut cependant désirer entrer dans le flux de conscience qui ouvre à la connaissance de la réalité divine. L’initiation le lui permet en brisant les pièges du mental qui le limitent ; il ouvre son cœur-conscience à la pensée du Grand Architecte de l’Univers et de la Veuve, à la pensée ternaire qui permet de formuler. De tout temps, des temples ont permis de rendre perceptible la conscience universelle qui reste éternellement vivante, de vivre dans ce flux d’énergie. La pratique rituelle en célèbre la puissance pour qu’elle résonne dans la matière, ici-bas. En nourrissant le temple par notre présence consciente, nos efforts comme le don désintéressé de nous-mêmes, il y a union de consciences qui en formule une nouvelle, celle de la Loge qui nourrit elle-même la conscience universelle. C’est en fait une fusée à trois étages qui caractérise cette transcendance ; elle nous élève vers le divin. Il s’agit bien sûr des trois grades de la démarche occidentale qui construisent et nourrissent. C’est déjà l’Apprenti qui devient Compagnon par son travail et son intégration à la Communauté initiatique ou le Compagnon qui, par la réalisation de son chef d’œuvre peut être élevé au sublime grade de Maître. Leur offrande transcende leur état de conscience comme leur état d’être. Ces trois étages sont mis en mouvement et balisent le parcours initiatique, chacun révélant un état de conscience. Dans cette fusée, le Frère est à la fois carburant et comburant et permet le renouvellement des énergies à tous niveaux.

         Cependant, ces trois étages de la fusée peuvent également être le corps, l’âme et l’esprit, chacun étant également triple. Le corps est dirigé par trois cerveaux, le primitif (hormones et phéromones), primaire (communication consciente) et intellect (pour exister et se projeter dans le futur). Naturellement de nature animale, il a des besoins de survie et de reproduction ; instinctif, son cerveau fonctionne de manière binaire (bien-mal...). Ce corps est le véhicule de l’âme et de notre part d’Esprit ; il est donc nécessaire de s’en préoccuper et de le traiter avec respect ; chercher une illumination par la souffrance ou la mortification ne donnent aucun résultat ou une vision faussée de la conscience universelle.

         L’âme est également triple : une partie tournée vers le corps, le cœur-conscience et une partie tournée vers l’esprit. Intermédiaire entre le corps et l’esprit, et malheureusement souvent confondue avec ce dernier, elle se situe entre la dualité du temps qui change et l’unité, l’éternité. Bien que manifestée, elle est impalpable, invisible mais encore individuelle tout en constituant un pont vers l’universel. Elle peut être rendue consciente par une démarche initiatique communautaire où s’exerce le don et l’amour ; les frères constituent l’équipage de la fusée qui permet d’accéder à la magie sacrée.

          L’esprit a une partie humaine, une partie archétypale et une partie transcendante. Il est notre parcelle de lumière, de la conscience universelle, de l’Esprit donc du Principe de création. L’Esprit se révèle en se manifestant sous la forme de conscience, depuis l’universel jusqu’au particularisme le plus infime. La démarche initiatique permet d’unir notre esprit à son origine ; on ne trouve l’Esprit qu’avec l’esprit. Il est donc la partie essentielle de l’être humain mais qui a besoin des autres parties pour être capable de servir l’Esprit.

         Si la fusée fonctionne bien, elle aboutit à la table du banquet où se reconstitue le seul véritable être transcendant : l’Homme Universel qui n’apparaît qu’au sein d’une Communauté initiatique qui a œuvré dans le Temple à la gloire du Grand Architecte de l’Univers.

 

         Une tenue ne s’achève pas dans le Temple couvert mais à la table du Banquet, car l’essentiel de la démarche est de nourrir la conscience universelle par l’offrande.

          Qu’est-ce que cette nourriture ? Quelle qu’elle soit, la nourriture est composée d’énergie, d’éléments constituants (molécules, oligoéléments, acides aminés indispensables...), le tout étant préparé (cuisson...) ; la nourrice est celle qui allaite, le lait étant l’aliment le plus adapté au démarrage de l’existence, donnant tout ce qui est nécessaire à la vie. La création est circulation permanente d’énergie et tout ce qui vit ne peut survivre sans se nourrir ni devenir à son tour nourriture. La mort est ainsi une nourriture pour autre chose ; elle peut secréter une naissance. C’est également le cas sur le plan spirituel puisque les tombes égyptiennes portaient des listes d’offrandes à lire à haute voix par les passants pour nourrir l’âme des morts. La nourriture apporte ainsi de l’énergie (foi, joie, enthousiasme...), des matières premières indispensables mais aussi des éléments transmutés, le tout étant préparé en justesse par le rituel et le travail selon la Règle. Les matières premières sont apportées par les trois grades initiatiques d’où la nécessité de faire vivre les trois Chambres (du Symbole, du Trait et du Milieu) ainsi que les tenues dans le Temple couvert où sont réunis les trois grades. Que nourrit-on par l’initiation ? Pas la société car elle s’en fiche. Les Frères ne cherchent pas à se nourrir, mais c’est le cas s’ils sont dans l’offrande ce qui est donc utile mais n’est pas le but ; dans le monde profane on se nourrit en prenant alors que dans le Temple on se nourrit par le don ; souvenons-nous du zodiaque brûlé lors du rituel d’initiation. Rappelons également ce qu’a dit Jésus à ses disciples : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre » ; et le « faites cela en mémoire de moi » signifie simplement de se donner soi-même en nourriture en souvenir de son propre don ; c’est l’équivalent du wou-wei du Tao ou du sûnyatâ bouddhiste. S’agit-il donc de la Communauté initiatique ? C’est nécessaire mais en tant que moyen pour qu’elle puisse nourrir la Conscience universelle ce qui est la seule chose qui importe. Il y a enrichissement graduel de conscience à conscience, du plus petit au plus grand, jusqu’à l’ensemble du cosmos tel que nous l’imaginons et ne le connaîtrons sans doute jamais.

          Cela passe donc par l’offrande. Qu’est-ce que l’offrande ? Ici encore, les hiéroglyphes sont éclairants. Cf. image ci-dessus. Ce mot signifie offrande, repas (et donc banquet), épreuve, rituels et même feu s’il y a un déterminatif différent. L’offrande passe par le banquet, le rituel, les épreuves initiatiques et bien sûr, le Feu. Mais concrètement, qu’offre-t-on ? La conscience qui est l’essentiel de l’être. Celle des Frères nourrit celle de la Communauté initiatique qui, à son tour, peut nourrir la conscience universelle. De même, « htp » (Hotep) signifie offrande mais aussi « être en paix », « être heureux » et bien d’autre chose encore, mais avant d’arriver à l’acte d’offrande, à cet état de plénitude, il faut œuvrer, il faut créer et cela passe par « ptH » (ptah), qui signifie « créer, faire » et qui est en rapport avec le démiurge « Pth » (Ptah) (à noter que les paupières qui battent comme les ailes et donc apportent l’air se nomment les « bras de l’œil »).

          Comme l’indique le rituel d’installation de la fonction de Maître de l’offrande (Hospitalier), cette dernière est à percevoir comme « le chemin du don qui affirme la qualité d’un amour qui s’exprime par notre sacrifice conscient au Principe créateur ». Autrement dit, passer du moi au Soi et travailler à la seule gloire du Grand Architecte de l’Univers. Et il est précisé dès le rituel d’Initiation que le don total de soi est la clef du parcours initiatique. Pourquoi est-ce si important ? Certes, sans nourriture, la vie s’interrompt, mais si l’offrande s’arrête, le divin s’éloigne. Le Grand Architecte de l’Univers se nourrit de nous si nous tentons de l’écouter ; il nous unit à lui si nous faisons offrande sans réserve, et cela nous transforme ; il nous mange et nous le mangeons dans une réciprocité parfaite. « Mais l’offrande doit se faire accepter et l’on ne saurait attendre de l’infini qu’il accepte moins qu’une totalité » (Qu’est-ce que le soufisme. Martin Lings).

         Pour agir concrètement, cette offrande passe par le Feu, celui de l’Esprit, qui prend différentes formes, notamment aux deux Saint Jean. Le Feu demande toujours à être nourri pour nous illuminer. Symbole de Sagesse, indissociable de l’Amour, il purifie la pensée en accord avec la Règle en débarrassant de tout ce qui éloigne du cœur des choses, du cœur de la vie. L’offrande est ainsi essentiellement communautaire et rituelle, ne se concrétisant qu’au travers des fonctions de création pour être dans un rapport d’harmonie avec le divin. Cela suppose de la part des Frères un détachement pour prendre une certaine distance avec l’individualité comme la matérialité, avec tout ce qui nous rattache au monde des apparences.

          Le métier d’initié se fonde sur l’obéissance à la Règle, la rectitude et l’offrande qui s’accomplit par un travail concrétisant une œuvre à partir du plan d’œuvre. Ce travail communautaire n’est cohérent que s’il harmonise la pensée, la parole et les actes qui ouvrent la conscience. La manière rituelle d’y parvenir consiste d’abord à attoucher le tronc des offrandes à la porte du Temple qu’on ne peut franchir sans y avoir déposer les métaux. Pendant la tenue principielle, les formulations des Frères nourrissent le Tableau de Loge. Le tronc recevra ensuite les travaux, les perceptions des Frères, à la condition que le trône de la Veuve ait été attouché auparavant pour valider l’expression de la conscience de chacun, pour reconnaître la régularité et la qualité des travaux : « Peut-être vos mains sont-elles couvertes de sang ou souillées par des présents dont vous n’avez pas su les décharger (donc avoir travaillé à fond et non vite fait la veille de la tenue. Il est nécessaire de vivre avec le sujet de travail en permanence entre deux tenues). Aussi feriez-vous bien, pour ne pas vous exposer à un refus, de remettre entre les mains très pures de Marie (d’où l’attouchement du trône de la Veuve), dignes du meilleur accueil, les pauvres offrandes qu’elle pourra transmettre à Dieu » (saint Bernard. Sermon pour la nativité de la Vierge). Les offrandes sont ainsi consacrées, sacralisées et transmutées, ce qui les rend digestes et intégrables dans l’œuvre en cours pour aller plus tard à la saint Jean d’Été par l’offrande au Feu des travaux de l’année. Tout cela suppose un travail inlassable, avec une assiduité sans faille, selon le plan d’Œuvre et les plans des chambres qui enrichissent le Trésor de la Loge.

          La vie dans son principe est, avec ou sans les hommes. Par contre, la conscience doit être nourrie sans cesse à tous niveaux. C’est bien par l’offrande que le rite, qui est un acte créateur, fait circuler l’énergie lumineuse dans toutes les sphères du cosmos et la restitue au divin, enrichie. La connaissance des paroles divines permet de façonner une œuvre où s’incarnent harmonieusement les puissances célestes. Jean Hani précise : « Le sacrifice, en tant que rite de la terre montant vers le ciel, c’est répondre au sacrifice divin dont le mouvement va du ciel à la terre, et de ramener ainsi toutes choses à leur principe divin. Le Christ a opéré ce retour parce que, Dieu-Homme, Homme archétype, Homme universel. »

         Selon les Nombres connus par les Frères, la capacité à donner n’est pas la même et prend différentes formes comme le précise le rituel du banquet :

    • « Que les Apprentis apprennent à diriger leur volonté et à ne pas gaspiller les richesses de la conscience ». Ils orientent leur action selon la Règle qu’ils apprennent à pratiquer au sein de la Communauté initiatique.

    • « Que les Compagnons ne se vantent pas de leur savoir et qu’ils recherchent la Pierre Cubique dans les formes les plus humbles de la vie ». Ils agissent pleinement selon la Règle, reconnaissent l’Esprit présent en chaque chose et font parler la forme par l’Orient et le Trait. Dans les Petits Mystères, le Frère doit se nourrir pour pouvoir nourrir.

    • « Que les Maîtres transmettent la nourriture telle qu’elle a été prononcée et qu’ils prennent soin de préserver le moment du banquet où l’Amour fraternel se révèle dans toute sa gloire ». Les Maîtres savent reconnaître la nourriture, le Verbe, pour le transmettre et faire vivre l’Amour. Ils sont des êtres de devoir et de transmission. Dans les Grands Mystères de la Maîtrise, il ne s’agit plus que de prononcer la formulation dans le Temple et d’aller au banquet.

         La tenue dans le Temple prépare le moment du banquet où tout se dévoile. Que partage-t-on au banquet ? Le pain et le vin, les deux principes de la nourriture, le comburant et le carburant nécessaires à la reconstitution des énergies. Ils ne viennent pas d’un artisan humain. Le pain naît de la table d’offrande ; c’est une création du Grand Architecte de l’Univers, fabriqué par le forgeron dans les entrailles de la terre. Si la tenue est ratée, le tronc des offrandes est vide et il n’y aura pas de pain ; d’ailleurs, le Couvreur ne laissera pas accéder à la table du banquet. Les grecs nommaient la nourriture divine ambroisie, aussi bien solide que liquide, aliment d’immortalité capable d’éveiller l’âme à l’Esprit incréé. Le pain est un aliment concret, perceptible par l’intelligence du cœur ; le vin est un aliment spirituel donnant l’intuition du divin.

 

         Le résultat de cette transcendance est que la conscience universelle rayonne.

          Ce rayonnement permet à la Magie de fonctionner et d’opérer dans le monde manifesté. La Magie est incarnée par le divin pour faire naître toutes les formes présentes dans la création. En Égypte ancienne, c’était le rôle d’Isis et de Thot. La première, puissance féminine par excellence, est en rapport avec la matrice qui engendre, la mandorle qui fait naître, la puissance nourricière qui allaite et donne la Force. De plus, elle éduque, fait croître les êtres et les rend capable de vivre l’Art Royal, de construire par amour de l’acte créateur, mais aussi de pratiquer le rite qui transmet la vie. L’offrande est l’alpha et l’oméga de l’Art Royal en suscitant la continuité de la création. Quant à Thot, il accompli par Magie le remembrement de l’Œil d’Horus. L’expression « Œil d’Horus », dans les textes les plus anciens, était synonyme d’offrande. Il est le protecteur de la puissance royale et aucune création n’est envisageable sans lui qui permet d’accomplir l’acte de voyance pour engendrer ce qui n’est pas encore. Cet « Œil Ouadjat », (irt-oudjat) « irt-wḏȝ », est l’Œil sain, complet, plein de vigueur, qui contient toutes les mesures, ainsi que les proportions harmoniques de l’univers que met en œuvre l’Art royal. Toutes ? Sauf une mesure que Thot apporte et met en place par Magie dans l’offrande (cf.annexe). Il existait un rite de « remplissage de l’Œil », par lequel tout ce qui est épars se trouve réuni. Le faucon Horus confie cet œil créateur à Pharaon afin que ce dernier ait un regard juste sur le monde et une vision exacte du réel, tant dans l’au-delà que dans l’ici-bas. Ainsi la création se poursuit-elle perpétuellement en harmonie par l’offrande. Identifié à cet œil, Pharaon accomplissant l’acte d’offrande, devient lui-même offrande, et la bonne circulation de l’énergie dans l’univers est assurée.

          Ce rayonnement par l’offrande apparaît aussi comme le moyen de lier le Ciel et la Terre ; la conscience communautaire et l’énergie développée dans le Temple se répercute dans l’univers, hors du temps. Cela mène à la joie spirituelle : « La joie de l’offrande est aussi innée à l’homme que la sexualité. Celui qui a perdu ce sens est un atrophié, un handicapé, un coupé de la meilleure partie de lui-même » (Frère Antoine. Une bouffée d’ermite). Les moments de communion et d’offrande brillent dans le cœur-conscience des Frères.

         C’est alors que l’art sacré prend toute sa dimension et peut transmettre. L’Œil évoqué ci-dessus est confié au Vénérable Maître d’une loge, au Maître d’œuvre d’un cathédrale, pour accomplir le couronnement de l’œuvre. Les cathédrales, les temples antiques, les textes sacrés..., en fait toutes les traces laissées par des communautés initiatiques, deviennent des nourritures à travers le temps pour ceux qui sont en recherche spirituelle. Tout ce qui a été pensé, formulé et réalisé selon une vraie Règle nourrit à la fois le divin et l’homme. Il s’agit toujours de faire rayonner à l’extérieur la Lumière qui naît dans le Temple par la magie des rituels. Certes, tout dépend de la réceptivité des hommes, de leur rencontre avec l’œuvre d’une manière consciente ou inconsciente, de la vision que chacun a. Par contre, ces œuvres portent toujours une harmonie qui les sacralise, qui propose d’élever la pensée, ce qui n’a rien à voir avec la technique pour la technique comme mettre le Nombre d’or à toutes les sauces.

 

         Puissions-nous réussir à allumer les trois étages de la fusée initiatique pour entrer dans le flux d’énergie de la conscience universelle, en alimentant le feu de l’Amour ; que la vie en paix soit possible à tous niveaux pour que la Connaissance vive. Que nos offrandes nourrissent le Grand Architecte de l’Univers qui nous a nourri dans le Temple. Ainsi la joie pourra s’exprimer.

Verbes intransitifs : être satisfait ; être heureux ; être indulgent envers ; pardonner à (quelquun) ; être en paix ; être pacifique (années) ; se calmer, sapaiser (ciel après la tempête) ; se reposer dans ; aller se reposer, se coucher (soleil) ; se coucher (soleil) ; aller au repos = mourir (personnes) ; être bien disposé envers.

Verbes transitifs : satisfaire, contenter ; pacifier, apaiser ; être en possession de (trône, héritage) ; reposer dans (tombe, salle) ; assumer (titulature).

 Hani, Jean. La divine liturgie (Théôria) (French Edition). Éditions LHarmattan. Édition du Kindle.

 En translittération de lécriture hiéroglyphique, irt signifie « œil » et wḏȝ désigne soit le verbe signifiant « se préserver » soit le nom « protection ». Irt Ouadjat, ou plus communément oudjat, en transcription signifient donc « œil préservé ».

En 1927, légyptologue Alan Henderson Gardiner a proposé que la somme des fractions composant lœil ne faisant que 63/64, le 1/64 manquant était le lien magique ajouté par Thot pour que lœil fonctionne.


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