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Chapitre 2 - Je pense donc je suis ou bien Je suis donc je pense ?

           La formule de DESCARTES introduit dans la forme de pensée une notion discursive et analytique de nature purement intellectuelle. Ceci conduit à considérer l’Homme divisible en parties distinctes et à formuler qu’il dépend de deux mondes, de deux cosmos différents sinon opposés, le matériel et le spirituel. C’est le type même de la pensée binaire.

      L’interprétation qui a été faite de cette proposition est en fait bien éloignée de la pensée profonde de DESCARTES qui ne concevait pas la vie possible en dehors du divin ; elle est aussi, de ce fait, bien éloignée aussi de la réalité.

      Si l’être humain comporte de multiples facettes, s’il est composé de chair et d’esprit, est-il possible de le concevoir comme une mécanique sans âme dont chaque pièce ou partie serait interchangeable et utilisable isolément ? LA FONTAINE avait déjà résolu le problème avec sa fable « Les Membres et l’estomac ». L’homme, en fait, est un tout indivisible et chaque partie matérielle, chaque cellule de son corps portent en elles une part de la pulsion divine qu’est la vie, ce que démontre l’étude scientifique mais en lui donnant le nom d’énergie. Il existe donc un lien indestructible entre le corporel et le spirituel, l’un ne pouvant exister sans l’autre au stade de la manifestation.

      Par contre, la conscience qu’a l’esprit de l’homme de la part respective de ses composantes intimes est variable selon les individus. Ce qui est vrai également, c’est que la partie sensible, matérielle de l’homme prend le pas au début de sa vie sur les aspirations de l’esprit à retourner à sa Cause ; et quelquefois cela dure jusqu’à la mort ! On ne peut donc dire qu’il y a deux mondes, deux cosmos différents en l’homme et qu’il faille abandonner l’un pour passer à l’autre. En fait, il y a des pulsions et des aspirations variables chez chacun. Cette dualité (car c’en est une) corps-esprit doit en réalité être résolue (résolution des contraires) afin qu’il y ait intégration mutuelle et que l’Harmonie originelle soit recréée en l’Homme. Ce qui soulève tout le problème du vécu et de l’auto-direction que l’homme doit s’appliquer à lui-même pour réaliser sa transmutation.

      Parmi les voies qui lui sont offertes et qu’il lui faut rechercher, se situe la voie initiatique. Celle-ci, s’appuyant sur la Tradition remontant à l’origine de l’homme, permet - par la pensée symbolique - de maintenir la permanence des voies menant au sacré et la réalisation individuelle du myste au sein de, et grâce à une Communauté vivant suivant la Règle, donc dans le respect des rites issus du mystère et des mythes (mythe solaire en ce qui nous concerne).

      Pour en revenir à la formulation objet de ce travail, la pensée de Descartes, sous une apparence indiscutable, semble à la réflexion, être entachée d’une certaine erreur. Déduisant, en effet, du fait qu’il pense, la réalité de son existence, il oublie un paramètre important qui est en fait un préalable : c’est qu’il est obligé de penser qu’il pense ! Et la pensée découle alors de l’existence, et non l’inverse.

      C’est bien parce que j’existe que je peux penser, et la première constatation que fait l’être humain avant de savoir s’il pense, c’est la constatation de sa propre réalité ; et cette réalité se concrétise par la perception de son Moi, de son Ego. Et la suite logique est qu’ayant conscience de sa réalité individuelle il a la faculté de penser. Maintenant, qu’il utilise cette faculté pour se confirmer qu’il existe, libre à lui, mais c’est du domaine du mental et non plus de la conscience innée, ni du spirituel pur.

      Nous venons de découvrir que la pensée, pour exister, a besoin de l’être. Il y a donc pré-existence de l’être sur la pensée.

      Mais la pensée, quelle est-elle ?

      C’est une faculté donnée à l’être vivant de prendre conscience de sa réalité, de son Moi, de son Ego et de tout ce qui l’entoure. Mais une pensée sans conscience est-elle (sans jeu de mots) pensable ? En fait, il semble que la pensée soit l’expression de la conscience, et l’être vivant s’identifie au monde par la conscience qu’il en a.

      Qu’est-ce donc que la conscience qui peut dire « Je pense » ?

      Etymologiquement, la conscience c’est la connaissance. Comme la connaissance, la conscience est universelle. Dans l’ordre du temps elle s’accroît selon la spirale de la connaissance ; plus la conscience universelle s’accroît, plus l’univers se structure et se complexifie. C’est bien ce que constatent les scientifiques. Mais le Principe créateur a déjà fait tout le futur et fait encore tout le passé. Il est dans l’éternité de la création. Il a été et est la connaissance, donc la conscience. Lui seul peut dire « Je pense ». Mais par amour de la création, il permet que la conscience apparaisse à certaines conditions dans l’Homme, ce qui a alors une extension et une résonnance cosmiques.

      Toutefois, lorsque l’on regarde les êtres vivants autres que l’Etre humain, on s’aperçoit qu’il doit y avoir des échelles, des degrés de conscience, que celle-ci semble la plus haute, la plus achevée chez l’Homme, pour descendre, devenir de plus en plus restreinte lorsque l’on passe du règne animal au règne végétal puis enfin au minéral. On peut donc dire qu’il y a une évolution : d’une conscience passive, statique (minéral/végétal) vers une conscience innée (chez les animaux) pour aboutir à une conscience raisonnée et formulable chez l’Etre humain. C’est cette faculté de raisonner qui permet à l’Homme de se rendre compte de la réalité de son existence et de pouvoir la discuter (ce qui n’est pas forcément toujours la meilleure des choses, mais n’est-ce pas là où réside sa liberté ?).

      L’Homme est donc dans l’Univers le seul à être doté d’une pensée consciente, raisonnante et formulable. Ce qui semble dire qu’il est le seul capable de discuter son origine, sa destinée ainsi que la raison de son existence.

      C’est bien parce qu’il existe qu’il peut penser et en retour, c’est cette faculté de penser qui va lui révéler ce qu’est la conscience, laquelle va lui permettre de concevoir ce qu’est la réalité profonde, intrinsèque, divine de son être et, par l’élévation progressive de cette conscience, ou son illumination (voie brève / voie longue), de remonter à sa source, à la Cause des causes, au Principe, que nous nommons Grand Architecte de l’Univers.

      C’est de la purification de cette conscience que l’Homme comprendra ce qu’est l’être qui peut dire « Je suis ». Partant de la réalité de son être personnel tangible, sensible, il pourra concevoir par la magie de son esprit mis en éveil, que l’être est du domaine du Principe, donc du Un. Au début de la quête ceci est loin d’être une certitude ; mais le fait de penser - de penser juste - rehausse l’homme au point de pouvoir être. Il s’agit-là d’un combat qui ne se gagne que par l’effort et la persévérance.

      A noter au passage que l’action de penser implique la réflexion et la comparaison, autrement dit la nécessité de « peser ». Cela nous ramène à cette notion de justesse évoquée plus haut, sorte de plénitude qui nous permet de vivre en harmonie, donc d’être.

      Mais alors, comment cela se formule-t-il ?

      Maitre Eckhart nous répond : « Les gens ne devraient pas tant réfléchir à ce qu’ils ont à faire ; ils devraient plutôt songer à ce qu’ils pourraient être ». C’est-à-dire prendre conscience pour « être », et non penser pour « faire ». L’action, qui est avant tout formulation pour l’homme, ne vient qu’ensuite.

      On peut donc dire que le premier devoir pour l’initié est de prendre conscience de lui-même. Cette étape initiale est si importante qu’elle éclate au visage du profane, futur initié, qui est plongé dans les affres de la crypte (cabinet de réflexion), par l’inscription bien visible V.I.T.R.I.O.L. C’est si important pour la voie initiatique que la même injonction figure, en plein soleil cette fois, au fronton du Temple de Delphes : « Connais-toi Toi-même et tu connaitras le Monde ».

      On peut en constater la réalité dans nos sphères initiatiques, tant dans les aspects positifs que négatifs. Plus la conscience d’un initié s’éveille, plus elle se rapproche de l’être communautaire et donc de l’Etre. Inversement, plus il refuse de soumettre son Moi à la réalité de la Règle, moins il se libère et plus il s’enfonce dans le chaos.

      Ainsi, Etre et Conscience sont intimement liés, inséparables même. Parce qu’il, « est », l’homme « pense » en conscience, et seul l’enrichissement volontaire de sa conscience lui permet d’entrevoir qu’il y a un « Absolu » à l’origine de toute chose.

      Cet absolu doit correspondre à la conscience parfaite, universelle, au Principe. Nous pouvons l’appeler Conscience Cosmique. C’est d’elle que nous procédons et notre conscience individuelle est alors à l’image de cette conscience cosmique. Nous en portons donc une parcelle en nous, non pas une fragmentation parcellaire, mais une partie porteuse du tout dans son essence. Sinon, nous ne serions plus à l’image de Dieu !

      Malheureusement, nous avons succombé au mirage de la pomme et sommes devenus porteurs du péché originel : autrement dit, émanés du Principe par Sa Cause Immanente, nous avons vécu la manifestation et perdu la Parole.

      Mais n’est-ce pas le propre de l’homme - sa véritable liberté ? - de pouvoir retourner à sa Cause et de faire coïncider sa conscience personnelle avec la Conscience Cosmique ou Divine ?

      C’est alors que l’initié arrivé à ce stade ultime de la Connaissance, ayant connu l’Astrologie et la Magie et réalisé l’Alchimie, n’aura plus à se poser de questions sur le sens de la formule de Descartes, mais pourra affirmer en esprit et en vérité :

      « JE SUIS CELUI QUI SUIS »


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