Omniprésente dans le temple, il en existe différents types.
Il y a celle qui fait partie des trois Grandes Lumières sur l’autel des serments. Comme telle, cette équerre ne peut servir à l’homme ; elle n’est pas ancrée dans la manifestation. Indissociable des deux autres lumières, elle est la rectitude qui permet de dresser le temple en harmonie, selon une perception qui évolue avec les grades.
L’équerre dynamique est celle du bijou du Vénérable Maître. Ses proportions sont celles du triangle de Pythagore 3-4-5. Elle porte en elle le secret de l’Harmonie et révèle au Vénérable Maître les rapports d’Harmonie permettant la conciliation des contraires. Elle correspond à la coudée ou avant-bras qui donne la mesure de base de toute construction sacrée. Cette équerre-coudée possède en réalité un double angle droit (cf Villard de Honecourt) et donc un angle secret.
Le Vénérable Maître, médiateur entre le ciel et la terre, dirige la création permanente dans le temple. Son bijou permet de tracer le premier angle droit du carré de la genèse. Tel est ainsi le premier outil de création, le premier moteur de l'initiation, recouvrant donc les deux autres lumières quand les travaux sont ouverts à tous les grades.
Il faut également signaler l’équerre formée par la canne du Maître des Démarches et l’épée de l’Expert au-dessus de l’autel des serments à la fin de l’ouverture des travaux ou au-dessus du récipiendaire pendant le serment. A l’angle apparaît une lumière de création venant du regard du Vénérable Maître et qui descend par les branches. Elle manifeste les forces de création. Dès lors, le nouveau frère est apte à vivre selon le compas et l’équerre.
Il existe enfin une équerre à branches égales. Elle est à la disposition du Compagnon pour exprimer la création selon le plan des Maîtres. Son nom vient du latin « exquadra », qui signifie « tailler en forme de carré ». Le carré est en effet formé de quatre équerres. Il y a donc un lien net avec la Pierre Cubique. C’est un outil de construction pour mettre la Pierre en rapport avec sa destination et lui donner une forme harmonieuse.
Au-delà du carré, on peut aussi assembler ces quatre angles droits en svastika ; cela donne le mouvement. L’équerre se manipule. Par sa dynamique, elle est le symbole du secret de la connaissance que l’œuvrant ne peut acquérir que par cette manipulation qui exige du métier. Son animation est le verbe qui anime la main et met toute chose en mouvement.
Concrètement, à quoi peut servir cet outil ?
Il est composé de deux branches fixes se réunissant au sommet d’un angle droit, représentant ainsi la partie intangible de l’initiation, contrairement au compas. Conceptuellement, il est symbole de droiture et un moyen de transmission des tracés, mais aussi d’en vérifier la rectitude. Il permet de rectifier l’ouvrage accompli. Il donne le juste équilibre dans l’agencement de la création. Il délimite un plan pour ensuite passer au volume. On peut remarquer qu’en fixant au sol l’angle de l’équerre et en la faisant tourner, on obtient la verticale ; l’édifice dressé par elle sera stable. Elle crée une jonction entre deux plans, permettant au Vénérable Maître d’unir tous les éléments assemblés par les frères.
Le compas et l’équerre, entre les mains du Maître, permettent de tracer l’épure pour manifester les lois de la création. Alors le niveau permet de manifester ces lois et de les rendre perceptibles à tous. En effet, une équerre assemblée avec un fil à plomb donne le niveau. Sur le plan dynamique, cet outil est donc ce qui permet de passer de la perpendiculaire au niveau, donc du grade d’Apprenti au grade de Compagnon. Elle unit le plan horizontal et le plan vertical, comme sur la croix.
L’équerre est ainsi un mode d’expression permanent des initiés. La disposition des pieds lors de la marche et le signe d'ordre, à tous les grades, l’utilisent, montrant que le travail en rectitude s’impose à tous.