Il est à la fois le guide du grade de Compagnon, et une sorte d’aboutissement de ce grade.
Guide, car dès son passage au second degré, l’initié doit proposer au frère Premier Surveillant un sujet que celui-ci acceptera ou non, pour qu’à travers ce sujet, le Compagnon réalise et vive son grade.
Aboutissement, dans le sens où le Chef-d’œuvre, travaillé sans cesse, et présenté plusieurs fois à la Chambre du Milieu, attestera de l’état de Compagnon fini, et montrera que le frère, ayant perçu les petits mystères, est apte à être élevé à la Maîtrise. Pour être réussi il ne doit pas être un travail individuel ; il se vit communautairement, au contact des Maîtres.
Le Chef-d’œuvre, qui demande donc plusieurs années, prend de multiples facettes, par des approches diverses. Il est en fait le voyage opératif du Compagnon.
Dans les confréries basées sur le travail manuel, il consiste en une réalisation matérielle.
Dans les démarches à la fois spéculatives et opératives, la forme peut être autre, mais le concept demeure. Il peut souvent être un travail écrit mais vécu, par une ou plusieurs formulations symboliques et innovantes. Ceci n’est pas plus facile que la forme manuelle, le garde-fou de la matière mal travaillée n’étant pas là pour avertir l’ouvrier de ses erreurs. Les pièges du mental et de l’intellectualisation le guettent.
Toute création commence par le haut, par le concept. Le Chef-d’œuvre doit être création pure, et répondre à une perception spirituelle de la réalité, dont l’accomplissement concret portera témoignage.
Il y a là alors une harmonie et une complémentarité totales entre le cerveau qui conçoit et la main capable de mettre en forme. Si la conception n’est pas harmonieuse, l’œuvre ne le sera pas non plus et révélera l’immaturité spirituelle de l’œuvrant.
Elle doit être l’exact reflet de la personnalité du Compagnon et de sa connaissance des Nombres. Elle s’avère être toujours en cohérence avec la façon de se comporter dans la vie de tous les jours, révélant une évolution, une stagnation, ou au pire, une involution.
Le Chef-d’œuvre à réaliser, n’est autre en fait, que soi-même. Il témoigne que le cœur devenu conscience vraie et tout amour, prédomine sur le cerveau.