Etymologiquement, la géométrie est la mesure de la terre.
Elle est donc la science liée à la terre, et, étant de la même essence que l’homme, elle est à sa portée, à la mesure de sa compréhension.
Initiatiquement parlant, il s’agit de comprendre l’enchaînement des causes et des effets qui construisent le monde.
La Pierre Cubique en est un très bel exemple. Les cinq polyèdres réguliers qui la composent, appelés aussi corps platoniciens, se développent les uns par rapport aux autres, se déduisent les uns des autres, dans un ordonnancement géométrique parfait. On pénètre ainsi au cœur de la terre symbolisée par le cube. A chaque polyèdre correspond un des quatre éléments : Feu, Terre, Eau, Air, dont l’action et l’interpénétration amènent à la quintessence ; l’étoile flamboyante en est l’une des clefs.
En tant que science du Compagnon, opérative par excellence, elle est capable de donner à l’homme l’élan vital qui va le conduire sur la voie de la Connaissance jusqu’au bout des Petits Mystères, jusqu’à la porte de la Maîtrise.
L’Apprenti a appris que la vie est basée sur les liens avec l’Univers.
Pour le Compagnon, la vie est géométrique. Il ne s’agit donc pas d’une finalité, mais d’un passage obligé pour entrer dans le monde des causes, pour avoir une capacité juste de mesure de la terre sacrée, pour expérimenter, et ainsi passer de la parole au Verbe.
L’univers est cohérent ; il obéit à une Règle universelle qui s’appréhende par l’Astrologie et la Magie. Elle se vit par la géométrie sacrée qui révèle les rapports éternels, les lois qui structurent l’architecture de l’univers.
Les tracés permettent de retrouver les concepts ainsi que les principes qui les relient entre eux. En effet, le Principe créateur se trouve dans cette science qui donne donc accès à une pensée pure, incapable de trahir l’Esprit. Celui-ci est géométrique, non humain, indépendant des déformations que l’homme met dans la création.
Cette science permet de remplacer la pensée individuelle et dualisante par une pensée abstraite donnant accès au concept.
La clef est donc de se « géométriser » plus que de faire des calculs, pour se débarrasser de l’affectif et des réactions.
Ainsi s’acquiert une pensée sans image, donc sans fantasme humain.
En initiation, elle est indispensable à connaître, mais il n’est pas nécessaire d’être mathématicien pour la pratiquer. La création résultant d’une loi d’harmonie, tout y est rapport qualitatif ; le quantitatif n’y a que peu de raison d’être.
Un raisonnement discursif et rationnel ne permet pas de pénétrer ce mode de connaissance. La pensée binaire doit céder la place à la pensée ternaire. L’intuition est développée afin de nourrir le cœur conscience, centre de la perception connaissante.
La géométrie donne la technique de construction du Temple, quel qu’il soit.
Le seul outil réellement utile pour pratiquer cette science est la corde d’arpentage, ou corde à treize nœuds et douze espaces, qui autorise tout tracé.