Il s’agit de la même chose que le saint des saints des églises ou le naos des temples anciens.
Dans le temple, si le tableau de loge est le centre de l’espace de manifestation où circulent les frères, l’axe d’organisation des énergies, l’autel est le cœur de l’espace de création ou Orient, la source rayonnante de l’énergie de l’origine.
Il est la Pierre Fondamentale qui fait naître le temple entier et représente le tertre primitif qui jaillit de l’océan primordial incréé au début de la création. La construction des églises commence toujours par-là, par ce point de communication entre l’homme et le divin. Il incarne, bien visible, le Mystère qui n’est donc pas éthéré.
Il ne devrait pas y avoir de table devant le Vénérable Maître, mais juste l’autel portant les trois Grandes Lumières. Il se situe au sommet des trois marches comme dans toutes les églises, véritable moyen de s’élever vers le ciel. Complètement à l’Orient, il est entouré des Pierres Brute et Cubique.
Il a la forme du cube parfait (cf. exode 27,1). Mieux, la création commence par un double cube, de la même manière que tout tracé commence par le double carré de la genèse. Ces deux cubes sont le naos et le trône du Vénérable Maître.
L’autel est un lieu de réception qui fonctionne doublement.
Dans son aspect immanent, il concentre et rayonne le sacré. Il est indissociable des trois Grandes Lumières qu’il porte et qui formulent la présence divine. Il la diffuse. C’est en fait la porte du ciel qui permet au Principe de venir dans le ciel terrestre. Là communient le haut et le bas. Là on entre en contact avec le divin. « Le créateur s’est bâti une chapelle derrière l’humanité » dit l’enseignement à Merikare (Egypte ancienne).
Le saint des saints est un lieu de lumière au-dessus duquel la canne et l’épée forment équerre à certaines occasions ; alors le regard du Vénérable Maître transmet une énergie de création à l’angle, et celle-ci descend par les deux branches de l’équerre pour animer le feu du foyer qu’est l’autel. Celui-ci est le foyer de l’athanor communautaire, qui est réactivé à chaque tenue. Il est la crypte-cabinet de réflexion dans son aspect manifesté, celle-ci étant le foyer de l’athanor du temple.
On comprend ainsi pourquoi seul un Passé Maître peut venir assembler en justesse les Grandes Lumières par un rite d’éveil du divin, de réactivation d’une communication avec l’ineffable, pour ensuite les désassembler.
Dans son aspect transcendant, le naos est un point de rassemblement. Il reçoit les serments, les dons des frères, les intentions les plus pures. Cette pierre levée est l’aboutissement de toutes les offrandes apportées dans le temple. Nul ne peut se présenter dans l’enceinte sacrée les mains vides. La transmutation des métaux s’y effectue. Il est la table d’offrande, l’autel sacrificiel dans lequel est plongée la main de celui qui prête serment, dans un don total de soi. « Sacrificare » signifie rendre sacré. Le serment scelle une démarche volontaire et place l’autel au centre de l’existence, pour toutes les pensées, paroles, et actions qui doivent être dignes d’être d’apportées en oblation. Il devient axe de cohérence et point d’harmonie.