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Blanc

         C’est une des trois couleurs fondamentales de la tradition qui indiquent les phases de l’œuvre. Comme il est dit dans la « Tourbe des philosophes » : « Voyez noir, voyez blanc, voyez rouge, c’est tout ».

            Dans sa nature le blanc peut être vu de deux manières.

         Il est symbole de lumière car il rassemble toutes les couleurs comme le montre un disque portant des parts de chacune et tournant à grande vitesse. A l’inverse, la lumière solaire traversant un prisme révèle toutes les composantes de l’arc-en-ciel. Les sept teintes se fondent et l’espace cesse d’exister. Nous avons là l’unité, l’absolu, qui ne se compare pas aux autres couleurs. Voilà donc la pureté de la lumière éternelle, avant toute manifestation et c’est ce qu’évoque l’Immaculée Conception. Le Verbe est la blancheur de la vie éternelle.

         Par contre, dans le monde créé, la lumière divine ou soleil est jaune d’or ; le blanc est une couleur parmi d’autres et se confond avec l’argent et la lune. Il se cache sous le noir, que l’on doit donc éclaircir. Il compose, en parts égales avec le noir (ou le rouge), le pavé mosaïque, symbolisant ainsi la dualité voulue par le principe, le combat éternel des deux polarités qui font le monde manifesté. De cette opposition, source de vie, naît la fusion par la force de l’Amour. La résolution des contraires génère la sagesse et la connaissance.

         Alors surgit le ternaire. Le blanc est intermédiaire entre le rouge et le noir et s’oppose à eux, conformément à l’héraldique. Le cygne immaculé est le symbole qui désigne l’œuvre au blanc, phase de dissolution qui suit la putréfaction. Autrement dit, la matière de l’œuvre est éclaircie. Elle est le livre de la nature qu’il faut ouvrir. Elle est la pierre pesante et brillante comme pur argent, signe indiscutable de l’harmonie entre les quatre éléments, de leur puissante union ; c’est la Pierre Cubique immaculée qui recèle toutes les lois de la manifestation. Cet aspect lunaire est le même qui compose le terreau pur sur lequel on trace le tableau de loge. Les symboles de la création y sont écrits afin de manifester le lieu où la lumière naît d’elle-même. Cela permet de voir la manifestation de la beauté et de la gloire de l’immortalité. La lune est le but final de cette phase de l’œuvre et la période de transition vers l’œuvre au rouge. A ce moment, la matière est pourvue d’un certain degré de fixité et de sécheresse, signes qui assurent l’achèvement des Petits Mystères.

            Venons-en à l’homme. Il doit tenter, dans ses actions, ses préoccupations et ses désirs, d’avoir la teinte du lis immaculé. Sa conscience doit être éclaircie, lavée de toute souillure. C’est avant tout l’intention qui donne la couleur de nos actes. Il sera un homme blanc s’il se consacre au divin, à la pureté, à la lumière. Tel est l’être qui sort de l’épreuve de la Terre, de la crypte. Il est déconditionné de ses pulsions instinctives, de ses idéologies, de toutes les barrières qui le séparaient du sacré. Il revient à une virginité spirituelle porteuse de toutes les potentialités de celui qui vient de naître à la lumière. L’initié est donc revêtu d’un tablier de peau immaculée. Cette couleur est celle du Pape, représentant de Dieu sur terre dans la religion catholique. Elle est aussi celle de la royauté, avant tout céleste et en esprit par la pratique de l’Art royal.

         Mais là encore cette teinte est double ; elle est à la fois celle de la gloire et de la puissance du divin, et celle de la destruction du monde terrestre et du linceul de la mort qui ne devrait jamais être noir. Autrement dit, dans le monde manifesté, nous avons là l’univers de la pureté, de la chasteté, de l’espérance, de l’éternité, de la justesse, de la candeur, de la noblesse, de la virginité. Au moyen âge, un chevalier blanc est un ami indéfectible du héros. Mais ce peut être aussi l’aspect de la mort, de l’ambiguïté, du désespoir. En effet, traditionnellement, le deuil se porte en blanc et ce n’est qu’à partir d’Anne de Bretagne, fin du 15ème siècle, que le noir s’est substitué dans cette signification, signant le début d’une ère de décadence où le symbole n’a plus sa place centrale dans la société.

            Tout ceci montre qu’un initié dans le temple devrait être revêtu de blanc et non d’une tenue sombre comme le recommande la franc-maçonnerie. Il est un homme de la couleur de l’origine, pur et sans tache, comme la pierre. Les symboles rituels sont nombreux à être ainsi : sandale de l’impétrant, linge pour essuyer les mains après la purification par l’Eau, tablier (même pour le Maître où il se rajoute du rouge et de l’or), tableau de loge, linceul de résurrection, nappe et serviettes pour le banquet…


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