Le mot latin « tradere », veut dire « transmettre, livrer ».
On peut considérer deux aspects à la tradition, exotérique et ésotérique. Exotérique ; c’est l’héritage historique, le folklore, les us et coutumes. Esotérique ; c’est la mémoire des voies qui ont mené à la Connaissance et qui permet de les retrouver dans le temps présent. C’est dans ce sens que se transmettent les mystères, les rites, les rituels et la règle. Tous ces éléments sont les fondements éternels et incontournables de l’ésotérisme.
La tradition rassemble la connaissance des lois causales de création.
Il existe une Tradition Universelle, commune à tous les hommes de tout lieu et de tout temps. Cependant elle réside dans l’incréé et est de ce fait quasi inaccessible. Non manifestée, elle ne peut se vivre ici bas. On ne peut que vivre une tradition particulière, dont l’esprit est la sagesse incréée.
Certaines sont orales ; bien qu’avancées dans la connaissance, elles ont été altérées au fil des générations par une érosion progressive dans la mémoire humaine. D’autres relèvent d’un livre. Elles ont fixé une fois pour toute leur révélation. Ceci leur a donné une forme dogmatique. Il convient donc de les approcher avec prudence.
En occident, nous avons une tradition de bâtisseurs, qui remonte à l’Egypte ancienne, d’où l’importance du symbolisme de la pierre et des outils. L’objet est d’y bâtir le Temple, la demeure du Grand Architecte de l’Univers, visible de tous, dans une formulation sans cesse renouvelée. Elle n’est pas forcément meilleure qu’une autre, mais c’est la nôtre, bien adaptée à l’occident, et capable de donner accès aux plus hautes réalités. C’est une voie parmi d’autres, mais c’est un vrai chemin de sagesse.
Elle est caractérisée par une filiation spirituelle et intemporelle qui est issue des « Initiés Passés à l’Orient Eternel, mais toujours présents parmi nous ». Ces initiés sont aussi ces fameux « supérieurs inconnus », car leur haute perception des lois de la création n’avait d’égal que leur immense humilité. Ce sont eux qui nous ont légué tous ces témoignages de pierre, à l’architecture si parfaite qu’elle défie le temps. Ce sont ainsi des livres de connaissance, ouverts à ceux qui savent lire entre les lignes, c’est-à-dire déduire de la forme et de la manifestation l’idée créatrice émanée du Principe.
Aucun être isolé ne peut détenir une tradition. Celle-ci est la vie, le support de l’esprit, la substance même d’une communauté. En tant qu’êtres humains, nous ne faisons que passer dans le temps. Mais la communauté crée une relation immuable avec l’incréé, avec le Principe de création. Les frères consacrent l’essentiel de leur énergie à rechercher cet invariant qu’est la tradition. Elle est incarnée dans le temps grâce aux initiés, mais elle n’est pas de ce monde.
La communauté perpétue l’harmonie de l’œuvre accomplie par la force de la tradition. Symboliquement, le Passé Maître incarne la tradition dans son principe, dans son aspect invisible. Il accueille donc à l’Orient le Vénérable Maître qui entre dans le Temple. Le Vénérable Maître l’incarne dans son aspect visible, comme intermédiaire entre le Créateur et les frères.
Elle est un outil incomparable qui permet aux communautés modernes d’avoir un référentiel sûr pour remonter au concept et formuler la règle en fonction de l’ici et du maintenant.