Voilà un des fondements de la démarche initiatique. Pour le profane, le temps est linéaire, allant d’un début à une fin, avec un passé, un présent et un avenir. Pour l’initié, le temps est cyclique. Là est le moyen de résoudre le temps, de stopper le monde. Il travaille à l’origine des temps, dans l’éternité, grâce à une série de cycles.
Il y a celui des jours avec un travail de la première à la douzième heure du jour, suivi d’un repos pendant la nuit (de midi à minuit pour certains), celui des mois, celui des années qui vont d’une Saint Jean à l’autre en suivant le rythme des solstices et des équinoxes, celui du roi (ou du Vénérable Maître) le temps repartant à zéro avec chaque nouveau règne, celui des ères (nous entrons dans l’ère du verseau. Chaque ère se caractérise par de nouvelles formes de spiritualité).
Toute chose manifestée suit un cycle allant de la naissance à la mort, celle-ci portant en elle la conception de la future naissance. Il y a alternance d’ordre et de désordre. Tout commence par la nuit où le soleil se régénère, abandonnant le monde pour mieux le faire renaître. Le désordre, certes dangereux, est porteur de l’énergie qui va réapparaître. Chaque début répète l’acte de la création car c’est le commencement du temps. Il constitue un nouveau départ où tout est possible. A chaque fois est offert une nouvelle chance de remplir au mieux la création. Tout rite est fondé sur ce phénomène.
En fait, un cycle rituel n’est vital que s’il est stabilisé par les symboles, notamment par l’axe immuable de l’univers donné par le fil à plomb, ou par le pilier qui soutient le temple et qu’il faut savoir redresser en temps voulu. L’éternité n’est accessible à l’homme que par deux aspects indissociables, celle des cycles toujours renouvelés et celle des symboles. Le rite les réunit. C’est pourquoi il n’y a pas d’initiation sans rituel, quoi qu’en pensent les mystiques.
On peut noter que la conscience de l’espèce humaine évolue cycliquement et non linéairement, dans une alternance entre la spiritualité et le matérialisme, l’un l’emportant sur l’autre suivant les époques. Le monde actuel ne croit qu’au progrès matériel et fonde toutes ses valeurs sur l’économie ; mais il laissera un jour la place à une nouvelle période de spiritualité féconde et donc à une nouvelle civilisation.