Le viatique fait dire à l’Apprenti, quand on lui demande le Mot sacré : « Je ne sais ni lire ni écrire, je ne puis qu’épeler. Donnez-moi la première formulation de la création, je vous donnerai la suivante ».
Cette réponse peut se comprendre à deux niveaux.
D’une part, le Mot sacré étant une expression du divin, on ne peut que l’épeler. On ne peut formuler seul sans risque de trahison. Par contre, avec un frère, épeler permet de vivre en communion la langue sacrée. Cela reste vrai aux trois grades.
Mais d’autre part, il apparaît qu’il est indispensable de formuler le Verbe pour que la conscience s’éveille. Il est alors incontournable de savoir lire et écrire le langage des symboles. Toutes les grandes œuvres de l’humanité s’appuient sur cet art : livres sacrés comme la Bible ou le Texte des Pyramides, cathédrales ou temples égyptiens.
Ainsi est-il enseigné à l’Apprenti à lire et écrire. Quand il le peut, il est en capacité de passer au grade de Compagnon pour s’entraîner à la grammaire qui est l’art du Verbe, et à la dialectique qui est l’intelligence du cœur pour concilier les contraires. Mais seul le Maître accède à la rhétorique ou art de la Tradition, qui permet de formuler les concepts.
En hiéroglyphes, lire signifie aussi « nourrir au sein », « éduquer » et « creuser ». Il y a donc là une nourriture essentielle qu’il ne faut jamais interrompre. Le travail et l’étude sont vitaux. Lire consiste à faire silence et à percevoir le secret enclos dans l’œuvre travaillée et communier avec le créateur de l’œuvre, recréer la vibration qui en est à la source. C’est un acte de l’œil, pour créer, prolonger le livre et aller au-delà. Cependant, la seule lecture essentielle est celle du Livre de la Vie, qui n’est ni la Bible ni un autre texte révélé, mais la Règle qui dirige la nature.
Il faut aller lire dans l’invisible pour écrire dans le visible et rendre accessible à ses frères ce que l’on a su percevoir, rendre perceptible l’abstrait. Telle est la clef de la transmission. En effet, ce qui ne peut se dire est incommunicable mais peut se lire et s’écrire par le partage du secret. Ainsi se formule ce qui n’existe pas encore. Ecrire, c’est relier des lettres, les symboles, l’alphabet de la création, les assembler pour former des mots, puis les faire vivre en formant des phrases qui expriment le concept. En fait, la seule vraie écriture est celle de la Connaissance.