Il n’a rien à voir avec celui des chimistes modernes.
Le Soufre secret, qu’évoquent depuis longtemps les alchimistes et qui se trouve dans la crypte avec le Sel et le Mercure, est le feu spirituel. Il est caché dans le signe astrologique du Bélier, prêt à se réveiller au printemps pour générer toute croissance. Il est l’énergie constructive de tout être, l’ardeur interne expansive, déterminant le développement du sperme, la croissance et le complet épanouissement de l’être.
On comprend donc que déjà le Livre de Cratès disait que les opérations des philosophes peuvent se réduire à une seule, et que la meilleure est celle qui retient le Soufre et fait rougir. Car c’est de lui que naît la couleur rouge, phase ultime de l’œuvre alchimique.
Ce feu spirituel explique ses propriétés siccatives, coagulantes, fixatives, principe de toute sécheresse. Il est très robuste et combat contre le feu qu’il contient et où il est contenu.
Il est indissociable du Mercure, car les deux sont les principes générateurs des métaux et ils ne furent, à l’origine, qu’une seule et même matière. Le Soufre, principe masculin actif, vient de l’Occident et interagit avec le Mercure, principe féminin passif, qui vient de l’Orient ; ils génèrent la pierre (sel). Tous les métaux sont composés de Soufre et de Mercure. La pierre est formée des mêmes principes mais ne donne pas un métal. Ils sont les parents de la pierre mais ne peuvent se confondre avec elle. Le Soufre absorbe une quantité déterminée et proportionnelle de Mercure. Le deuxième doit être vaincu par le premier pour engendrer le Mercure philosophique ou Sel de la Sagesse et qui peut devenir le grand Elixir.
Tout l’Art se résume à découvrir la semence ou Soufre ou noyau métallique, à la jeter dans une terre spécifique ou mercure, puis à les soumettre au feu. Les deux différent peu puisque le Soufre tire son origine du Mercure, ou le premier du second ; le Mercure a engendré le Soufre, mais le deuxième a purifié le premier.
Michel Maïer rapporte le dialogue suivant. Euthicia demande à leur sujet : « D’où vient sa couleur ? », Rosinus répond : « De son amertume très intense ». Et elle : « D’où viennent son amertume et son intensité ? », il répond : « De l’impureté de son métal ». Et elle : « Sa couleur rouge ne paraît-elle jamais à la surface ? » ; Il répond : « Si ». Et elle : « N’est-il jamais plus chaud que le feu ? ». Il répond : « Le feu est, par rapport à lui, comme l’eau est par rapport au feu ». Et elle : « Est-il plus fort que le feu ? ». Il répond : « Non ». Et elle : « Pourquoi affirmes-tu donc qu’il est plus fort que le feu ? ». Il répond : « Parce que s’il rencontre des feux en face de lui, l’un mange l’autre ». Il est donc évident que l’un devient l’aliment et la nourriture de l’autre et que l’un croît dans la même proportion que l’autre décroît, jusqu’à ce que celui qui s’accroît l’emporte et que le dragon ait dévoré le serpent.
Le feu secret est donc bien d’essence métallique et d’origine sulfureuse. Et l’on dit que le diable est sulfureux car il est l’image de la grossièreté matérielle opposée à la spiritualité ; il est le symbole de la première substance minérale telle qu’on la trouve dans la mine, et sur laquelle toute l’œuvre est édifiée.