Elle est rituellement pratiquée chaque fois que deux frères se retrouvent ou lorsqu’une fonction est transmise. Elle est tout à la fois un signe de reconnaissance et un moyen de transmission. Plus que le besoin de partager, elle exprime une communion au nom de la loge tout entière.
L’accolade est un mode d’expression communautaire et porte un message de paix. Par une triple tape sur l’épaule gauche et un triple baiser entre deux initiés, elle est la réunion du Deux et du Trois, manifestant ainsi le mystère du Trois en Un.
Tout se transmet par le Trois, à tous les grades. L’accolade, rythmée par la ternarité, est une véritable évocation communautaire de la Sagesse, de la Force et de l’Harmonie :
* Selon la Sagesse, elle est l’illumination d’un frère par un autre. Elle reconstitue l’être et lui permet de remplir les fonctions qui lui ont été attribuées. Les coups sont un éveil à la lumière, une secousse qu’il faut maîtriser.
Une des toutes premières accolades est celle du Vénérable Maître avec le nouvel initié. Il y a transmission totale à partir du plus haut. En frappant le cordon du Maître de la loge, le nouveau frère éveille cette fonction pour qu’elle transmette. Le Vénérable frappe l’Apprenti qui est nu puisqu’il n’a pas de cordon ; il éveille sa parcelle de lumière. L’accolade n’est donc pas symétrique.
Cependant, dans son principe, elle est toujours le reflet de celle qui s’accomplit entre le Vénérable Maître et l’Initié Passé à l'Orient Eternel, et donc un lien avec le Principe Créateur. Selon St Bernard (sermon 2 sur le Cantique des Cantiques) : « Le baiser de Dieu est vraiment l’invasion de la joie, la révélation des Mystères divins, l’union comme inséparable qui confond en une seule la lumière céleste et l’âme illuminée ». Rien de moins, mais en a-t-on conscience ?
* Selon la Force, l’accolade anime le frère. Le baiser est un échange de souffle de vie, autrement dit une transmission du Verbe. C’est l’équivalent de se dire un mot à l'oreille. Il passe un fluide qui est la Vie.
L’épaule qui reçoit les coups est ce qui porte une charge sur le chantier. Frapper l’épaule, c’est donner un Verbe, l’introduire dans la matière de l’être et en dégager une énergie qui va le mettre en mouvement. C’est en même temps transformer le frère en un pilier, l’ancrer dans le temple.
Les coups se portent par le bras, équerre en mouvement. Les deux initiés s’unissent géométriquement et ne font plus qu’un.
Lors de la transmission d’un office, on frappe le cordon avant de l’échanger. Celui qui est en fonction détient une énergie que n’a pas celui qui arrive. Le cordon, donc la fonction, doit être animée pour être transmise en conscience ; le frère arrivant est, quant à lui, éveillé pour recevoir cette fonction. Ainsi se transmet l’énergie du Verbe, venant du Vénérable Maître.
* Selon l’Harmonie, l’accolade exprime la fraternité. Elle en est la clef, entre les frères de la loge comme avec les Initiés Passés à l'Orient Eternel. En cela, elle est un guide sûr dans le voyage. L’initiation n’est jamais un voyage solitaire.