Ce terne est totalement dévalorisé de nos jours, sous l’emprise du matérialisme qui lui a substitué l’Homme. Or ce dernier est limité par nature car mortel et l’humanisme fait fausse route en le mettant au centre du monde. Si nous sommes effectivement constitués à l’image de notre Créateur, nous ne saurions nous y substituer.
De plus, vouloir affirmer que le monde est issu d’un Principe provoque une levée de boucliers des tenants du rationalisme, du matérialisme et de la pensée unique.
Ce mot est également à éviter car il est fortement teinté de religion révélée et a donc une connotation dogmatique. Il est préférable d’utiliser le terme de Principe de création, accompagné de ses deux aspects, le Grand Architecte de l’Univers qui est sa fonction de manifestation, et la Veuve, sa matrice de création.
Le mot dieu n’est en effet qu’une des expressions du Créateur et celui-ci doit obligatoirement être présent dans la pensée de tout initié. Aussi loin que remonte la tradition, ce concept est attesté, que ce soit dans les transmissions orales ou dans les religions du livre, tant en Occident qu’en Orient, ou encore dans les Amériques précolombiennes. Par contre, les expressions du divin diffèrent selon le temps et le lieu.
Sa représentation anthropomorphique complète a été amenée en Occident par le christianisme. Partant fort heureusement de la Ternarité, cette religion en a mis en avant la partie Beauté ou Harmonie avec le Christ sous forme humaine. A l’époque romane le Verbe fait Homme était représenté dans sa mandorle, entouré des quatre évangélistes-éléments ; cela voulait signifier que l’homme était créé à l’image parfaite de son Père et pouvait, de ce fait, le retrouver en lui, en son propre centre, et le manifester. C’est la doctrine de l’Anthropocosme parfaitement expliquée par R. A. Schwaller de Lubicz.
Mais cette représentation et son concept original ont peu à peu dévié vers la représentation d’un Christ souffrant sur la croix, faisant ainsi appel à la sensiblerie des croyants et à leur soumission à une vérité révélée. Là encore il y a inversion du symbole car il s’agit en fait de la rose à cinq pétales, correspondant au Nombre Cinq de l’Etoile Flamboyante. La quintessence est mise sur la croix des quatre éléments fondateurs, et révèle la parfaite symbiose du créé et de l’incréé.
Qu’on le veuille ou non, le monde ne peut se passer du concept d’un Principe, le Un, ineffable, insituable, infini, éternel. C’est le grand mystère offert à l’homme pour le résoudre dans le secret de son cœur-conscience.
Cependant, dans certaines organisations, telles des sectes, le rapport avec le divin sera une soumission peu évolutive pour l’être, voire complètements annihilante.
En initiation, comme dans toute voie d’éveil, l’adoration, la prière, la vénération, le respect de cette expression supérieure aura pour but l’élévation de chacun par un partage et une union en un Principe commun.
Accepter cette origine empêche dans un premier temps de trouver des réponses à des questions par trop embarrassantes quand on n’est pas en situation d’éveil. On peut alors développer en soi d’autres formes de perception.
L’être doit se soumettre au divin, quel que soit le nom qu’on lui donne. Ce n’est pas un esclavagisme, mais au contraire une forme de libération, qui va permettre d’exprimer sa personnalité. En abandonnant ainsi son individualité, on reconnaît un pôle de regroupement avec d’autres en qui on trouve des frères qui nous révèlent à nous-mêmes. Les pensées, les actes, les paroles, seront orientés, donnant un sens à la vie.
Le prologue de Jean apporte quelques éclaircissements sur la notion de Dieu. Il se situe à l’origine, exprimant la vie par le Verbe. Pour être compris, il a envoyé un témoin, Jean. Il n’est donc pas perceptible directement, il est nécessaire qu’il y ait un intermédiaire. Par contre, il fédère, et à ceux qui l’acceptent, il leur donne la faculté de vivre ensemble, et de s’élever, autrement dit de former et de vivre une Communauté. Celle-ci leur donnera les moyens de le percevoir et de le retrouver.
A vouloir définir Dieu, l’homme s’est perdu bien des fois, devenant fou, et commettant les pires excès, au nom d’une simple illusion, trop souvent d’ailleurs synonyme de pouvoir, ce qui est incompatible avec ce qui relève de l’esprit. Quant à une quelconque définition, elle ne pourrait être qu’une récupération par une cause ou une restriction mentale.
La recherche de la notion de Dieu doit être un facteur d’ouverture et de développement, ainsi qu’une voie de compréhension de la vie. Toute autre approche ne peut être qu’illusion.
Le succès du matérialisme actuel est dû au changement d’ère que nous subissons qui doit voir la disparition des anciennes formes de la connaissance et la genèse de celles qui illumineront le futur. Nous ne savons pas ce que réserve l’ère du Verseau, mais compte tenu des prémisses auxquelles nous assistons, il est plus que probable que l’humanité va vivre un changement total, tant sur le plan matériel (d’où la nécessité de se rendre maître de la matière, autant que faire se peut) que sur le plan spirituel.
La recherche des lois de la matière et de sa structure la plus infime ne pourra faire autrement que de mener au seuil de la conscience divine et de l’impulsion qui l’anime. Alors on redécouvrira Dieu, mais sous une tout autre forme et le cycle de la formulation de la Connaissance retrouvée se manifestera dans sa splendeur. Mais comment seront les pyramides ou les cathédrales du 30ème siècle ? Nul ne peut encore l’imaginer.
Seul, éternel, immuable, le concept divin s’épanouira de nouveau et rayonnera sur l’Univers.