Elle est à la base des structures humaines car elle correspond à un ordre naturel. Lorsqu’une cause produit un effet, il y a création d’un lien hiérarchique. Du Un au multiple, du Principe créateur aux mille et une formes du vivant, il y a toute une progression dont l’origine est sacrée.
En effet, étymologiquement, ce mot signifie commandement par le sacré, donc ordonnancement sacré de la vie. Il est donc tout simplement une manifestation du Grand Architecte de l’Univers. Ce dernier a différents noms qui indiquent les niveaux de perception des puissances créatrices issues de la Cause et de la façon dont elles se mettent en œuvre. On peut donc parler de la hiérarchie des causes, bien que cela soit un pléonasme. Issue du Grand Architecte, elle est faite des Nombres et des fonctions de création.
Chez l’homme, elle peut prendre deux formes. Il y a celle de droits et celle de devoirs. La première, profane, factice, conduit à l’esclavage tant physique que moral et intellectuel. Expression de l’autoritarisme, de la volonté personnelle, elle pullule à notre époque. Elle n’est pas légitime car elle est la conséquence d’une prise de pouvoir par des hommes sur d’autres hommes. La seconde préside à la vie harmonieuse de toute communauté. Elle concerne les devoirs divins. Plus on avance et plus ces devoirs s’élargissent pour rayonner et participer à l’éveil des autres.
L’initiation masculine est fortement structurée, correspondant à la création par le Grand Architecte. Les hommes sont des bâtisseurs. Dans l’initiation féminine, le concept de Grand Architecte n’existe pas. Il y a certes des degrés différents dans la perception de la Connaissance. La hiérarchie y est donc concentrique et non pyramidale. La femme n’est pas une bâtisseuse.
Une communauté initiatique ne peut se concevoir sans une hiérarchie, d’où la présence, pour les hommes, des trois grades. Mais cela recouvre également les offices ou fonctions de création issues du Vénérable Maître, et l’ensemble des fonctions qui peuvent être attribuées aux frères. Cela donne forme à la fraternité ; elle lui permet de fonctionner. La communion est alors possible sur terre avec toutes les formes de la vie. La hiérarchie n’a sans doute pas d’autre raison d’être. Une communauté ainsi structurée fait vivre ici-bas le monde des causes. Elle met en place un corps vivant, complet, et permet la prolongation du miracle de la vie. L’autorité se manifeste depuis le Delta lumineux, par le Vénérable Maître, au travers des officiers, vers les Maîtres, les Compagnons et les Apprentis.
En conséquence, la vie de l’homme, sa pensée, ses sentiments, sont hiérarchisés selon les trois grades, avec des perceptions à chaque fois différentes, dans un élargissement de conscience. Il y a franchissement progressif de mystères, jusqu’à la Maîtrise. Cette chaîne de transmission et d’éveil est la voie par laquelle le sacré peut se répandre dans toute la loge. Ainsi toute œuvre accomplie dans le temple est sacrée et fait vivre l’Esprit.
L’avancement des frères ne doit prendre en compte que l’évolution intérieure des êtres en fonction de la vie dans la Règle et de la connaissance des Nombres. L’effacement de l’individu ou mort du vieil homme, permet l’intégration de la personnalité, avec toutes ses richesses, dans le corps communautaire. Il s’agit d’un des fondements majeurs de la voie initiatique. La hiérarchie est ainsi le mode d’emploi qui permet de voyager dans l’invisible, le monde des causes. Il revient à la Chambre du Milieu d’effectuer cette évaluation. Cela suppose que chaque Maître soit animé par l’Amour fraternel et la volonté d’harmonie. Cette conscience du Devoir annihile les passions personnelles et suscite le don sous toutes ses formes pour le seul profit de la communauté. La vie dans le sacré est à ce prix.
La hiérarchie permet de construire un édifice où chaque pierre a une place ; chacune n’a de sens que par rapport à l’ensemble. L’initiation est élitiste dans le sens où elle est avant tout hiérarchique. Gageons que si ces principes étaient tenus dans le monde dit profane, ce monde serait autrement harmonieux.
La sagesse des anciens indiquait qu’il fallait savoir rire de la hiérarchie pour la fortifier et la conserver vivante en permettant à chacun de s’y positionner, ne serait-ce qu’un instant. Telle était le but de la fête des fous au Moyen Age où tout était inversé.