Penser à ce mot, en général, nous plonge dans le temps. L’exemple typique est ce que propose la religion catholique : on naît, on vit, on meurt, et ensuite, à certaines conditions, on ressuscitera plus tard le jour du jugement dernier.
Or, la voie initiatique propose une autre manière de voir, en nous plongeant dans l’invisible, hors du temps, par les deux formes d’éternité accessibles à l’homme : celle des cycles et celle des symboles, dans l’instant. Penser d’une manière temporelle nous colle à la matière.
Il nous est offert un mythe, celui d’Hiram. Après le meurtre rituel, trois tombes furent creusées, une pour le cadavre, une pour son tablier, une pour sa Règle. En recherchant sa tombe, il s’avère qu’elle est vide. Son corps a été dispersé, devenant univers. La création n’est pas éternelle ; matériellement incarnée, elle est liée au temps ; elle a un terme. Le créateur construit et détruit chaque jour ; quand il fera disparaître notre univers il ne subsistera que le corps du Maître, celui d’Hiram.
Ce chemin de la résurrection qui nous est proposé n’est donc pas une quelconque réanimation. Il passe par les pleurs de la Veuve qui sont l’eau de résurrection. Il permet à ceux qui vivent pleinement les Grands Mystères de devenir, peut-être, des êtres de résurrection. Le lever occidental de l’Etoile Flamboyante (elle est mobile dans l’espace du temple) marque la fin des Petits Mystères et elle montre la porte de la résurrection.
Il y a en l’homme des éléments qui ne sont pas de ce monde ; si, en conscience, durant l’existence, ils sont rendus à leur origine, tout est possible. La Règle et les Grands Mystères sont alors nécessaires et sans doute suffisants. Le Nord, siège de l’étoile polaire et source occulte de la lumière, est le lieu où séjournent les Initiés Passés à l’Orient Eternel. L’axe du fil à plomb, descendant de la polaire, est celui de la résurrection, du passage à la position verticale. Ce passage est opéré par Hiram ressuscité et ce que tente de réaliser tout nouveau maître, sans jamais être certain d’y parvenir. Ce passage à la verticale est symbolisé par le Quatrième Pilier.
Tout cela signifie clairement qu’il n’y a pas de résurrection post mortem. Il faut en être ici-bas possesseur ; il faut entrer dans la nouvelle vie née de la mort. On ressuscite d’abord et on meurt ensuite, insiste à plusieurs reprises l’Evangile de Thomas. Cela veut dire qu’il faut sortir du temps, sinon on ne peut que mourir mais à jamais. Ressuscité, on est vivant, réellement, définitivement. Mais on ne ressuscite pas avec son corps, on le fait nu. Notre incarnation terrestre n’est qu'un support provisoire pour vivre cette métamorphose.
Le maître, au sein de la Chambre du Milieu (car c’est impossible ailleurs), doit vivre en permanence le ternaire indissociable qui est la Vie : naissance, mort, résurrection. Toute maîtrise est une conscience et par cette conscience l’être vit.
L’homme a toujours le choix entre être de ce monde des apparences, être dans les mondes intermédiaires, ou ressusciter. L’initié est dans ce monde sans être de ce monde, et ne touche pas aux mondes intermédiaires chers aux occultistes.
Il n’y a sans doute pas de science plus haute que celle de la résurrection.