Etymologiquement, il s’agit de l’aspect spirituel de l’univers, donc du Principe de ce qui est. Il est consubstantiel au Principe de création. La chrétienté, d’ailleurs, en a fait un des trois aspects de Dieu par le Saint Esprit. Il est donc un autre nom de la Cause qui se révèle par la forme. Chaque forme peut y conduire, étant l’incarnation d’un principe abstrait. L’abstrait est également un autre de ses noms. Le chemin de l’abstrait apparaît alors comme le moyen de parvenir à lui. Il est encore le Tout, sans commencement, qui contient tout ce qu’il produira, et donc le Un, l’Absolu, ou encore la Lumière, l’Esprit de Lumière.
En descendant dans le manifesté, il se révèle sous la forme de conscience, universelle tout d’abord, pour aller jusqu’au particularisme le plus infime. Ainsi il est omniprésent dans la création, et sa perception la plus évoluée, la plus haute, est dévolue à l’Homme qui est doté de la conscience de sa conscience. Aussi peut-il reconnaître toutes les manifestations et présences de l’Esprit dans l’univers et... dans son propre corps (Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’Univers et les Dieux !).
Il est donc au cœur de tout ce qui est manifesté. Le ciel est le symbole de son domaine, là où sont les puissances causales. Celles-ci se concrétisent par la matière. Tout dans la nature a un support matériel ; même la pensée passe par le cerveau qui compare à des choses sensoriellement perceptibles. La matière est la matrice de l’Esprit, son support. Les deux sont en fait indissociables. On ne peut le percevoir si ce n’est par sa propre chair. Il est capté dans le filet de la matière ; il s’incarne sans cesse, prisonnier provisoire de la substance dont il subit alors la loi. Il n’a pas de forme mais anime la forme. Pour l’initié, l’Esprit doit être corporifié et le corps spiritualisé.
Sa nature est triple. Sur le plan du concept, c’est le Feu divin, la pensée du Principe. C’est aussi la force qui conçoit le monde qu’ensuite la magie du Verbe réalisera. On a alors l’Air ou souffle (du latin spiritus) ou inspiration divine qui relie le Principe de création et son Verbe créateur. C’est enfin l’Eau de l’Esprit qui permet toute renaissance et donc l’union au divin. Tel est d'ailleurs le symbolisme du baptême chrétien. Sous cet aspect il est vivifiant et source de conscience.
L’initiation permet de s’unir à l’Esprit universel. On ne le trouve qu’avec l’esprit. La fraternité en esprit (et non le copinage ou les relations affectives) est alors une élévation dans le causal, à condition de savoir donner à la loge un esprit conforme à celui du Principe.
Reconnaître son existence, sa prééminence, son immanence ne revient pas à abandonner notre illusoire liberté d’homoncule. C’est, au contraire, commencer sa propre libération de l’ego qui est le seul véritable obstacle à vaincre (le dragon des saints, Georges et Michel).
L’initié sert donc avant tout l’Esprit. Là est sa seule préoccupation. Cela seul transforme sa petite parcelle, ce qui a des répercussions majeures sur son existence et sa perception du monde. L’Alchimie est fondée sur les métamorphoses physiques, concrètes, opérées par l’Esprit en tant que dynamisme universel émané du Principe de création.
Alors, la Tradition apparaît comme le vecteur de l’Esprit et le révélateur de la sagesse.