Au sens initiatique, c’est la perception d’une partie de l’Harmonie Universelle manifestée sous une forme particulière. Il sert à formuler le mystère ; il provoque une émotion, une résonance avec ce qui est éternellement vrai. Une œuvre d’art exprime un concept au travers d’une forme matérielle.
Elle véhicule alors des symboles, des images que l’artiste organise en respectant les proportions qui seront en accord total avec la loi d’harmonie. Il s’agit d’incarner dans une matière une énergie créatrice qui vient de l’invisible ; ainsi se transmet dans l’apparence l’harmonie de l’invisible.
Cette perception est individuelle ou communautaire, innée ou acquise. Mais l’individu ne dispose pas d’un accès direct à l’au-delà des apparences et aux Mystères. Le rituel revêt là sa nécessité. Il faut également un don de la nature, un talent épanoui par une maîtrise de la technique, résultat de nombreux entraînements et exercices. On peut toutefois être un excellent géomètre, un excellent artisan, sans, pour autant, pratiquer l’art. Celui-ci nécessite une maîtrise qui va bien au-delà de l’habileté mentale, manuelle, voire spirituelle. Pour y atteindre, une formation opérative est indispensable avec un travail sur tous les plans de l’être, l’accomplissement (dans le sens de rendre complet) de chacun des grades, la connaissance de l’outil comme de la matière travaillée. Il y a lien très étroit entre une expression artistique vraie et l’élargissement de la pensée intuitive de l’auteur, le développement de son « cœur-conscience ».
Ce savoir-faire peut aboutir à une perfection qui rend la matière belle et harmonieuse. Cet art, aboutissement d’une formation constante, d’un travail assidu, est sublime lorsqu’il est l’expression d’une communauté connaissante. Il ne saurait être, en aucun cas, le résultat de fantasmes, de complexes, de refoulements, ou l’expression de l’Ego, ce qui est à l’opposé de l’art en général et du sacré en particulier.
S’il n’y a plus de sacré, il ne peut y avoir d’art. Et s’il est un qui est primordial, c’est bien « l’Art Royal », celui que découvre l’initié tout au long de sa quête.