Dans le sens commun, le destin est considéré comme une loi supérieure entraînant les événements et les êtres vers une certaine finalité, sans que ces derniers puissent exercer leur libre arbitre ou y apporter une modification quelconque. C’est, en quelque sorte, l’application d’un déterminisme absolu duquel aucune échappée n’est possible. Est-ce vrai ?
Il est certain que tout être né de la chair, créé, a comme aboutissement de mourir un jour. C’est là le considérant rationnel, matériel. Il correspond à un conditionnement incontournable puisque soumis à l’inexorable loi de la vie et de la mort. Pour certains tout est écrit ; il n’y a donc qu’à se laisser vivre sous la direction omnipotente de son ego. D’autres n’y croient pas et se voient totalement libres de leurs décisions comme des événements qu’ils déclenchent. Beau dualisme, faux comme tout ce qui est binaire et qui relève de la croyance. Les lois de causes à effets sont bien connues de la science dite moderne, mais sa théorie du chaos précise que certaines choses sont indéterminées.
Un initié sait que l’univers créé vient de l’océan primordial incréé, portant les semences de tous les possibles. Le monde manifesté est conditionné par ce qui le débute, dans l’incréé. Bien commencer les choses, c’est bien les orienter. L’initiation, qui signifie commencement, permet le retour à l’origine, de mettre en place un nouveau départ et donc de modifier le déroulement de la vie, dans une certaine mesure.
Le destin est strictement lié au temps et à la matière. Il dépend à la fois des astres (les influences de l’environnement physique), du potentiel génétique (les potentialités léguées par les parents, on pourrait dire un échantillon tiré de l’océan primordial), et de l’éducation (l’influence des autres hommes et des leçons de la nature). Tout cela s’assemble comme un tissage, avec un fil de chaîne qui oriente ce qui advient et un fil de trame qui noue solidement. L’existence est un lent tissage où les événements s’assemblent peu à peu et deviennent inéluctables plus l’on s’approche du moment où ils peuvent se déclencher. Mais, en s’y prenant suffisamment tôt, la direction peut changer par des actes justes au moment juste. L’initiation, qui n’est pas faite pour cela (sauf pour les occultistes qui s’égarent, ayant perdu le sens de leur finalité d’homme), le permet, mais par surcroît.
Si l’homme n’est pas libre d’échapper à ce cycle naissance et mort sur le plan matériel, n’a-t-il pas la possibilité de s’épanouir dans le domaine de l’incréé, c’est-à-dire celui de la conscience et de l’Esprit qui la sous-tend ? Car plus l’on s’éloigne du créé, du physique, pour aller vers l’abstrait, l’immatériel, plus le déterminisme s’amenuise jusqu’à disparaître. Alors le destin n’est plus un conditionnement, un enfermement, mais une porte vers l’accomplissement. Celui de l’Homme est de dépasser sa signature zodiacale pour s’intégrer en conscience à la loi de nature, ou Loi d’Harmonie.
En effet, l’initiation relie à ce qui n’est pas prédestiné, au divin. L’initié accomplit sa vraie liberté qui est de vivre ou non en harmonie avec le sacré et le plan de la création. Il ne s’appartient plus. Il sait qu’il vient du divin et que tôt ou tard, il y retourne. Son existence n’est que le moyen de réaliser ce retour par l’œuvre effectuée. Il renonce à ses désirs de conquête personnelle. Dès lors, magiquement, son existence s’harmonise. Il ne suit plus sa pente, contrairement à tout profane ; il change de chemin, jusqu’au bout des petits mystères, pour peut-être un jour basculer dans les Grands Mystères. Alors, les contingences matérielles continuent certes à exister, mais elles n’ont plus aucune importance.
Il convient donc d’échapper à son destin primaire pour accomplir un avenir harmonieux en toute liberté et connaissance de cause. C’est par la soumission à la Règle divine, en humilité, que se réalise le destin supérieur, celui ordonné dès l’origine par le Principe de création : le retour à la Cause. C’est ce que symbolise le rituel de Maîtrise lorsqu’il invite à retrouver le Centre de toute chose.
Six est le Nombre du destin maîtrisé par l’équilibre entre la vie spirituelle et la vie matérielle, l’une dominant l’autre.