Elle est la clef de voûte de tout enseignement initiatique. La transmission de la Connaissance passe par elle, à l’image de la nature où tout est interdépendant. Une communauté initiatique est un rassemblement d’êtres (hommes ou femmes) animés d’un même désir : comprendre le Mystère de la Vie et de la Mort, en vue d’un confondement avec la Cause.
Dans le mot « communauté » se trouve la racine Un, qui implique l’unité de l’objectif à atteindre. Les membres qui la compose y adhèrent librement, et se soumettent volontairement à ce qui en fait l’armature : la Règle. Cette dernière, sous des apparences rigoureuses, porte en elle tous les éléments nécessaires et suffisants pour permettre l’épanouissement des personnalités qui s’y soumettent. De cette observance va naître la fraternité qui mène à la communion spirituelle, porte vers la Connaissance.
A l’inverse, une collectivité n’est qu’une juxtaposition d’individus disparates soumis à un règlement contraignant, annihilant les volontés et conduisant à une standardisation de la pensée.
D’un point de vue étymologique, le terme « communauté » signifie « à la disposition de tous, qui est accessible à tous ». L’initiation est effectivement à la disposition de tous les frères. En naissant sur terre, nous sommes morts à l’universel, ce que le christianisme dénomme « le péché originel ». C’est l’unité qui se parcellise ; nous sommes alors particularisés, isolés. Cette naissance, cette existence que nous recevons et à laquelle nous tenons tant, est, en fait, une mort précédant une résurrection. En « tombant » dans la manifestation, nous sommes coupés de la communauté de l’univers. Pour redevenir vivant, il faut se relier à l’univers. C’est ce qui est proposé aux initiés.
« Quel est le lien qui nous unit ? Une Loge initiatique », dit le rituel. Nous sommes unis à la vie en esprit par la Loge. Le but de toute Communauté initiatique est la préservation des voies traditionnelles qui mènent à la Connaissance. Elles sont mises à la disposition de ceux qui la cherchent. Pour ce faire, elle doit être en capacité permanente d’en adapter la formulation en fonction de l’évolution de la pensée. Elle le fait au travers de l’Œuvre qu’elle accomplit. Elle ne peut rester stérile et fermée sur elle-même, car « elle doit poursuivre au dehors l’œuvre commencée dans le Temple ».
Elle fait vivre le principe de communauté universelle symbolisée par l’Homme Universel ou Zodiacal qui n’est jamais né et ne mourra jamais. Véritable athanor, elle décuple les forces en présence grâce au rituel qu’elle rend magique. L’énergie qu’elle génère, au moment de la chaîne d’union notamment, aboutit à l’égrégore qu’elle seule peut faire partager à chacun.
Cette perception de la vie est offerte par les frères, les symboles, les rituels, l’Œuvre que l’on accomplit et qui nous pénètre. La communauté n’est pas un œuvre humaine mais une loi de création. Vivre et transmettre la communauté, c’est transmettre une loi de création. Ces objectifs et devoirs ne sont réalisables que s’ils sont effectués sous le signe de l’Amour.
Amour de l’Autre, de son Devoir, de la Règle, et qui ne peut se développer que par la fraternité communautaire réellement vécue.