Les dieux ou fonctions de création sont issus de la division de l’unité du Créateur. Ils en sont un des aspects. Cela s’accomplit par dédoublement successif, trois fois, jusqu’à manifester en plein selon le Huit l’action créatrice dans l’univers. Le Un se déroule dans la manifestation jusqu’à l’apparition de l’ogdoade. Le Principe Causal établit son règne en se pensant et donc en se divisant. C’est ce que décrit la fameuse phrase hermopolitaine : « Je suis Un qui devient Deux, je suis Deux qui devient Quatre, je suis Quatre qui devient Huit, mais je suis toujours Un dans ces transformations ».
Ainsi se manifeste à l’homme toute la genèse au cours de laquelle le Principe reste toujours égal à lui-même. Le Un, symbolisé par le point, n’a pas d’épaisseur ni de masse ; il est inaccessible à notre entendement. Le Deux, symbolisé par un trait entre deux points, n’a qu’une longueur comme dimension et reste difficilement perceptible. Le Quatre détermine le plan dans lequel se développe le carré de la genèse à partir duquel apparaît le plan du créateur. Le Huit donne le volume accessible à notre esprit.
La division est bien une loi de création permettant l’expression des lois causales et la génération de la vie. Un embryon humain se forme par bipartition de la cellule mère jusqu’à engendrer un être parfait après neuf mois, une novonarité passée dans la matrice. Il est à l’image du Principe, formé par dichotomie mais sans dispersion chaotique. Les cellules se spécifient et s’harmonisent par l’unité qui transcende l’ensemble.
Cette fonction procède d’une scission en quelque chose qui affirme par rapport à une autre chose qui nie, donc elle agit par la dualité et manifeste ainsi la vie. Elle dispense à chacun son individualité reconnaissable, sa personnalité, son identité. Elle montre l’univers dans son aspect de différenciation.
Cependant, cela peut faire perdre de vue le sens de l’unité, de ce qui est en réalité inséparable. Ce risque de fragmentation vient de l’analyse qui tue la vie car elle ne peut plus la reconstituer. La dissection est sans doute utile, mais elle tue à jamais ce qu’elle étudie. Toute vue fragmentaire du monde ne peut faire autre chose que de le briser, irrémédiablement. C’est la mort. Ce risque de désunion est l’œuvre du diable qui divise pour régner alors que l’initié rassemble ce qui est épars. L’homme peut dévier de sa finalité en se dispersant. L’éparpillement est diabolique car il éloigne de l’unité principielle.
Par contre, le retour au Un fond ce qui est éclaté. La division de ce qui est composé pour retourner à l’origine, permet de voir que tout dans l’univers est interdépendant, d’aborder un nouveau cycle, un renouvellement, une régénération. Il y a réalisation d’une perfection dans l’unité. L’idée du Principe est présente dans tous les éléments créés. C’est le symbole du polygone quand le nombre de côtés augmente jusqu’à se rapprocher du cercle dont le centre est le Principe. Il y a là une voie d’approche du Un, longue, infinie, pour atteindre le cercle, forme parfaite et dont la clef est le centre. Dans la division, il s’agit de rester dans le cercle, dans la matrice de l’unité.
Cela s’exprime géométriquement, notamment par la méthode des cadrats (quadrillage qui permet de reproduire n’importe quel tracé). Tout rapport, tout nombre rationnel ou irrationnel, peut se ramener à l’assemblage de fractions de l’unité, avec une très grande précision et un symbolisme fort. Par exemple, racine de trois est la somme de l’unité et de l’inverse de deux, de huit et de neuf (l + 1/2 + 1/8 + 1/9) ; ainsi l’essence de la ternarité contient l’unité, la dualité, l’ogdoade et l’ennéade. De même racine de cinq est la somme de deux et de l’inverse de huit et de neuf (2 + 1/8 + 1/9). La division est bien une fonction à la base de la géométrie et du jeu des Nombres, et donc un moyen particulier de percevoir l’unité de l’univers.
Elle est le résultat de la force involutive qui alterne avec la force évolutive de la multiplication.
Ces deux fonctions sont des expressions de la vie et sont inverses. Elles permettent aux Nombres d’interagir bien au-delà de la simple addition, comme dans une communauté initiatique où chaque frère influe sur l’éveil des uns et des autres alors qu’un groupe profane n’est qu’un amalgame sans synergie (une vulgaire auberge espagnole comme on dit parfois).