Elle est ce qui est au plus profond de la nature des êtres et des choses. La racine latine « Esse », le verbe « Etre », exprime ce qui est réellement, au-delà de toutes les apparences extérieures. Au contraire d’être, exister représente ce qui est extérieur, l’apparence (d’où l’impasse de l’existentialisme qui donnait la priorité à l’existence). Dans la Bible, Dieu annonce : « Je suis celui qui suis ». C’est donc l’essence que nous avons à rechercher, souvent difficile à découvrir derrière la Maya, derrière les illusions que nous présentent nos sens physiques.
Elle relève du domaine subtil, invisible. Pour les alchimistes, elle constitue ce qu’ils appellent « la substance pure » qui ne peut être obtenue que par distillation. Ce mot est synonyme d’idée (cf. ce mot). Il correspond à la nature sans voile. En effet, tout ce qui est manifesté est plus ou moins voilé. Notamment, les images sont des manifestations auxquelles l’esprit profane se raccroche en permanence. Mais elles sont fausses par rapport à la réalité. Il faut briser les images, plonger dans la pensée symbolique et sans image pour approcher de l’essence.
Essence et substance sont les clefs du monde manifesté issu de l’incréé. La première en est le côté qualitatif, le Nombre, et le nom en est l’expression. Un initié est toujours à la recherche de l’essentiel, du cœur des êtres et des choses, de l’aspect qualitatif de la manifestation. Par exemple, la forme révèle la nature d’une chose. Les triangles rectangles, qui sont des formes, établissent des rapports entre les Nombres et, par le jeu des racines, font apparaître l’essence des Nombres. La racine de la Dualité se formule par le triangle rectangle un sur un.
Sur le plan humain, le principe vital propre à chaque être est l’expression manifestée du Principe causal mais résulte de nombreux facteurs tant universels que particuliers. L’inné structure l’être en fonction des lois causales et recueille tout ou partie des acquis héréditaires qui constituent la lignée. Il est aussi l’expression de la signature zodiacale en fonction du temps et du lieu de naissance. On retrouve alors les trois grandes natures qui constituent l’homme : le corps, l’âme et l’esprit.
Si l’essence est un englobant qui synthétise ces trois aspects et les harmonise en une unité insécable, il est utile de les considérer tour à tour. Sur le plan physique, on devine facilement la nature d’un être à travers sa morphologie car c’est à ce niveau que le déterminisme est le plus puissant, sinon incontournable.
L’âme, « l’anima », le souffle animateur, est de nature subtile et la signature zodiacale n’y est plus aussi contraignante. Le cerveau dispose d’une liberté partielle grâce à la volonté. L’intellect permet d’analyser, de comprendre et donc de modifier des comportements suscités par l’instinct. Ce qui différencie l’essence des hommes de celles des animaux, des végétaux, des minéraux, est qu’elle est évolutive. Sa nature première, intime, instinctive, se modifie (ou non) en fonction de l’acquis au cours de l’existence. Elle se situe sur l’axe de la possibilité de liberté spécifique à l’homme. Sur la voie initiatique, on parle de « libération ».
Le dernier niveau, celui de l’Esprit, est celui où l’essence est, si l’on peut dire, la plus volatile, la moins visible, mais aussi la plus fragile. Là règne une liberté entière pour échapper en totalité à la signature de naissance. En effet puisque l’esprit de l’homme est une parcelle de l’Esprit du Principe, il est donc indépendant de tout état corporel. Par-là l’initié peut arriver à se fondre dans le divin et remonter à la Cause. Cela est réalisable par le développement et l’action du cœur-conscience qui est le propre de l’homme.
On peut donc énoncer que l’essence de l’homme (et de lui seul) contient des potentialités issues des fonctions créatrices auxquelles il est soumis, qui lui sont propres, et polarisées selon sa signature natale. L’initiation nous offre de prendre conscience de notre essence, de notre nature réelle, pour nous intégrer véritablement par l’accomplissement de nos potentialités. Celles-ci sont alors sublimées à la Maîtrise.