Ce mot est synonyme d’incréé, domaine inaccessible à l’homme car réservé au divin, au Principe de création qui génère l’univers par le Grand Architecte de l’Univers, sa fonction de manifestation, et la Veuve, sa matrice de création, qui ne sont jamais nés.
On ne peut en avoir une vague idée, selon l’ouverture d’esprit, que dans son passage à la genèse et il peut alors se symboliser, suivant les phases et les approches, par le centre, la lumière noire, les ténèbres, le soleil noir situé au Nord, la lumière incréée mais réelle qui ne demande qu’à naître par la magie du rituel et la mise en chemin de la conscience…
Son Nombre est le Un qui engendre tous les autres, ni pair ni impair, ni ceci ni cela. Il correspond à l’océan primordial sur lequel navigue le monde manifesté : les dieux, la nature et les hommes. C’est le domaine de l’origine de la vie, de l’absolu, de l’indifférencié, du sans forme, de l’infini, de l’immobile, de l’immuable, de la perfection, de l’équilibre, de l’harmonie, de l’Idée pure… tous qualificatifs d’une chose que nous ne pouvons percevoir, mais que nous pouvons vivre grâce au temple. Celui-ci est une image de l’invisible au contact du non-manifesté, avec une force de réalité qui lui permet de transmettre l’intransmissible. L’invisible n’est pas le non-manifesté, et n’est que cet immense domaine, accessible à l’homme, constitué de tout ce qui existe sans trace physique et qui ne peut lui non plus se démontrer rationnellement.
Pourquoi alors un deuxième mot avec incréé ? C’est une question de démarche. Pour avoir conscience de la lumière, il faut considérer les ténèbres ; pour connaître un corps, il faut cerner son ombre ; on ne saisit la valeur du jour que par la nuit. Il est toujours efficace et instructif d’approcher une chose par ce qu’elle n’est pas. On ne peut vraiment comprendre le monde manifesté que par son inverse, le non-manifesté. Ainsi naît la conscience.
Cela est dû au fait que l’Unité originelle a toutes les possibilités d’être et de non-être. La materia prima qu’est l’océan originel recèle des potentialités infinies pouvant éventuellement s’exprimer par le phénomène de la création, venir à l’existence ; c’est une virtualité, telle la semence qui peut naître après la fécondation, quand le soufre s’est uni au mercure pour donner le sel. Nous sommes dans le domaine des lois causales non encore actives, des archétypes, qui attendent le moment juste pour engendrer un effet.
Notre époque matérialiste définit le monde qui lui paraît net, clair, évident et rejette ce qu’elle ne peut mesurer. Mais elle ne s’intéresse qu’aux apparences qu’elle saisit par les sens matériels, ce que nous croyons voir, entendre, toucher… Mais, comme le rappelle le rituel, les perceptions apparemment matérielles sont le support de perceptions immatérielles. Les sens habituels sont inopérants pour remonter à l’origine.
Tout ce qui existe surgit du non-être (autre synonyme) et se définit par rapport à lui, qui est non-engendré, divin et l’opposé de l’existence. Telle est la dualité créatrice. Le non-être est la conscience ne demandant qu’à s’incarner par la manifestation, visible ou invisible, à la seule fin de s’augmenter par la genèse permanente.
On comprend dès lors que le néant n’existe pas, contrairement à ce qu’ont émis certains philosophes modernes. Ce n’est pas un concept, pas plus que le zéro. Le non-être n’est pas rien.