La royauté dont il s’agit ici n’est pas d’ordre temporel. Elle est l’attribut de celui qui a percé tous les mystères de l’Art Royal et a retrouvé le Centre. Il est, de ce fait, devenu centre lui-même et donc Maître de l’Univers. C’est l’emblème de l’initié réalisé qui a vécu la transmutation et atteint la maîtrise. Plein de sagesse et de connaissance, il participe, en conscience, à la genèse permanente. Il s’agit-là, évidemment, d’un idéal suprême vers lequel tout initié doit tendre.
Comme dans tout processus initiatique, le but est un état à atteindre et non une simple construction intellectuelle. La royauté est ainsi un stade de perfection où la conscience a élargi son champ de perception jusqu’à l’infini et, en même temps, s’est située au centre de toute chose. La conscience individuelle s’est fondue dans la conscience universelle en se soumettant à la Règle et réalisant intégralement les prescriptions de la formule V.I.T.R.I.O.L.
L’être est donc devenu réellement le seigneur de l’univers, connaissant des causes et sachant animer les fonctions créatrices. Il a dépassé, sans l’ignorer ni le détruire, son aspect humain primitif pour intégrer vitalement toutes les composantes de l’être : corps, âme et esprit. Il a unifié en lui toutes les énergies dont il est porteur, pour les mettre au service de la seule cause qui soit valable : celle du Verbe, Principe Créateur.
Si l’état de royauté, domaine du mystère par excellence, confère des pouvoirs, ceux-ci ne peuvent jamais être mis au service d’un profit personnel quelconque, sous peine d’autodestruction. Seul compte le service du devoir. Etre Roi ne revient pas à disposer et à user de privilèges mais, bien au contraire, à utiliser toutes les nouvelles énergies dont on dispose pour les mettre au seul service de « l’Autre ». La voie initiatique est une voie de devoirs et non de droits. Le Roi se doit totalement à ses sujets, ici la communauté cosmique représentée par la communauté fraternelle.
Autrefois, cette fonction était acquise par un rituel initiatique, le Sacre, intervention du divin. C’est pourquoi le R.I.T.E. sacralise tous les ans son Vénérable Maître par un rituel particulier animé par les Passés-Maîtres. Suivant la tradition initiatique, « l’Art Royal » est transmis à l’impétrant par le rituel d’initiation, lui donnant ainsi la qualité pour apprendre et exercer cet art.
Alchimiquement, le Roi est celui qui est capable de gravir le sentier de la montagne menant au sommet où il pourra retrouver la Reine qui a gravi, par un sentier différent, la même montagne. S’unissant dans des « noces alchymiques », ils réaliseront le « Rebis alchimique » ou « Androgyne », équilibre parfait du masculin et du féminin, du Yin et du Yang enfin réunis dans un même cercle et reconstituant ainsi l’Unité primordiale.
Un ancien symbolisme dont on a perdu le sens, mais qui est toujours vécu en mode profane, est celui de l’Epiphanie et de l’arrivée des Rois-mages venus pour adorer le « Roi du Monde ». Un rite a subsisté : celui de la galette des rois, partage communautaire de la conscience universelle. Cette galette, symbole de la Pierre Brute, porte en son sein une fève, parcelle divine cachée qu’il faut chercher : la trouver, c’est devenir roi-mage, révéler le divin en soi, et accéder à la royauté en esprit.