Ce mot est issu du latin « superus », « qui est au-dessus ». Il signifie donc « qui n’est soumis à aucune autre entité, tout en respectant une Règle supérieure ». La souveraineté est l’apanage de ceux capables d’exercer l’autorité suprême sans aucune contrainte extérieure.
En Initiation, le terme ne peut que concerner une loge, entité complète à l’image de l’univers, et fonctionnant comme lui.
« Trois la dirigent, cinq l’éclairent, neuf la rendent juste et parfaite ». Le rituel est catégorique. Une loge, si elle est digne de ce titre, est par elle-même parfaite, totalement accomplie. Les décisions prises par la Chambre du Milieu n’ont besoin d’aucune autorité supérieure pour être ratifiées. En effet, le Collège des Officiers rassemble la totalité des Lois Causales et des Fonctions Créatrices.
Lorsqu’elle est composée de Maîtres authentiques ayant pratiqué les trois arts majeurs de l’Initiation, à savoir l’Astrologie, la Magie, et l’Alchimie, elle reconstitue l’Homme universel ou zodiacal capable d’exercer la souveraineté et de participer en pleine conscience à la genèse permanente.
Elle peut certes avoir besoin d’un cadre administratif pour lui assurer gîte, couvert, chauffage, éclairage, ..., ce qui justifie un loyer. Mais si ce cadre s’autoproclame compétent pour juger de la qualité d’une loge, de son suivi vis-à-vis de la Règle (régularité !), de sa valeur initiatique, il outrepasse les pouvoirs qui lui ont été confiés.
Cet abus de pouvoir était inéluctable dès lors que le terme d’obédience (étymologiquement : obéissance) a été choisi pour ce type d’organisation qui prétend soumettre les loges à son autorité, à l’obéissance à des règlements n’ayant plus rien à voir avec la Règle (voir à ce sujet René Guénon, « le Règne de la Quantité »).
En initiation, la souveraineté ne peut être que de nature spirituelle, puisque ce qui est profane n’a pas sa place dans le temple. Chaque loge a sa personnalité propre, fonction du temps et du lieu. Elle est totalement autonome et ne dépend pour sa survie initiatique que de son adéquation à la Règle, qu’elle doit percevoir et formuler. Du noyau central de la communauté émane cette conscience spirituelle de la Règle qui lui donne sa légitimité et sa souveraineté.