Dérivé du latin « viaticum » qui signifie « ce qui sert au voyage, argent, provisions », le viatique correspondit, à partir du XVIème siècle à la communion portée à un mourant, pour ensuite signifier de nos jours « soutien, secours indispensable ». Il y a là l’idée d’accompagnement du voyageur, sans limitation de nature ni de durée. C’est pourquoi le viatique remplace avantageusement le vocable de catéchisme trop porteur d’une connotation de révélation plus ou moins réglementaire.
Voilà donc quelque chose qui permet de parcourir la voie, et qui est l’attribut de l’Apprenti. Constitué d’un ensemble de questions/réponses, il permet au nouvel initié de découvrir la voie et d’y avancer. Ce qui se transmet dans cet échange, car il s’agit bien d’une transmission, est un ensemble d’ouvertures vers l’initiation. On n’y trouve en aucun cas un dogme ou une vérité définitive, encore moins l’endoctrinement d’une secte, mais une invite à la réflexion afin d’y trouver ses propres réponses. Ce sont des perceptions à affiner et non des affirmations dogmatiques. Elles sont le fruit d’un très long travail communautaire, un héritage des frères nous ayant précédés. Elles symbolisent à part entière le trésor de la communauté.
Le viatique n’est pas non plus un résumé de l’apprentissage, mais le recueil des principaux symboles et concepts révélés au postulant au cours du rituel d’initiation. Son but est d’accompagner le nouveau frère dans sa marche vers la lumière, et non de l’endoctriner. En tant qu’outil de réflexion et de méditation, il vise à faire passer la pensée du mode binaire en mode ternaire, en développant des qualités innées telles que l’intuition ou la pureté des sens ou du raisonnement.
Il n’est pas à apprendre par cœur mais par le cœur afin d’aider à l’épanouissement de celui-ci et l’acheminer vers l’état supérieur de Cœur-conscience, véritable centre de la vie en esprit.
S’il comporte certaines notions qui doivent être apprises totalement, c’est uniquement pour mettre l’accent sur l’importance de concepts qui sont les bases incontournables de la Règle que devra intégrer et vivre le néophyte.
Y a-t-il un viatique aux autres grades ?
Le Compagnon reçoit, lui aussi, des nourritures pour son cheminement. Cela s’appelle le Tracé qui est, en quelque sorte, un résumé de l’Art du Trait.
A la Maîtrise, un tel bagage n’a plus aucune raison d’être. Le frère est censé être totalement conscient de son devoir et responsable de sa conduite. Il doit s’assumer, au risque de disparaître s’il ne se montre pas digne. Par contre, il devient responsable du viatique et du tracé vis-à-vis de ses jeunes frères, à la fois dans la transmission orale, mais aussi dans la vie dans et hors le temple. Le Maître aura à le leur faire vivre au quotidien.