I.4.c LES PERCEPTIONS (Imagination; intériorité; subjectivité, douceur, générosité)
Dans son acception profane, la notion d’« Imagination repliée sur soi pour percevoir l’essentiel » peut sembler étonnante car une imagination repliée sur soi n’a pas d’intérêt, voire même risque d’amener à se perdre dans les méandres de sa psychée. L’imagination chez le profane est chose commune, pouvant même devenir délirante. Dans le domaine de la vie en esprit, cela ouvre les portes de la visite intérieure ritualisée, depuis le VITRIOL de la Crypte, se poursuivant ensuite au cœur d’un processus communautaire dans lequel les frères se construisent les uns les autres.
Mais qui peut avoir des perceptions ?
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En premier lieu l’initié pour trouver le chemin du Temple et ne pas le perdre. Il doit éveiller sa conscience et se demander sans cesse ce qui est essentiel et à quoi sert ce qu’il fait. Cela passe par sa présence sur le chantier, par le devoir et la capacité à se donner à l’œuvre communautaire. L’important est de contribuer à l’action du corps communautaire.
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Le corps communautaire, constitué par la présence et le travail des frères, dont la perception va bien au-delà de celle de chacun. Elle s’élargit en œuvrant et en formulant.
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Le Principe ou conscience universelle, symbolisé par un œil géométrique dans le delta, qui perçoit l’univers créé tout en le créant. C’est lié à l’unicité de la création.
Pour revenir à l’homme, le repli sur soi profane empêche souvent d’affronter les épreuves de transformation et de purification, alors que pour l’initié, ce repli permet de mourir au vieil homme, de se dépouiller, de maîtriser et affronter son ego et de ne plus le subir. C’est ainsi que l’on peut transformer son instinct en intuition, se défaire de l’intellect et faire en sorte que nos perceptions deviennent conscientes de la réalité. Cette prise de conscience correspond à une découverte de la parcelle de Lumière existant dans les Ténèbres pour la faire vivre et fructifier. L’origine du mot perception (du latin « capere » - prendre- qui a donné « percipere » - prendre à travers, recueillir par l’intelligence, connaître) nous éclaire d’ailleurs sur notre démarche qui revient à cultiver les différents sens de la perception, pour peut-être atteindre une certaine forme de connaissance. Le nom latin « capere » signifie également récolter. Ainsi, les frères, et la Loge, récoltent à travers les tenues rituelles une formulation en fonction de leur grade et ensuite à travers le rapport communautaire des travaux.
Nos instruments de perception doivent être remis dans le droit fil, lavés de tout conditionnement, de toute peur (Krisnamurti). Ce sont tout d’abord nos cinq sens qui nous permettent de communiquer avec les autres et notre environnement. Mais en initiation, les sens matériels et le cerveau ne suffisent pas. Il faut l’imagination créatrice.
Voyons donc la méthode, la mise en œuvre et le résultat pour percevoir au-delà des apparences ?
La méthode est l’imagination créatrice, que l’on retrouve d’ailleurs dans la démarche scientifique, car c’est elle qui donne une théorie dont on peut analyser les conséquences et que l’on peut vérifier par l’expérience. La racine latine « imaginatio » est une image liée à la vision. Si pour les scientifiques il s’agit du monde observable, pour les initiés il s’agit de l’invisible, du divin manifesté, de la Lumière, du Verbe créateur et donc des mystères comme la tradition dont on s’imprègne progressivement. Il ne s’agit pas de percevoir les mondes, mais la genèse des mondes, le processus de création. Les perceptions naissent à l’identique de la Lumière, mais ne concernent pas l’incréé qu’il est impossible de connaître, même si on peut l’approcher à la maîtrise. Elles sont comme une projection de l’idée primordiale qu’il faut intégrer en soi ; elles sont provoquées par l’univers dans l’âme qui peut les combiner pour qu’elles en créent de nouvelles, ce qui correspond à l’intelligence du cœur. Mais pour éviter que cette imagination ne se disperse, nous la centrons sur le mythe d’où découlent les rituels et symboles. Le jeu rituel des fonctions est l’axe qui canalise nos perceptions.
Aucune Loge ne peut percevoir pour une autre, d’où l’importance d’être indépendant et souverain. La Communauté est un réceptacle du divin que nous devons relier avec le divin en soi (notre parcelle de Lumière) pour que les deux ne fassent qu’un en prenant conscience que nous n’appartenons pas à notre ego, mais à ce divin. Ainsi, dès le début de la voie, percevoir l’essentiel et prendre conscience du réel intangible, c’est mettre en place une imagination libératrice et créatrice en capacité de nous permettre de visualiser et de vivre pleinement les symboles afin que se mette en place en nous une sensibilité consciente. C’est ainsi, en vivant ces symboles, que nous pouvons passer d’une vision individuelle (par nature formatée) à une vision symbolique (communautaire) capable de nous présenter les concepts de création dans leur authenticité et leur simplicité. Vivre les symboles au travers du vécu communautaire c’est pratiquer une langue sacrée et sortir de la subjectivité de nos expériences individuelles pour aller vers une série de prises de conscience qui mènent à la Connaissance.
Henry Corbin définit le concept d’imaginal, dont les sources sont dans l’imagination créatrice selon Ibn’Arabî (maître Soufi). Le monde imaginal symbolise pour lui « le contact entre Dieu et l’homme. Il se fait entre Ciel et Terre, dans un monde médian et médiateur ».
Aller vers le réel, c’est s’orienter vers la Cause, c’est voyager au cœur du mystère et apprendre à créer des liens entre nos sens immatériels, notre esprit et celui de la communauté en nous débarrassant de nos verrous intellectuels qui enferment notre cœur dans toute une série de dogmes et nous empêchent de voir au-delà des apparences. Cela commence donc par une série de franchissements de portes et par l’ouverture du regard qui va permettre la dilatation du cœur-conscience et de la joie qui en découle nécessairement, comme le souligne notre Règle lorsqu’elle indique que « La joie témoigne alors de la juste pratique de la Règle ».
Vivre et pratiquer la Règle c’est s’inscrire dans une dynamique communautaire au travers de laquelle la formulation des frères, née du don de soi, nous rapproche du Principe. Si au début de notre démarche, nous recevons des éléments essentiels, nous devons rapidement faire naître et développer en nous l’imagination créatrice car c’est elle qui va nous permettre de nous poser des questions auxquelles nous chercherons à apporter des réponses. Cette imagination, qui va se développer en nous grâce notamment aux frères en puisant dans les ressources de chacun et aux échanges que nous avons avec eux, devient créatrice et nous demande une implication et un début de structuration. Elle est à l’origine de notre dynamique de construction. Elle nous ouvre vers des domaines, non seulement physiques mais surtout du domaine de l’esprit. Elle nous fait appréhender le monde sous différents plans, nous relie au Sacré et construit des ponts entre le monde spirituel et le monde matériel. Pour nous, en tant qu’initié, s’ouvrir au Verbe pour nourrir notre imagination est nécessaire pour engendrer le phénomène créatif. En effet nous passons ainsi d’une idée à une représentation mentale de la finalité de l’acte ; nous passons d’une pensée sans image à une conception de l’œuvre qui permet d’engager la dynamique de concrétisation de cette idée.
C’est exactement ce qui se passe quand le Vénérable Maître met en place le plan d’œuvre (actuellement le plan de travail de la Communauté initiatique sur plusieurs années. L’ensemble des frères travaille ensuite à sa finalisation). Pour cela le maître d’œuvre s’imprègne de la tradition et se prépare à la transmettre.
La mise en œuvre passe, elle, par l’intériorisation des perceptions qui permet de se protéger des influences profanes et de penser par nous-même sur ce que nous avons choisi. Il ne s’agit pas ici d’introspection qui retournerait les perceptions vers l’ego et nous couperait de l’univers. Cette intériorité est nécessaire, du moins au départ, car nous travaillons sur nous et en nous, notamment pour établir les bases de notre construction. Nous prenons et recevons beaucoup au début de notre démarche, sans oublier que nous devrons à notre tour donner en retour. Cela implique une prudence (non une méfiance), sur ce que nous recevons, sur nos actes, nos influences ; à nous de garder l’esprit ouvert, détaché de nos certitudes. On pourrait même parler de vigilance plutôt que de prudence.
L’initié possède en lui une parcelle de lumière ou d’énergie qu’il a reçue lors de sa venue au monde. Il a perçu sa présence, ce qui l’a conduit à la porte du Temple. Cette mise en mouvement le conduit à parcourir deux chemins, l’un vers les autres, à la rencontre de ses frères, l’autre en soi respectant en cela le « Connais-toi toi-même », suivi de « et tu connaîtras les Dieux et le monde » pour passer de la Jérusalem terrestre à la Jérusalem céleste. Il s’agit donc pour nous de faire une place à la Lumière dans l’intérieur de notre être pour mieux l’éclairer, de réactiver la parcelle divine qui est en chacun de nous.
Finalement cette intériorité ne serait-elle pas la succession de trois phases :
- Appréhender la pierre en la travaillant,
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S’identifier à la pierre en la formant,
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Devenir la pierre qui devient l’image de notre intériorité par l’esprit.
Ce que nous venons d’évoquer a bien un lien avec la symbolique du signe du Cancer. Reprenons quelques unes de ses caractéristiques. La pince du crabe ou de l’écrevisse nous oriente vers un outil de création, la MAIN. Celle-ci, bien qu’outil de réalisation, est aussi un outil de perception et de transmission. Elle était au moyen-âge un outil de comptage qui permettait à la fois d’épeler les nombres et de les rassembler. A l’époque on comptait en base douze (base en rapport avec le cycle solaire), et ce en comptant toutes les phalanges à l’exception de celles du pouce. Cependant, si nous comptons toutes les phalanges des deux mains, nous arrivons à deux fois quatorze, ce qui nous donne vingt huit, nombre en rapport avec le cycle lunaire. Le signe du Cancer est un signe nocturne, relié aux cycles de la lune. Il symbolise la maternité, la gestation, le lait nourricier, le cordon ombilical. Il représente tous les cycles de gestation des embryons qu’ils soient humains, animaux ou spirituels. Il est donc en relation étroite avec la matrice, le sein maternel. Il crée « les ventres nourriciers », d’abord celui de la mère, puis ce ventre qu’est le berceau, l’auge, la crypte, la chambre de la maison, la chambre du Symbole (lieu de travail des apprentis), la chambre du Trait (lieu de travail des compagnons) ou celles du Milieu, du Temple, de la famille ou de la Fraternité. Au sein de la famille il y a la sécurité et la nourriture. En dehors de la famille c’est la menace et l’insécurité. Le Cancer est au croisement entre le monde lunaire (celui de l’imaginaire) et le monde solaire (monde du Créateur) ; la Lune et la Main sont donc liés. Ainsi il est associé au sens du toucher de l’invisible et de son passage dans le visible, à la capture et à la transmission de cet imaginaire créateur.
Si le Taureau permet la perception par les cinq sens, le Cancer donne accès à un sixième sens, formulé sur le crabe et l’écrevisse par les antennes ; par ce moyen il peut aller dans un monde de sensibilité qui pousse au rêve, à l’imagination et à la captation intuitive des réalités invisibles. Il est le premier signe à permettre d’envisager l’existence de mondes subtils, de voyager en eux (comme le décrit Carlos Castaneda), de rechercher un contact avec les puissances qui s’y trouvent. Il rend ainsi possible le culte des ancêtres, des divinités et des esprits de la nature. C’est la capture de ses rêves grâce à ses pinces qui va le nourrir. Le Cancer précède le Lion ; il contient le feu secret qui va s’exprimer dans le signe suivant. En lui c’est le plan du Temple qui est présent et que se conçoit le Plan d’Œuvre.
La carapace du Cancer nous rappelle également la notion de protection. Celle-ci est multiple. C’est d’abord celle du Temple (l’intérieur de la Loge, hors du temps et de l’espace dans un lieu où se pratiquent l’astrologie, la magie et l’alchimie) et des fonctions créatrices qui le font vivre et qui doivent être assumées au nom du Grand Architecte et non pour le petit bénéfice des individus ou de quelques-uns. Dès lors, les frères, qui ne sont pas protégeables s’ils sont isolés, peuvent devenir invulnérables aux conditions extérieures, qu’elles soient favorables ou non ; ils ne sont ni inquiets dans les difficultés ni euphoriques quand tout va bien. C’est tout le symbole du tablier porté par tous, les protégeant, protégeant les autres par une canalisation de l’énergie propre, mais surtout assurant la protection de l’œuvre. Le Crabe porte sur le dos sa maison qui protège son état originel.
Le résultat de cette méthode initiatique est la subjectivité, la douceur et la générosité. La subjectivité ne doit pas être asservie à l’ego mais à la Règle, en lien avec la Communauté initiatique. L’objectivité est un leurre car elle suppose une indépendance entre l’observateur et ce qui est observé. Comme le rappellent les scientifiques, l’objet observé est toujours modifié par l’observateur ; c’est un absolu en physique quantique où l’objet est modifié, transformé voire produit par l’acte d’observation. La subjectivité, en tant que primauté donnée aux états de conscience, laisse l’imagination créatrice agir ; on connaît par identification qui supprime la distance sujet/objet et non par analyse extérieure. Cela va nous permettre d’entrer dans une logique d’harmonie et de cohérence. Toutes nos interrogations, tout ce que nous apprenons, percevons, comprenons et tentons de vivre, doivent se retrouver dans une logique d’unification, ce qui va contribuer à la construction de notre être, et par extension, à la construction de l’édifice commun.
Les symboles, véhicules de l’enseignement traditionnel et traduction visible et sensible de concepts voire de valeurs, sont polysémiques (avec plusieurs sens). Chacun peut y puiser une signification subjective à travers sa perception qui permet de les comprendre et d’avancer. Formuler, c’est exprimer la diversité des interprétations possibles du symbole. Mais cela doit aboutir à une synthèse au sein de la communauté, guidé par la Règle.
Cependant la subjectivité débridée, hors de la Règle, peut poser problème. Pour revenir au signe du Cancer, le monde nocturne de la lune engendre aussi parfois des images faussées par les ombres de la nuit qui peuvent être porteuses d’illusions et de rêves stériles qui font souvent souffrir ses natifs lorsqu’ils sont confrontés aux dures réalités de la vie, ce qui provoque un phénomène de défense et de rejet de tout ce qui n’est pas eux et leur famille.
Mais cette approche n’est pas une indifférence au monde car elle mène à la bienveillance (bien veiller). Elle pénètre et domine tout, avec douceur et sans complaisance, dans un juste équilibre entre clémence et rigueur, comme Pharaon qui lutte sans faiblesse contre le désordre mais conquiert les cœurs par l’amour qu’il inspire. Cette douceur élimine l’amertume, comme pendant le rituel d’initiation lors du serment sur la coupe des libations. Après les épreuves, le futur initié retrouve un certain calme qui rappelle la douceur divine, issue de l’amour universel : « Je suis doux et humble de cœur » (Evangile de Matthieu 11.29) ; « Dieu est la sagesse qui dispose tout avec douceur… La sagesse trouve son expression dans une certaine tranquillité d’âme, alliée à une douceur spirituelle » (Saint Bernard. Sermon 78 et 95 sur le Cantique des Cantiques). Ce terme vient du latin dulcor, qualité de ce qui est agréable, sans heurts, qui s’oppose à la dureté. C’est nécessaire car il n’est pas question ici d’une simple compréhension intellectuelle, mais bien d’un vécu, au plus profond de nous-mêmes. Il faut donc laisser du temps au temps, conscient cependant qu’il ne faut pas en perdre, mais l’utiliser à bon escient. Nous y retrouvons une fois encore la pierre base de notre travail. Tailler la pierre n’est-ce pas lui donner une absence de rugosités ? Pénétrer la pierre ne se fait-il pas calmement ? Douceur s’oppose également à la violence (profane) qui ne doit pas exister au sein de la Loge, havre de paix, sans heurts. Il y a parfois des épreuves (initiation ou autres avancées en grade) mais si elle est présente, elle unit les frères. Elle n’est possible que par l’Amour et la générosité avec désintéressement. D’ailleurs générosité et amour (héssèd) sont proches dans la kabbale ; la vie est un juste équilibre entre la Règle et la générosité, donc avec le don.
La générosité est plus affective, plus spontanée que la justice qui est plus objective et intellectuelle. Les deux se complètent. La fraternité en est l’expression des uns envers les autres qui s’exprimera sous différents aspects.
Tout d’abord, elle se retrouve par l’accueil par les frères du nouvel initié. Ensuite, par notre façon de nous livrer aux frères, de témoigner de notre ressenti et de notre vécu, en toute sincérité, sans masque, sans complexes et sans fausse image. C’est une façon d’apprendre à nous libérer pour laisser place à une meilleure compréhension. C’est également le travail que nous apportons pour les autres, notamment en Chambre du Symbole ou du Trait pour la transmission en ne gardant rien pour soi, seule condition d’un réel vécu communautaire. C’est le frère au service de la Loge. Nous sommes dans une Communauté, et nous ne pouvons pas rester individuels. Offrir notre personnalité au groupe et permettre à un frère d’avancer, voilà bien les meilleurs gages d’amour
Reste un obstacle de taille qui obscurcit les perceptions : la susceptibilité. C’est le moi qui se sent touché et réagit, un des dragons que nous devons apprendre à maîtriser et dans lequel nous devons intégrer et faire vivre la Règle pour que son énergie puisse se mettre au service de l’œuvre réalisée en toute régularité. L’initié agit mais ne réagit pas. Toute réaction (contre soi, un frère, la communauté, le monde…) casse un lien vital et finit par isoler. Comme elle n’a pas sa place en initiation, elle doit être traquée pour suivre l’évolution du frère et pour vérifier la capacité de lâcher prise. Si elle est sûrement très présente au début de la démarche car révélatrice de nos travers et faiblesses, elle disparaît petit à petit si nous comprenons qu’elle doit être dominée pour laisser place à l’humilité, en restant vigilants, à l’écoute, en travaillant, en échangeant, en offrant.
Les perceptions comme le signe du Cancer sont donc liés à la Lune et au Secrétaire placé côté Lune dans le Temple. Celle-ci symbolise la déesse nocturne qui nous montre deux visages, l’un souriant, protecteur, nourricier, doux et généreux, l’autre inquiétant, menaçant, susceptible, destructeur.
L’amour maternel est soit évolutif (il nous fait grandir) soit involutif (il nous fait régresser). La Lune dans ses cycles de croissance et de décroissance représente ces processus. Le Soleil est fêté dans le Cancer signe de la Lune (saint Jean d’été), lieu de son apogée et début de son déclin. La lumière de la Lune émane de la lumière du Soleil, qu’elle capte comme un miroir et qu’elle nous renvoie d’une manière inversée. Elle est la barque qui transporte généreusement la Lumière solaire, son âme dans la nuit. Le rituel nous fait vivre ce signe du Cancer lors du voyage du Tronc (ou trône) de la Veuve, barque lunaire, et du tronc des offrandes porteur des travaux de nature solaire, véritable nourriture alchimique, offrandes qui seront partagées à la table du banquet. Le Cancer nous met au défi de comprendre où se cache l’illusion afin de ne pas nous laisser prendre dans les fils argentés de son astre lunaire.
En Égypte ancienne, une déesse au double visage nous ramène à l’énergie lunaire : D’un côté Bastet, la déesse chatte et de l’autre Sekhmet la redoutable déesse Lionne. Bastet porte parfois un pectoral avec un scarabée sur la poitrine, symbole du Cancer. Parfois elle tient un serpent entre ses pattes qui longe son torse et semble jaillir de son cœur. On trouve dans cette représentation une analogie avec la Vierge Marie que l’on voit également maintenir un serpent sous ses pieds, serpent qui tient dans sa gueule un Œuf, symbole de vie, de naissance et de renaissance, œuf qui est roulé par le scarabée formulation du Cancer. La symbolique est la même. La Vierge Marie tout comme Bastet est reliée à la Lune et aux mystères du signe du Cancer, à la douceur et à la générosité maternelle mais aussi à l’aspect redoutable que peut prendre la mère en tant que règle de vie dans sa forme de Sekhmet.