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I.9.a LE VOYAGE (La quête spirituelle ; l’exploration ; le désir)

          Après le signe du Scorpion qui détient la lumière enfouie dans les ténèbres, en sommeil, le Sagittaire incarne le voyage de la lumière vers son origine. Il unit la fin du cycle de vie du Scorpion et la sagesse de l’âme du Capricorne. Dernier signe de Feu du zodiaque, dernier signe d’automne avant le solstice d’hiver, le lieu de naissance perpétuel de la lumière, il donne l’axe qui l’unit au Cancer, l’axe du monde qui indique le Zénith et le Nadir.

          Le signe zodiacal du Sagittaire tire son nom du latin « sagittarius », archer. Il est généralement représenté par un homme-cheval, un centaure, parfois ailé, tirant à l’arc tantôt devant lui, tantôt derrière. En Egypte, c’était aussi Pharaon sur son char comme le soleil lançant un rayon de lumière dans sa course céleste, les roues du char représentant les cycles. De la nature du feu, c’est le prototype du chevalier (« mar » en indo-européen signifie cheval et brillant dans la tradition celtique ; le roi Marc’h était le roi-cheval, capable de courir sur terre, de voler dans les airs et de marcher sur l’eau, donc d’unir les quatre éléments), le guerrier en quête de lumière qui combat les ennemis de la lumière en lui-même et à l’extérieur. Le Sagittaire est l’union de l’instinct du cheval qui donne la force motrice comme l’élan vital et de la sagesse de l’homme qui dirige l’instinct vers une expansion. Souvenons-nous que le Sagittaire correspond aux cuisses du corps de l’Homme Zodiacal, lui donnant la puissance de mouvement.

          Le symbole stylisé du Sagittaire ci-dessus est la croix des éléments et la flèche, puissance d’animation. Fulgurante et dynamique, celle-ci évoque l’élan irréversible né d’une intention, d’un ciblage mais aussi d’une vision, d’un discernement sans faille de celui qui la tire car il connaît intuitivement la cible à atteindre. Elle indique la direction à suivre comme un éclair qui déchire la nuit qui va tomber avec le Capricorne. Elle est un feu qui se transmet généreusement.

          Tout ce symbolisme mène au voyage où l’homme peut s’extraire de l’animal, du profane, pour se diriger vers la lumière. Le voyage est implicite à la plupart des traditions, à toute initiation. Cela se rencontre dans la plupart des contes, légendes et mythes. En Chine, la Route de mille Li commence par un pas. Pour nous, ce pas nous a déjà menés devant la porte du Temple. Le voyage est l’essence de notre voie. Il n’est pas une errance mais un mouvement structuré, comme la vie. Tous nos rituels sont basés dessus ; celui d’initiation se fait par « trois voyages destinés à m’enseigner la Voie qui conduit vers la Connaissance » et qui prédisent la structure du parcours. Il y a un viatique pour chaque grade, étymologiquement « qui concerne la route à faire », « les provisions de voyage » ; il est indispensable en proposant non des vérités mais des ouvertures sur le sens de la démarche ; à chacun d’en faire bon usage. Dans les Petits Mystères, les rituels font découvrir les quatre éléments, en conformité avec le symbolisme du Sagittaire. Au frère de comprendre que ce voyage est permanent dans une dynamique incessante qui ouvre le regard sur ce qui compose l’univers, dans ce qui nous entoure et dans ce qui nous habite, dans la connaissance de l’instant que l’on vit.

          Quand débute le voyage initiatique ? Au moment où nous sommes initiés ? Il commence bien avant. Il faut être avant de devenir. Dès la naissance physique, sans doute. L’enfant apprend à parler pour communiquer avec son entourage ; il est guidé et encouragé par ceux qui l’entourent. Au fur et à mesure, sa conscience s’étend, s’élargit. A un point tel que certains êtres commencent à découvrir la quête spirituelle qu’est le voyage initiatique ; cette découverte peut être abrupte, progressive ou ne jamais advenir, mais il s’agit bien d’une étape où quelque chose de réel apparaît à la surface de la conscience.

          Quelle est la nature de cette quête ? Elle est recherche, mais pour être initiatique elle doit être spirituelle. Elle est à la fois une recherche et une demande : « Demandez ; cherchez ; frappez ». Les trois coups sont nécessaires pour que la porte s’ouvre. Mais à qui demander ? Au Grand Architecte. Notre quête ne concerne que l’Esprit, par ce qui peut y mener : l’âme. Celle-ci s’élève au-delà du matériel et tente de répondre ainsi à un désir de connaissance et de vérité.

          La fonction clef du voyage est le Maître des Démarches qui « incarne le pèlerin de la lumière et nous fait effectuer une quête incessante de l’univers sacré du temple ». Donc pas du monde extérieur. Nous voyageons dans l’invisible, dans le monde des causes, en soi et hors de soi, avec la carte qu’est la Règle pour percevoir l’univers dans son ultime réalité. La recherche du monde visible est certes utile et l’essence de l’homme a toujours été de découvrir et comprendre le monde qui l’entoure mais cela ne relève pas de l’initiation. Par contre la voie initiatique montre que l’invisible sous-tend le monde matériel et peut seule donner un sens à l’existence par la recherche de l’intemporel vers l’unité. En effet c’est par l’union harmonique des frères au sein de la loge, selon la Règle, que la Communauté initiatique peut accomplir ce voyage au sein de l’invisible.

          Cette démarche ne peut s’effectuer en solitaire, au risque d’y trouver très vite des limites infranchissables. L’appartenance et la participation active à une Communauté permettent de dépasser ces limites, au-delà de ce que nous pensions être capables. Un profane en quête se doit de rejoindre une Communauté initiatique lui correspondant. Celle-ci le fonde comme il la fonde et il n’en est pas une forme supérieure à d’autres. Rituellement, nous sommes toujours précédés du Maître des Démarches ou guidés par l’Expert. Nul ne peut voyager seul dans l’invisible. Qui que l’on soit, un être solitaire ne peut que s’y égarer, voire plonger dans les mondes intermédiaires. Le regard des frères est incontournable. « Quiconque est emmené en voyage est assuré du salut ; quiconque voyage par lui-même est en danger » (Ibn Arabî) ; « Je voudrais attirer sur ce point l’attention de ceux qui n’hésitent pas à s’engager sans guide ni directeur dans les voies de la vie spirituelle et croient qu’en cet art ils pourront être à la fois leurs propres maîtres et leurs propres disciples… En refusant la main d’un guide, on l’abandonne au séducteur. Et celui qui envoie son troupeau au pâturage sans berger, n’est pas un pasteur de brebis mais de loups » (Saint Bernard).

          Dès lors, nous pouvons donner du chemin à nos pieds, en veille et en mouvement permanents pour rester impeccables afin de pouvoir à tout instant agir en justesse au moment juste. Ainsi participons-nous à l’œuvre du Grand Architecte de l’Univers, accroissons-nous notre conscience et par elle, la conscience universelle.

         L’initiation, dans son étymologie, signifie « commencement » et « aller dans, vers ». Mais vers où ? La quête a-t-elle un but, une terre promise ? Là est la grande difficulté ; notre voyage n’a pas de but ; il y faut une grande liberté car le divin, l’Esprit, se trouve en toute chose, en tout temps, en tout lieu ; un but obnubile, masque ce qui est autour et empêche d’aller toujours plus loin. L’initié doit abandonner tout but, à commencer par celui de s’améliorer ; l’initiation n’est pas faite pour cela. Nicolas de Cues précise : « Le voyageur qui marche, si on lui demande où il est, répond, sur la voie. Si on lui demande d’où il vient, il répond, de la voie. Si on lui demande où il va, il répond, vers la voie. Et c’est ainsi qu’une voie infinie est appelée le lieu du voyageur, et cette voie est Dieu, de qui le voyageur tient son être et tout ce qui fait le voyageur ». Dès le début, le frère est tel Christophe Colomb parti dans une direction en espérant y trouver les Indes et qui découvre un tout autre continent dont il ignorait tout. Tout au plus, l’initié est en quête d’un salaire, d’une ouverture vers la Connaissance, d’une intégration à la création, à l’univers ; il explore ce à quoi il appartient ; avec ses frères, il est témoin de la création, donc beaucoup plus que spectateur.

          L’analogie de l’archer proposée par le signe du Sagittaire est éclairante. Le désir de toucher la cible à tout prix, ou bien la crainte de la rater, font que les emprises mentales entravent la réussite. « Tirer avec de latechnique améliore le tir, mais tirer avec l’esprit améliore l’homme » a dit un grand maître du Kyudo (art du tir àl’arc japonais défini comme une forme de méditation debout). L’archer se consacre en conscience à la libération deson être pour décocher la flèche, « sans pensées, sans but, sans désir, sans fierté et sans peur ». L’archer, laflèche et la cible ne font plus qu’un ; alors, sans viser, la flèche part soudainement et va immanquablement à lacible. Elle peut même aller au-delà car la cible n’est pas la cible et la flèche transperce le temps ; elle voleéternellement car, comme le chemin, elle n’a pas de limite. L’initié n’a aucune certitude de trouver, en sachant quetrouver c’est risquer de s’arrêter. En réalité le voyage n’est pas lié au temps et il ne débute pas plus à l’initiationqu’à la naissance ou après la mort. Il est lié à la vie en conscience et correspond à la phrase du viatique sur laplace du vénérable Maître : « Pour faire naître ce qui est et n’était pas encore, ouvrir la Loge, la diriger dans sacréation et l’éclairer de ses lumières ». Il n’y a ni début ni fin ; le voyage initiatique est de toute éternité. C’estainsi que la quête entraine une transformation profonde de la Communauté initiatique comme des frères.

 

          Bien sûr, ceux-ci ont besoin d’un moteur pour voyager : c’est le désir, véritable force qui met en chemin. Il vient toujours de la reconnaissance d’un manque que l’on souhaite combler. Ce mot vient du privatif « de » et de « sidus », étoile. A l’origine, c’est donc cesser de voir une étoile, d’où le regret de cette absence. Mais pour nous, ce désir, loin d’être une convoitise, doit être exclusivement d’amour envers le Verbe, la vie, la lumière ; il est donc spirituel ; tout autre désir extérieur éteint la lumière divine car il est individuel, devient un but donc un problème. D’ailleurs pour le Tao, faire le mal c’est être agité et mu par de nombreux désirs. Cependant ne confondons pas désir et besoin. Le viatique précise bien qu’un initié est un homme qui désire naître en permanence à la vie spirituelle, qu’il désire la lumière et la Connaissance, qu’il a un désir de création. Le mot permanent est essentiel car tout arrêt est une mort. L’absence de l’essentiel nous aspire vers l’essentiel. Le désir est une force qui attire.

          Comme l’archer, l’être de désir aligne son regard ou intention, sa flèche ou pensée et la cible devenue formulation. Cette posture ternaire permet de projeter la lumière, qui ne nous appartient pas, au-delà de nous, de perpétuer la tradition ; la pensée une fois formulée peut ainsi partir dans toutes les directions.

          Tout cela se construit dans les Petits Mystères dans un voyage vers le divin, hors de soi, pour découvrir ensuite l’ultime réalité du temple. C’est un feu subtil, attisé par les découvertes, qui permet de passer les portes et que l’on ne doit pas rejeter pour ne pas risquer de ne plus avancer. Le désir doit être vivant en sachant l’alimenter pour qu’il nous pousse à aller là où se trouvent les portes successives de l’initiation. C’est à cela que l’on reconnaît l’initié et qu’il est en mesure de vivre la lumière avec la plus grande conscience. Le désir devient foi inébranlable qui permet de franchir toutes les épreuves qui se présentent. Les Petits Mystères comportent des phases précises et ont une fin ; de la purification par les éléments à l’exploration de la Pierre Cubique le désir individuel se transmute en désir communautaire.

          Par la sagesse de la quête et la force du désir peut apparaître l’étoile qui révèle l’harmonie universelle. Etoile filante comme la flèche, elle indique une direction à suivre, comme un éclair qui déchire la nuit.


          Il en résulte une capacité d’explorer. Un voyage qui n’explore pas est inutile. « Un âne qui tourne autour d’une meule peut faire 100 miles ; quand on le détache, il est toujours au même endroit. Il y a des hommes qui marchent beaucoup et n’avancent pas » (Evangile de Thomas). Il va falloir partir à l’aventure, prendre des risques pour découvrir l’univers du temple, l’invisible, ce qui n’exclut pas de confronter les découvertes avec la dimension profane de la vie.

          Mais comment explorer ? Souvenons-nous de certaine représentation du Sagittaire. Il pointe en arrière dans un équilibre avec sa marche en avant. C’est l’axe Orient/Occident, celui du déploiement de la lumière mais sans perdre de vue l’origine. Voilà un équilibre dynamique entre l’origine et la reformulation permanente, toujours renouvelée. A la Communauté initiatique de viser sans cesse de nouvelles approches du divin pour ne pas figer la pensée. Mais explorer c’est expérimenter, éprouver les choses. La Connaissance ne peut venir que de l’expérience, pas de la logique ou du mental. Cela implique la pratique, le travail incessant. Un frère ne doit jamais s’arrêter de travailler et doit porter en son cœur, au quotidien, les sujets de l’œuvre en cours. Pas d’amateurisme : « Celui qui ne cherche pas avec tous les atomes de son corps, comme un noyé cherche l’air, celui-là ne contemplera pas les mystères de Dieu » (G. Meyrink – Le Golem). Le problème de l’individu est qu’il apprécie le confort du monde et s’effraie des effets du voyage ce qui peut conduire à renoncer ou retarder l’aventure. L’Evangile de Thomas insiste : « Que celui qui cherche soit toujours en quête, jusqu’à ce qu’il trouve, et quand il aura trouvé, il sera troublé ; ayant été troublé, il s’émerveillera ; il règnera sur le tout ».

          Il reste à ne pas s’égarer dans l’exploration de l’invisible, donc d’avoir une carte. Elle a trois aspects. Son point de départ est le mythe car il permet aux frères de se rassembler et de les éveiller au-delà de l’humain. Pratiquons et faisons évoluer nos pratiques mais toujours en passant par le rituel accompli au moment juste. Notre exploration comme notre construction en tant que frère se font par les quatre éléments ce qui est indiqué dès le début de la voie par le rituel d’initiation. La Pierre Brute est la pierre d’exploration de l’Apprenti et celle du Compagnon est la Pierre Cubique. Souvenons-nous du roi Marc’h qui unit les éléments et où le cheval est analogue à la pierre.

          Deuxième aspect, la carte est structurée par la Règle propre à notre Communauté.

          Enfin, la carte s’anime par le plan d’œuvre qui est comme un défi à l’invisible. Nos travaux mettent en mouvement et donnent le comportement qui trouve. Pour cela, un Vénérable Maître fait parfois faire des choses qui semblent n’avoir rien à voir avec la quête, comme faire des rapports, installer le temple ou servir les frères…

          Notre voyage est une quête spirituelle propre à notre Communauté initiatique. Chaque Communauté crée un voyage correspondant à son mythe, à sa vision à un moment donné, selon les frères qui lui insufflent leur souffle vital. Elle explore ainsi certaines ramifications du voyage initiatique universel.

 

          Puissions-nous ne jamais quitter notre chemin de vie, particulier mais plein d’amour.


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