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I.9.c LE GUIDE (indépendance ; organisation et enseignement ; développement et épanouissement)

         Peut-il y avoir un gourou sur notre voie initiatique ? Certainement pas. Nous allons voir ce que nous entendons par guide dont l’archétype est le signe du Sagittaire pour nous demander ensuite de quoi il est indépendant, comment il organise un enseignement pour permettre l’épanouissement du Verbe dans la Communauté initiatique.

         Le signe du Sagittaire montre un être mi-homme et mi-cheval, la tête au ciel et les pieds sur terre, tirant à l’arc. Médiateur entre les mondes, il sait accorder l’homme et le cheval (l’instinct), et guérir tous les maux. Tout comme Pharaon sur son char tirant à l’arc des flèches de lumière pour combattre les ennemis comme pour indiquer le chemin à suivre, il montre les différents aspects de la voie. Il est capable d’aller très loin et de percevoir des domaines que les autres ne voient pas. Il peut donc les y emmener sans perdre de vue les réalités matérielles et ce qui est possible. Il appartient à ceux qui lisent, à ceux qui voient, de comprendre et de faire leur choix.

         Le mot guide provient de l’ancien français « guis » issu du bas-latin « guido », et du francique « witan » (montrer le chemin) à partir de la racine indo-européenne « weid » (savoir). Le guide sait et montre le chemin. Ce ne peut être un individu sinon ce serait un gourou. Parce que la voie initiatique permet de donner aux frères les moyens de se construire les uns par les autres, il est possible d’entrevoir la Communauté initiatique comme un guide.

         Dans le principe, c’est l’Initié passé à l’Orient éternel ; dans la pratique, ce sont les fonctions créatrices à travers les officiers de la loge dirigée par le Vénérable Maître qui est le maître d’œuvre, guide qui construit l’œuvre. L’archétype en est le Maître des Démarches dont il est dit :

« Tu as le devoir d’incarner le pèlerin de la Lumière, d’effectuer une quête incessante dans l’Univers sacré du Temple. A toi de nous enseigner le mouvement et d’ouvrir les chemins de l’Initiation. Lumière qui précède l’Être, oriente nous vers la perfection de l’œuvre. Sois le lien d’harmonie toujours renouvelé qui empêche le désordre et la confusion. Procure à toute recherche initiatique une forme purifiée sur laquelle elle pourra s’appuyer ».

         Lors du rituel d’initiation, le néophyte donne sa main à celui qui le guide avec confiance. Yeux bandés, déstabilisé et prêt à renaître, il avance alors d’un pas plus ou moins décidé ; si sa confiance est totale, son pas sera assuré et il n’aura aucune hésitation, quelle que soit l’épreuve qu’il traversera, y compris dans la chute. S’il n’a pas la foi ou s’il ne s’abandonne pas à ses futurs frères, il hésitera, trébuchera, vacillera. La communauté toute entière est un guide bienveillant pour conduire le futur initié jusqu’au sommet de l’Orient. Et c’est le rituel qui a été la voix du guide en donnant tous les secrets du voyage vers l’Orient. Le rituel donne les bonnes adresses pour pouvoir bien se nourrir et les bons plans pour pouvoir admirer la création en action. Si nous sommes perdus, il faut s’y replonger, y faire référence. Le tableau de loge au cœur du rituel est une carte indispensable pour parcourir la voie. C’est du tableau de loge que démarre la spirale de vie d’où tout apparaît. C’est ainsi que chaque frère est un guide pour l’autre. Chaque expérience vécue apporte une perception de la voie qui est donnée intégralement mais très voilée depuis le premier jour de l’initiation.

         Sur la voie initiatique, le guide agit en toute indépendance du monde profane. Être indépendant, d’après la définition du dictionnaire, c’est ne plus dépendre de quelqu’un ou de quelque chose. Sur le plan initiatique, c’est de ne plus dépendre de tout ce qui empêche de nous fondre dans l’invisible. Être bien guidé permet de s’émanciper de l’ego comme de la matérialité qui empêchent de se tourner vers l’essentiel, et donc de ne se rattacher qu’au Un pour porter la conscience vers le ciel. Nous sommes à la fois un symbole de l’unité et une infime part de l’unité, mais la conscience de la ternarité corps/âme/esprit permet d’unir la matière, la pensée et le divin contenu en chacun qui relie au tout. Il ne s’agit donc pas de liberté ; ce n’est pas le refus de tout lien d’influence ou de décision ce qui serait anti-initiatique. L’initié choisit ses liens, en commençant par la règle, le devoir, l’obéissance créatrice à ce qu’impliquent les fonctions attribuées. Mais dans ce cadre, il doit être lui-même. Il n’est jamais demandé de ressembler à un modèle idéal. Chacun a des potentialités et doit les utiliser tout en respectant les frères pour ce qu’ils sont. Si le frère est accompagné par la communauté, il reste avec ses capacités dans la perception du chemin et des terrains d’exploration. Le Vénérable Maître, par l’élaboration du plan de travail, donne le cap mais chacun s’exprime à sa manière. Nous sommes tous reliés par la fraternité mais nous gardons une façon de penser qui fait la richesse d’une Communauté initiatique. Alors, par celle-ci, tous peuvent aller au-delà d’eux-mêmes et de ce qu’ils croient possible. Seuls, nous ne pouvons pas faire grand-chose ; par contre, bien guidés par la Loge, dans le respect d’une règle, et vivant un mythe à travers ses rites, pratiquant le don et le partage communautaire, nous pouvons espérer avancer sur la voie de la quête de la Connaissance.

         Le guide, en tant que Communauté initiatique, organise alors son enseignement. L’organisation de la vie de la loge dépend entièrement de la règle. Le mot sanscrit « Dharma » ou « Dhamma » signifie, entre autre loi, règle, phénomène, justice, vérité, enseignement. Sans organisation régulée, pas d’enseignement initiatique. Mais celui-ci n’est pas fait pour améliorer l’individu ; il mène à la pierre cachée. Il réside d’abord dans la méthode et non dans une doctrine révélée, formatée car une pensée prémâchée est indigeste. La pratique des rituels, la méditation sur ces rituels et les plans de travail, l’accomplissement des tâches quotidiennes ne peuvent être séparées. Le guide est « sba », mot égyptien qui signifie à la fois étoile, porte, enseignement, instrument de visée d’arpentage ; il doit être une étoile à suivre, une porte à nommer et franchir qui déclenche un enseignement. A la condition bien sûr qu’il n’y ait pas de différence entre ce qu’il est et ce qu’il enseigne. Il fait donc voyager et c’est le voyage qui enseigne car c’est au frère de parcourir le chemin. Sans ce « sba », la pensée se fourvoie. C’est l’aspect du mouvement de la règle qui est ici mis en avant. Ainsi, lorsque le frère suit le guide à travers la règle, il ne peut pas se perdre. En écoutant son devoir, il ne peut pas s’égarer. Cette règle peut être considérée comme divine dans le sens où dans sa découverte et dans son acceptation, chacun s’applique à trouver l’essentiel pour que vive et se développe l’esprit de la Communauté initiatique, dans l’intérêt de celle-ci et non d’un ou plusieurs de ses membres. Il y va donc, dans la découverte par chacun de la règle, d’une profonde remise en question, d’un détachement individuel et d’une prise de conscience du partage avec les frères. Tourné vers la perception de l’unité, l’initié peut ainsi aller vers la recherche et la connaissance des causes. L’enseignement, qui passe essentiellement par la transmission de la tradition, est dispensé à travers les trois grades de la hiérarchie causale. Le Vénérable Maître et les deux Surveillants incarnent le Trois qui dirige la loge, à travers les trois chambres : du Symbole, du Trait et du Milieu. C’est dans ces ateliers que se développe et s’épanouit la Tradition et qu’elle reste une parole vivante. Étymologiquement, enseigner vient du latin « insignare », signaler. Le chemin est montré, mais c’est le disciple qui le parcourt, même si le Maître ou guide l’accompagne.

         Celui qui a la fonction d’enseignant doit avoir les aptitudes nécessaires et non le désir de transmettre ; c’est un devoir, une responsabilité et non un plaisir que l’on s’accorde. L’enseignement repose sur le Nombre qui nous est connu, émanation du grade. Le banquet est le lieu de ce partage de connaissance, de cette croisée des chemins parcourus par chacun des frères et le rapport des travaux est la mise en musique des notes exprimées par chaque frère. L’enseignement reçu n’est ni rationnel ni composé de réponses toutes faites et définitives. Il est qualitatif, ésotérique. Les mystères se vivent. Et c’est cette aptitude à les vivre qui va se traduire par le développement des perceptions, le passage de l’intellect au cœur-conscience. Tous les frères, par la pratique de la règle, deviennent ainsi les parties indissociables du guide communautaire dans lequel les apprentis ont autant de capacité d’enseignement et d’apprentissage que les frères compagnons et maîtres. De par une capacité d’écoute mutuelle, les frères, et cela quelque soit les Nombres qui leur sont connus, sont en aptitude d’apprendre des hésitations ou des expériences des autres frères.

         Le guide peut donc faire germer le grain, source de tout développement pour que vive la Vie. Celle-ci, dans son principe, croît, comme la conscience. Chaque mort n’est pas un arrêt mais la préparation d’une renaissance, au-delà des individus. Par définition, l’épanouissement est le développement de la corolle des fleurs. Dilatation, expansion, accomplissement, c’est-à-dire réalisation de ce pourquoi on est fait. L’épanouissement des frères est nécessaire car sans cela il ne se passerait rien, les fonctions ne pourraient vivre. Mais ce n’est pas un but en soi, simplement un signe de justesse comme de joie.

         La fonction du guide initiatique est d’obtenir l’épanouissement du Verbe à travers la Communauté initiatique et les frères, et donc de l’Homme sur terre, de l’Homme universel ; le Verbe ne doit pas retourner à son origine en étant affamé, sans avoir pris forme. Il s’agit de permettre le développement de ce qui en nous est incréé et cherche à s’accomplir. Dans tout être isolé l’ego prend la place de ce quelque chose. Les actions initiatiques sont là pour rendre fécond et permettre à l’esprit, incréé par nature, de s’épanouir. Sous ces différentes conditions, le développement de chacun se fera progressivement, mais sous l’empreinte de la Communauté, c’est-à-dire sous la bienveillance de tous. Il n’est plus question de compétition ou de supériorité de l’un par rapport à l’autre mais de l’élargissement de la conscience de chacun, dans le sein communautaire, et pour le bien de tous. Seul importe vraiment l’esprit communautaire, qui, indirectement, permettra à chacun d’évoluer selon sa propre personnalité.

         La règle est donc un lien qui libère et élève les cœurs-conscience au travers d’un travail communautaire exigeant et ponctué de moments rituels au service du Principe ; voilà comment il est possible de qualifier la voie initiatique pour laquelle le sens du mystère est le véritable guide permettant aux communautés d’ouvrir les portes de la sensibilité juste, point de départ de tout développement et épanouissement en harmonie. Cela ne peut se faire dans un contexte égoïste, mais seulement à travers la conscience d’un besoin, voire d’une nécessité de partage et de don, en un mot, de pratique de l’amour de l’autre.

         Le guide communautaire vient d’une œuvre finie et va vers une œuvre à accomplir et la loge peut ainsi s’épanouir comme la rose qui révèle toutes ses pétales.


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