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I.10.b LE SENS DU DEVOIR (discipline, effort, rigueur ; travail, méthode ; persévérance)

         L’entrée en initiation marque un passage d’une démarche personnelle dans laquelle nous percevons qu’elle ne peut se réaliser que par et avec les autres, vers une démarche orientée vers une œuvre supérieure, au-delà de nous. Elle nous offre la capacité d’ouvrir des portes sur notre voie de recherche, mais nous inclut dans une voie de devoir, orientée vers un but qui nous dépasse. Nous allons préciser ce qu’est le devoir initiatique puis comment il s’exerce pour être efficace.

          Le devoir est caractérisé par la notion d’obligation de don ou d’action envers quelqu’un ou quelque chose.  Alors, que doit-on ? Pour Saint Thomas d’Aquin, la création du monde par Dieu a institué un ordre normatif assignant à l’homme des fins naturelles. A nous d’écouter le Dieu qui est en nous, autrement appelé notre parcelle de lumière, et non nos envies ou opinions. L’accomplissement du devoir n’est rien d’autre que la poursuite de ces fins, à condition bien sûr de les percevoir. L’animal n’a pas de devoir. Ce qu’il est comme ce qu’il fait sont déterminés par sa nature, ses instincts et les conditions extérieures de vie ; il est régi par des nécessités. Il y a bien une différence de nature avec l’homme qui nous conduit à distinguer le devoir et la nécessité. Il faut donc percevoir et être dirigé par le cœur-conscience, seul organe capable de voir au-delà des apparences, car libéré en justesse des illusions crées par les sens physiques. La question est alors de savoir vers où nous porte notre cœur. Il n’est pas un but, une fin en soi, mais un outil, une boussole à notre disposition pour guider nos pas et suivre le chemin, selon le cœur-conscience, la volonté et l’intuition.

          Ce devoir est hiérarchisé mais concerne toujours la participation à l’œuvre communautaire :

  • Pour l’Apprenti, il s’agit de s’intégrer à la Communauté initiatique, de comprendre 

quelle est sa juste place et sa fonction, et à les incarner selon la Règle.

  • Pour le Compagnon, c’est accompagner les Apprentis en travaillant sur la pensée

 sans image, en formalisant celle-ci, et en manifestant la magie de la vie.

  • Les Maîtres doivent entendre le Verbe, guider la Communauté initiatique et assurer la

pérennité de l’œuvre.

  • Pour la Communauté initiatique, il s’agit de transmettre la Vie et le Verbe en harmonie

avec la Règle.

          Il s’agit en fait, dans tout cela, de faire vivre et de développer notre conscience du Divin, et d’en être les témoins. Nous le devons à ceux qui nous ont donné cette capacité d’entendre le message et qui nous ont transmis la vie. Nous agissons pour rendre témoignage de l’action de la Veuve, du Grand Architecte de l’Univers, et, à travers eux, du Principe.

          En fait, si on y regarde bien, s’agit-il réellement d’une contrainte ? N’est-ce pas plutôt une cohérence avec la Vie elle-même, à partir du moment où l’on comprend ce qu’elle est et d’où elle nous vient ?

 

         Tout commence par l’effort, qui toutefois restera inefficace sans méthode, et qui n’aboutira pas sans persévérance.

         L’effort est essentiel à toute transformation, car c’est une force qui met en mouvement, et il n’y a pas d’évolution sans mouvement. La « Tourbe des philosophes », ouvrage du 12ème siècle, précise : « Chercheurs de cet art, vous n’arriverez à rien d’utile sans un grand travail de la pensée et un régime continuel…. Broie, cuis, réitère te ne t’en fatigue pas ». Cependant, on ne travaille pas seul, mais toujours en Communauté, ou dans une Chambre, pour « participer, en humilité, à la construction du Temple ». Un travail médiocre y aura de répercussions négatives.

          Cet effort doit être discipliné. Le sens du devoir est une ligne de conduite qui n’existe en réalité que grâce à la discipline dans nos actions et dans l’ordre que nous impose la pratique même du métier d’initié. Le sens premier du mot discipline est enseignement. Pour nous, c’est l’enseignement de la Règle, et donc l’obéissance à celle-ci. La mise en pratique de la Règle est une prise en compte permanente de toutes les composantes de la vie, qu’elles soient matérielles ou en esprit. Chaque Frère a le devoir de découvrir la Règle dans sa totalité, et de la vivre en esprit et en vérité ; rien ne doit l’en détourner. Il est alors un homme de devoir qui peut pénétrer dans le Temple couvert. A chaque instant de notre existence nous sommes présents, nous agissons, remplissons nos fonctions pour les autres, pour la Communauté initiatique, mais pas pour nous. Nous sommes tenus d’intégrer ce sens du devoir à tous niveaux : depuis le Grand Architecte de l’Univers, et à travers lui la Règle et la Vie en général, jusqu’à notre Communauté initiatique et même nous-mêmes. C’est par la vie selon la Règle que nous pouvons percevoir le devoir, le comprendre et l’exprimer, car l’essentiel ne saurait être écrit dans un règlement ou une loi humaine. C’est un peu comme nos cinq sens qui nous permettent de percevoir le monde et de nous guider.

         Cela va avec le courage et la pratique assidue de l’initiation, sans louvoiement ; d’ailleurs, dans la kabbale, la ligne droite se nomme rigueur. Et il n’y a pas de meilleur apprentissage de la rigueur que la Géométrie sacrée.

  

       La clef de l’efficacité est la méthode initiatique qui consiste à travailler à la limite de ses possibilités, mais sans stress ni tension, sans nous éparpiller, et en gardant la constance de notre voie. « Meta hodos », c’est « vers le chemin », donc la voie qui rassemble l’ensemble des activités efficaces dans l’adhésion au processus de création pour établir des liens entre les parties et le tout. Zosime de Panopolis (4ème siècle) : « Car chaque chose se fait selon une méthode, selon un poids étalon et selon une pesée par once des quatre éléments. Sans méthode, la combinaison et la décomposition de toutes choses et la connexion de lensemble ne se produisent pas ». Pragmatisme, écoute et expérience sont les ingrédients de la méthode initiatique qui conduit les êtres à ne rien considérer comme acquis sans pour autant douter de la voie.

Plus précisément, pour nous, elle est triple :

  • La méthode de l’Air consiste à unir la vie cosmique et la vie humaine donc à travailler

en cherchant à unir le haut et le bas, le visible et l’invisible, les causes et leurs

manifestations, en utilisant l’analogie, la symbolique, et surtout l’intelligence du cœur sans

diviser les choses, mais au contraire en conciliant les contraires, en se situant au centre de

la Loge. C’est faire silence pour percevoir la musique des sphères et donc la Tradition.

  • La méthode de l’Eau pour se purifier de la mentalité profane et aller au cœur des symboles, chercher sans cesse lindifférencié, labstrait pour remonter aux causes et, quand celles-ci se manifestent, en comprendre la cohérence.
  • La méthode du Feu qui peut révéler la Cause au-delà des causes. C’est aborder toute chose avec l’amour, en laissant la sensibilité initiatique s’exprimer. C’est savoir écouter les Initiés passés à l’Orient éternel, qui, quel que soit le travail à faire, ont quelque chose à nous dire, et écouter nos Frères en s’intégrant toujours d’avantage à la Communauté initiatique. Seul ce Feu créateur peut élever la conscience. Dans chaque travail, nous devons rechercher l’Esprit, et tenter de le révéler avec le seul objectif de participer à l’œuvre en cours.

          Si la paresse est la nourriture du doute, le travail est créateur de certitude et construit des êtres de connaissance. Le travail est central dans la démarche. Dans son sens usuel, la voie longue se nourrit de ce travail pour alimenter la voie brève et nous faire avancer. Mais il agit également dans son sens étymologique qui le rapproche du tourment, de la souffrance, en dehors de toute notion de masochisme ; nous devons combattre nos tendances naturelles, notre ego, notre existence profane, qui sont autant de freins apparents à notre démarche, tout en étant finalement des sources d’efficacité par la volonté. Saint Bernard précise que : « Les devoirs utiles sont d’une urgence contraignante à tout moment ». Il n’y a pas de temps à perdre dans l’accomplissement, puis, « fais ce que doit, advienne que pourra », autrement dit, on ne doit pas se préoccuper du résultat, de l’efficacité. La principale difficulté est, là encore, évoquée par Saint Bernard : « Il ne sert à rien de savoir ce que l’on devrait faire si l’on n’a pas reçu en même temps la volonté de le faire ». Et là, Sarastro donne la solution : « Et si un être faillit, l’amour le guide vers le devoir » (Acte II, scène 12 de La flûte enchantée).

 

         Notre démarche nous permet d’acquérir et de mettre en œuvre la persévérance dans notre action qui nous permet de nous projeter au-delà de nous, dans le temps et dans l’action, mais surtout au-delà de notre propre existence. Être persévérant implique de ne pas baisser les bras devant les obstacles, et de continuer sur la voie, de poursuivre son but qui n’est pas une fin en soi, mais qui importe par son implication dans le travail communautaire. Dans persévérer, nous avons la racine latine « severus » qui nous renvoie à la rigueur, donc à la vie avec la Règle. C’est le régime continuel des alchimistes, sans se laisser contaminer par le doute et la lassitude, afin de percer la vérité : « percer vere », ou plutôt en vérité.

 

         Il est donc possible de dire que le sens du devoir s’acquiert, se construit, s’entretient, s’enrichit et se recherche en permanence et de manière consciente dans toutes les actions que nous effectuons et menons au service du Principe. Le devoir est essentiel dans notre démarche ; aussi, plus nous avançons, plus nous comprenons qu’il est l’essence même de notre voie et qu’il est naturel. Il devient le moteur et non plus le moyen. Il est la marque de reconnaissance de notre parcelle vitale et de notre conscience de son action en nous.

         Se préoccuper du sens revient à avoir conscience de l’utilité. Pour la Communauté, c’est évoquer l’Esprit partout présent et l’amener à la lumière en créant de la Sagesse, de la Force et de l’Harmonie dans les œuvres, et de célébrer la Vie dans sa toute-puissance par les rituels. Pour un Frère, c’est d’accomplir ce qu’exigent les fonctions reçues, sans pratique routinière.


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