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II.3 QUELQUES OBSTACLES

Suppression des cinq empêchements :

- Rejetant la convoitise pour le monde, il demeure avec un cœur libre de convoitise

- Rejetant l’agressivité (la malveillance), il demeure bénévolent, plein d’amitié et de compassion envers toute vie, il purifie son cœur de la malveillance

- Rejetant la torpeur et la langueur, il demeure vigilant et alerte, de notion lumineuse, composé, clairement conscient, il purifie son cœur de la torpeur et de la langueur

- Rejetant l’agitation et la rumination (des soucis), il demeure composé, intérieurement pacifié, il purifie son cœur de l’agitation et de la rumination

- Rejetant le doute (stérile), il demeure délivré du doute. Ne se posant plus de questions sur ce qui est profitable, il purifie son cœur du doute (stérile) ». (Dhammapada, versets sur le Bhikkhou. Les Dits du Bouddha).

Lorsque le Dao est dispersé, il devient vertu ; lorsque la vertu déborde, elle devient humanité et justice ; lorsque l’humanité et la justice sont prises comme normes, le Dao et sa vertu sont abolis » (Huainan Zi. II. 11a)

 

         L’étymologie du mot obstacle vient de « obstare » qui signifie se tenir devant et « stare » qui signifie être debout, dressé. Cela indique que l’être fait face à quelque chose qui se dresse devant lui. Les obstacles sont inhérents à toutes les formes de la vie, à tout cheminement ; le nier consisterait à faire preuve de naïveté et en rencontrer sur la voie initiatique n’est une surprise pour personne. Ils sont des éléments qui empêchent de passer, d’avancer facilement sur un chemin quel qu’il soit. Par définition, ils doivent être franchis, ne jamais rester incontournables, et ils sont amenés à être dépassés. Tout obstacle non dépassé conduit au dessèchement, à la mort qui ne produit rien, à une mort stérile. Le plus dangereux est celui qui nous semble petit, car, comme le dit le Taoïsme, on ne trébuche pas contre une montagne mais une fourmilière peut nous renverser. Les initiés rencontrent donc des épreuves et des difficultés, qui, une fois surmontées, permettent à la Communauté initiatique d’acquérir de nouvelles expériences et d’enrichir le niveau de conscience de la Loge comme de chacun des frères. L’essentiel est de faire en sorte d’agir face aux contraintes et non d’être agi par les événements. Les obstacles sont donc à entrevoir comme des empêchement à l’animation, voire à l’évolution de l’Homme, mais aussi comme des opportunités permettant aux initiés d’aiguiser leur capacité d’écoute, de parfaire leur aptitude au discernement, d’améliorer leur capacité d’écoute, d’entendement, de vision et de voyance. Ce peut être le moyen d’entrer de plus en plus profondément dans les mystères de l’initiation, dans le mythe. Ces obstacles peuvent conduire à une forme très particulière de mort tout comme dans le mythe d’Hiram.

          Nous allons voir qu’ils sont tous liés à l’ego et empêchent d’être en état de perception. En effet, l’ego est l’obstacle majeur à toute démarche spirituelle et entrave les êtres qui travaillent en conscience à la libération de leur cœur-conscience. Il nous plombe ; il reste donc à le maîtriser par les épreuves et les combats contre lui avec vigilance et persévérance. Il ne s’agit pas de faire le vide en soi ce qui de toute façon est difficile, mais de le mettre de côté par étape à travers toutes les formes qu’il prend sans le supprimer ce qui serait suicidaire. Il va falloir dominer l’affect en faisant taire le mental car l’Initiation met en état de perception et non de compréhension. Pour dépasser les formes multiples de l’ego, il faut les identifier et les nommer car comme il est dit : « Pour combattre ses ennemis il faut d’abord les connaître ». Sun Tzu dans « L’Art de la Guerre » disait : « Si tu ignores à la fois ton ennemi et toi-même, tu ne compteras tes combats que par tes défaites ».

          Il nous faut alors dénombrer toutes ces formes qu’utilise l’ego. Si le monde occidental reconnaît depuis longtemps des passions pouvant détourner l’homme de ses devoirs et de ses liens avec le divin, on peut noter celles fournies par Evagre le Pontique (moine du IVème siècle), inspiré par Origène, comprenant deux groupes. Il y a les irascibles ou frustrations (désespoir, orgueil, colère, tristesse) et les concupiscibles ou désirs de possession (avarice, luxure, gourmandise, gloire personnelle). Le monde chrétien quant à lui a retenu les péchés capitaux comme éléments pouvant couper lhomme de Dieu : la paresse, lavarice, lorgueil, la colère, la gourmandise, lenvie et la luxure.

          Le Dhammapada nous en donne une autre interprétation qui rejoint les passions ou péchés occidentaux : la convoitise, l’agressivité, la torpeur et la langueur, l’agitation et la rumination, le doute stérile. On pourrait en citer bien d’autres ; chacun a les siens mais la solution est toujours la même. Ces cinq obstacles à l’Initiation insistent sur le Nombre de l’incarnation (cf. Koelliker), le nombre de Saturne ; les obstacles sont toujours bien incarnés et donc difficiles à surmonter.

         La convoitise est une expression de volonté de possession de notre ego. Reflet de notre société matérialiste, elle est le désir avide, immodéré et déréglé de ce qu’un autre possède. Elle est liée aux désirs multiples qui détournent du chemin et mène à la révolte, donc à l’agressivité. Elle implique une vision déformée du monde et fait passer en premier plan une pseudo inégalité et un esprit de compétition. Ces désirs ne peuvent être satisfaits car ils créent un phénomène dappétence permanente. Cest un élément de perte de cohésion avec soi et les autres par égoïsme et égocentrisme.

         L’agressivité conduit à la pire chose qui soit sur la voie par non maîtrise de soi : la violence, la destruction. Signe de non intégration à la Communauté initiatique, éventuellement liée à l’esprit de compétition, elle peut saccompagner de la malveillance qui est la tendance à blâmer autrui et à lui vouloir du mal. Si ces deux-là sont en nous, cela signifie que nous sommes en lutte avec nous-mêmes, que nous n’avons pas trouvé notre place et que nous rejetons la cause de ce mal-être sur tout mais pas sur soi-même.

          La torpeur empêche de fournir dans le temple un travail authentique dont le tablier est un symbole alors que toute tenue est un moment de travail ; rappelons que cela est contrôlé par le Couvreur à la sortie du temple couvert. Avec elle il ny a pas dœuvre possible et donc pas doffrande au feu de la saint Jean. La torpeur, la langueur, lindolence, par engourdissement de l’esprit, sont ce qui empêche tout activité même sil ny a pas perte de conscience.

          L’agitation fait référence à des mouvements fréquents, intenses et en tous sens. Elle empêche l’action initiatique car elle perturbe le milieu, de la même manière que l’agressivité. C’est le contraire de la paix, du « hotep » égyptien qui signifie à la fois paix, sérénité, satisfait, paisible ainsi qu’offrande, don.

          Le doute stérile est encensé par notre époque. Il est l’incertitude sur l’existence ou la vérité d’une chose. Mais ce n’est pas le contraire de la certitude. Il surgit dès que l’on est dérangé par quelque chose ; il empêche de s’approprier des notions nouvelles ou inhabituelles et rejette ce qui est au-delà de ce que l’on connaît. Douter, bien souvent, c’est s’arrêter par peur de se tromper. Cela rend malheureux et mène aux « Fake news ».

          Tous ces obstacles montrent que, quand on laisse le désordre et l’entropie disperser l’énergie spirituelle (l’éloignement du Un), c’est au mieux l’humanisme avec la justice qui prennent la place de l’Initiation, et le Un disparaît de la conscience des hommes. La dispersion peut alors aller toujours plus loin. C’est ce qui se passe actuellement en Occident. Ce sont des empêchements qui entravent l’être, son mouvement, son épanouissement ; on ne peut plus parcourir la voie en toute liberté. Ce sont autant d’attitudes anesthésiantes de la conscience qui mettent l’ego au centre de l’existence de ceux qui se soumettent aux diktats de leurs pulsions et autres faiblesses.

 

          Alors, quelles sont les solutions ?

         Dans tous les cas, après avoir identifié et nommé les obstacles qui sont variables avec chacun, il suffit de se concentrer sur la fonction de frère selon la Règle, de servir la gloire du Grand Architecte et de rechercher en toutes circonstances la Connaissance par le travail et la constance. Cela revient à l’intégration à une Communauté initiatique, sans chercher ni à se faire plaisir ni à se faire mal : c’est transformer l’individu en frère. Et n’oublions pas d’écouter le Second Surveillant, celui qui décèle les écueils et les obstacles comme le rappelle le rituel.

          Notre démarche fraternelle et communautaire ne peut se départir complètement du fait qu’elle est composée d’êtres plus ou moins soumis à leur instinct, leur ego, au thème astrologique de leur naissance, qui les inscrivent dans un destin et des contraintes. Pour que ces métaux ne soient pas des obstacles et deviennent des moteurs de la démarche, ils doivent être déposés à la porte du temple et être amenés au frère Trésorier dans le temple couvert afin d’y être purifiés. La formule « Nous ne sommes plus dans le monde profane : les métaux ont été purifiés » est le constat de l’offrande que chacun a fait de ce qu’il est et de ce qu’il a travaillé ; ceux qui sont présents dans le temple sont en conformité avec larchétype du frère, qui est de toute éternité. L’ouverture des travaux est en elle-même la purification des métaux. Ceux-ci sont associés aux planètes qui marquent les êtres et les événements. Purifier n’a donc pas ici le sens commun de laver, d’ôter la gangue ou des impuretés, mais celui d’orienter vers la lumière Solaire et Lunaire afin de pouvoir s’unir avec celle-ci comme dans la Flûte Enchantée de Mozart.

          Le texte en exergue préconise le rejet comme méthode pour dépasser ces barrières. Cela peut rendre perplexe pour notre tradition où nos rituels n’ont pas cette vision binaire du bien et du mal et ils ne fournissent pas non plus un mode d’emploi de ce qu’il faut faire ou ne pas faire. Cependant, rejeter consiste à écarter de soi, à éviter de, à ne pas accepter, et ce avec insistance, afin de se libérer autant que faire se peut. Il se produit un basculement de nos instincts et de notre intellect vers le Cœur, et donc vers l’Amour. Cela sous-entend l’action, la mise en application de notre volonté pour effectuer un travail soutenu et durable sur nous-mêmes. Concrètement, on peut évoquer les comportements suivants.

          Le rejet de la convoitise pour le monde ne signifie pas le rejet de tous désirs (« ayant perçu dans mes ténèbres intérieures une parcelle de lumière, j’ai désiré la vivre en plus grande conscience ») ; il invite à se rendre compte que des désirs avides, immodérés et déréglés ne peuvent pas entrer dans le cœur du chercheur, sous peine de lui faire quitter le chemin qu’il souhaite parcourir. Expérimenter ce détachement montre que nous y arrivons, que nous ne nous en portons pas plus mal, voire même mieux puisque nous ressentons alors une libération et une certaine distance par rapport à la matérialité. Cela ne signifie pas tout rejeter, mais faire un tri de ce qui ne nous est pas nécessaire et qui nous alourdit, et peut-être cela va-t-il plus loin que la simple matérialité. L’initiation n’a pas de but en soi. La seule richesse à rechercher est de participer au trésor de la loge, de lui apporter des offrandes au profit de l’œuvre communautaire. La difficulté est de révéler chaque frère selon ses capacités au sein d’une communauté et de le porter comme une offrande à la communauté pour que chaque être trouve sa juste place dans l’œuvre : « Connais toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux ». Le frère peut alors être le moteur du désir initiatique. Il faudrait toujours se demander : « Que puis-je faire pour mon frère ? », donc pour la communauté. Se poser la question de l’autre implique inévitablement de la bienveillance et donc l’absence d’agressivité. Il suffit de s’unir à la communauté. Le rejet de la convoitise passe par cette phrase rituelle : « Si leurs intentions sont justes, ils trouveront le chemin de vie ».

          Lagressivité et la malveillance sont combattues par louverture au frère et lintégration à la fraternité initiatique qui apportent la sérénité. Lorsque nous prenons la parole en loge en disant « … et vous tous mes frères ... », nous passons par lintermédiaire du Tableau de Loge qui contient les symboles sans jamais nous adresser directement à un frère. Nous ne pouvons plus entamer un dialogue qui a tendance à opposer. C’est par l’intermédiaire du Tableau de Loge que la Connaissance se transmet et que les frères la font circuler et vivre. Le langage initiatique des symboles est notre mode dexpression, dépourvu dagressivité ou de volonté de diviser. Le préfixe « sym » de symbolique qui veut dire unir soppose au préfixe « dia » de diabolique qui veut dire diviser. « Lamour fraternel se concrétise dans la vie de tous les jours, où chaque acte, chaque action doivent être pensés en fonction de lHarmonie divine, avant leur accomplissement », dit notre Règle. Ainsi, cest par la compassion que nous pouvons vivre en harmonie avec la magie vitale. Notre Cœur souvre à lamour.

         Rejeter la torpeur et la langueur, nest-ce pas rechercher un état déveil et de dynamique ? Cest le refus du laisser-faire, du laisser-vivre, pour maintenir laction. Cest refuser de se laisser endormir par les événements pour rester vif et alerte ; cest, dirait Castaneda, devenir un guerrier, vigilant et attentif à tout ce qui lentoure et le sollicite. Nous avons tendance à osciller entre une volonté dassouvir des désirs de réussite matérielle, daccomplissement personnel ou dépanouissement intellectuel, toutes choses liées à lego qui sexprime dans une temporalité finie, et notre désir de Connaissance qui fait appel à notre part éternelle, notre étincelle divine qui nous relie à luniversel. Ces deux aspects de lhomme demandent de résoudre cette dualité qui peut être transcendée par linitiation et la vie en communauté. Il faut donc, pour que la lumière sexprime, se débarrasser de ce qui lempêche de briller. Chacun doit être actif, en alerte, en mouvement, à l’écoute. On ne peut être passif. Les énergies qui circulent lors de nos rituels et de nos travaux demandent toute notre attention. Notre cœur-conscience doit battre au rythme de la Loge et être connecté au cœur des frères. Nous devons être en dynamique communautaire et nous débarrasser de nos pensées individuelles polluantes.

         Rejeter lagitation demande de faire le vide de ce qui nest pas essentiel. Cela passe par l’apprentissage du silence cher aux frères apprentis. La vigilance et la persévérance permettent de centrer les mouvements désordonnés. Rester actif ne veut pas dire être agité, et sil ne faut pas craindre d’avancer lentement, il faut craindre de s’arrêter. La conscience de la Règle permet de trouver lacte juste au moment juste et ainsi de se prémunir de toute rumination. Ruminer, cest regretter, se dire que lon aurait pu ou dû faire autrement, ou que nous navons pas eu un retour cohérent avec notre attente. Voilà une vision binaire et réactive des choses. La Règle nous amène à avoir une vision ternaire, et le devoir nous dit « fais ce que tu dois, et advienne que pourra ». Il suffit de faire une juste place aux événements et leur accorder la simple importance qui leur est due. Cest apprendre à savoir trier les véritables soucis et ne consacrer son énergie quà ceux-là, sans se laisser disperser par des problèmes secondaires. Le don de soi permet de se recentrer et dévacuer les sentiments qui perturbent. La Communauté elle-même ne peut faire preuve dagitation ou de rumination, car il sagit dune perte dénergie mortifère. Cest ainsi que souvrent les portes de la paix pour le cœur-conscience.

         Rejeter le doute stérile qui empêche davancer, cest savoir faire des choix intuitifs, et là encore comprendre où est lessentiel pour se poser des questions pertinentes sur ce que l’on ressent comme vital. Acceptons lintuition là où la raison est impuissante jusquà preuve du contraire, tout en sachant que dans le domaine spirituel, il ny a pas dobjectivité ; tout y échappe à notre mental. Ayons la foi, non pas en tant que croyance mais en tant que fidélité et développons les vertus qui évitent de douter inutilement. Nous avons vu dans les deux chapitres précédents comment les vertus théologales, source de notre quête, et les vertus cardinales, dynamique de celle-ci, étaient essentielles pour parcourir le chemin de vie et vivre au sein de la communauté. Il faut cependant être prudent pour éviter les obstacles qui peuvent empêcher ces vertus de sexprimer. Le chemin vers la connaissance demande une certaine discipline qui tend vers une purification, une élimination des pensées futiles et parasites qui polluent laccès à la perception de la Connaissance. Rûmi, le poète persan du 13ème siècle a écrit : « Lart de la connaissance, cest de savoir ce qui doit être ignoré ». Cest également par la recherche de lacte juste au moment juste, en entendant le Verbe et selon la Règle que le doute disparaît pour laisser place à la sérénité. Cela ne veut pas dire que le doute na pas sa place dans la démarche initiatique. Le doute est un moteur dans notre quête du Divin et dans la recherche de lUnité vitale, car il nous permet de nous défaire de nos certitudes et des faux-semblants, mais laction communautaire ne peut laisser place au doute stérile qui sclérose la dynamique de création. Il ne peut y avoir de doute dans la Règle ou dans le Verbe, donc dans la Vie. En se défaisant de ce doute, le Cœur donne sa force à la dynamique vitale. La mort au vieil homme est donc au cœur de notre démarche. Sans cesse se purifier, se débarrasser de nos certitudes tout en ne doutant jamais de nos actes envers la communauté. Si ces actes résonnent en accord avec la Règle, une certaine idée du bonheur de vivre en communauté peut apparaître en chacun de nous et rejaillir au dehors, dans notre vie quotidienne, comme un bouclier protecteur contre la convoitise, l’agressivité, la langueur ou l’agitation. Alors nos cœurs peuvent s’exprimer au-delà des obstacles et s’ouvrir à la connaissance sensible des êtres et des choses, à la sérénité, au calme, à l’apaisement, à l’acte juste au moment juste pour que le doute stérile s’efface et que nos choix soient en accord avec l’univers et deviennent des actes de création.

         Cette démarche de rejet et de travail sur nous-mêmes correspond à une sorte de purification et de libération de notre cœur, moteur de notre être. Ce nest jamais acquis et demande une vigilance permanente, correspondant en partie à ce que nous propose notre rituel : « achever lœuvre commencée dans le Temple ».

         La clef reste la Règle. Quels que soient les obstacles, ils doivent être vus par le prisme de la Règle et de la Communauté initiatique pour être dépassés. Elle nous rappelle notamment : « C’est la conscience intérieure, en phase avec la Règle, qui doit diriger et réguler instincts et passions pour les transformer en intuition et énergie maîtrisée… Le don total de soi est la clef du parcours initiatique ». La maîtrise de l’ego se fait par intégration à la fraternité initiatique et nous ne sommes que dépositaire de ce que nous avons reçu. Cela ne nous appartient pas et nous devons le rendre en retour. Notre cœur se libère ainsi du superflu que peuvent engendrer la matérialité et la convoitise. Rien n’est acquis, que ce soit dans la vie profane ou dans la voie initiatique. Nous ne sommes jamais arrivés, et nous devons rester en alerte pour remplir au mieux notre fonction dans la Communauté, tout comme la Communauté se doit d’être vigilante dans le respect des rituels et de la Règle, vis-à-vis des frères et des décisions qu’elle prend.

         Le « côté obscur de la force » nest jamais loin, et la perte de vigilance peut déséquilibrer la Communauté et créer la disharmonie. Ainsi, le cœur de chacun et celui de la Communauté doivent rester vigilants, et donc toujours en action pour rester conscient en permanence de ce qui est harmonieux ou disharmonieux pour la Communauté. Pour reprendre la phrase du Huainan Zi dans notre tradition, lorsque lInitiation est vécue vers le multiple et non plus vers le Un, elle devient humanisme et justice, et lInitiation na plus de sens. La Règle est le moyen déviter cet écueil et de faire vivre lHomme Universel à travers la Communauté initiatique. Dès lors, le chemin sur la Voie de lInitiation nest pas prêt de sarrêter.

 

          Ayons un cœur libre de désirs ; soyons bienveillant ; travaillons avec vigilance et ayons le sens du don. Alors lHomme Universel se réalise ici et maintenant, et si l’énergie de notre communauté s’épuise, elle se régénère dans le banquet, le lieu où tous les obstacles sestompent puisque l’existence de cet être universel est hors du temps.


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