(la Force anime la pensée ; ce qui n’est pas formulé n’existe pas. Ce qui est formulé prend racine)
« Il faut accorder à la parole une attention d’autant plus grande et une vigilance d’autant plus attentive que « la mort et la vie sont au pouvoir de la langue (prov 18,21 » ; veillons sur nos paroles pour éviter le risque d’offenser Dieu en elles ou de nuire au prochain » (Saint Bernard).
« Les maîtres savent que celui qui parle au sein de la Communauté doit lui donner l’énergie de la Connaissance. L’usage du Verbe est plus difficile que tout autre travail. Qu’ils ne confondent pas une chose avec une autre » (rituel de table).
A partir de la pensée, il nous faut maintenant passer à la mise en paroles qui mènent à l’action. Après avoir précisé ce qu’est cette parole initiatique, nous allons voir comment elle s’anime et ce qu’il en résulte quand elle commence à vivre.
Le rituel de table précise : « Qu’ils ne confondent pas une chose avec une autre ». Ici, il est bien question de ne pas confondre Parole et Verbe. « La Parole est au Verbe ce que l’existence est à la vie. Le Verbe a sa source dans l’incréé, la Parole dans le manifesté », est-il dit dans le « Langage Initiatique des Symboles » (Ed. Le Léopard d’Or). Le devoir de l’Initié va consister à découvrir, à vivre, et à harmoniser ces deux aspects. Le premier appartient au temps des cycles alors que le second reste immuablement. St Augustin relève : « Si Jésus est bien le Verbe et s’il est, par tout ce qu’il fait et dit, la parole parlée du Père, Jean est, quant à lui, la voix qui crie dans le désert ». Jésus, Verbe et Lumière, est l’incarnation du Principe créateur et Jean en est le témoin. Le Verbe est donc l’incarnation de la puissance divine, ici Jésus et la Parole est la voix qui témoigne de la présence de la puissance Divine, ici Jean. La Parole divine manifeste le Verbe qui est intemporel et potentialité universelle ; elle en est la dynamisation dans la Création, l’articulation entre l’incréé et le monde visible, entre le Verbe et la forme ; elle est une force, le bras agissant du Verbe qui anime la pensée humaine. « Ta parole est une lampe à mon pied et une lumière à mon sentier » (Psaume 119 :105). Cela sous-entend que la Parole divine se prolonge dans tous les aspects de la création, et que, lumineuse, elle guide, accompagne et illumine les pas du chercheur. Elle est à considérer comme une énergie en capacité de transporter la pensée du Principe, d’animer et de donner vie. Elle permet de formuler le Verbe qui prend sa source dans l’incréé, au-delà de l’Orient, dans le Principe et ainsi d’amener dans le monde ce que le Verbe a laissé dans l’invisible. Seule une communauté initiatique travaillant à la formulation du Verbe divin par l’œuvre est en capacité de formuler la Parole divine et de devenir le canal par lequel passe la lumière créatrice.
En fait, il faut distinguer la parole simplement humaine et la parole de création, formulée par des hommes de Connaissance, et qui est le rite ; cela relève de la Maîtrise. Dans les Petits Mystères, la parole est en création mais permet déjà de ritualiser les pensées, les paroles et les actes. Nos rituels sont d’ailleurs là pour nous apprendre à faire la différence. Le mythe, développé par les rituels, traverse le temps mais dans la seule mesure où il lui est donné des formulations adaptées, efficacité opérationnelle oblige ; il permet alors d’ouvrir des plans d’œuvre amenant une part d’invisible à être incarnée dans le visible. Cette formulation est contrôlée par le Secrétaire et la transmission peut s’accomplir par l’Orateur.
La tradition est par nature orale et non dans l’écrit qui n’est que le moyen de garder la mémoire ; il ne s’agit pas seulement de mots prononcés mais aussi, par exemple, de faire parler la pierre. L’Orateur ou Maître de la Règle est le symbole de la Parole sacrée, le livre ouvert de la vie, de la loi divine. Il est placé au Septentrion sous le Soleil pour être le pivot qui transmet la Règle entre l’incréé et le créé. Lors du rituel d’ouverture des travaux, il est d’ailleurs celui qui transmet le Verbe avec la lecture du Prologue de Jean.
La parole de la Communauté initiatique est une transmission. Le rituel de table demande aux maîtres de « transmettre la nourriture telle qu’elle a été prononcée » ; il ne s’agit pas de rester figé dans des certitudes et des formes immuables mais de faire passer l’esprit éternel par une parole adaptée au temps, au lieu et aux hommes. Celle-ci doit donc tenter d’être le Verbe dans sa manifestation concrète, jamais définitive, comme la création qui est permanente, en renaissance constante ce qui évite tout dogme.
Mais alors, comment faire vivre cette parole ?
Pour parler, il faut inspirer de l’air et expirer. Ce qui est exprimé se répand et est reçu par les oreilles. C’est par elles (« les vivantes » en Égypte ancienne) que la Vie se transmet. L’épreuve de l’Air du rituel d’initiation permet « de découvrir la voie de la juste parole au cœur du silence ». Alors, entendre ce qui est formulé selon la Règle permet de percevoir le Verbe Créateur ; l’œuvre peut prendre forme et la Communauté peut agir, manifester la dynamique de Vie. L’élément Air, symboliquement, est l’Esprit du divin. C’est le souffle cosmique qui donne sa cohérence au monde. Pour formuler nous devons toujours nous en inspirer. Ainsi se déclenche la magie vitale qui devient agissante. L’Air étant la puissance de la lumière incréée, cela suppose de devenir de la même nature que la lumière (« Akh », être lumineux en hiéroglyphes) c’est à dire être efficace dans ce que l’on prononce, capable d’exprimer une perception juste d’un symbole, selon les sens de « Akh » (être utile, profitable).
Il y faut à la fois l’intelligence du cœur, la sensibilité et le sens de la parole donnée, d’où l’importance des serments dans nos rituels, renouvelés et actualisés lors de chaque Saint-Jean d’Hiver. C’est bien la sensibilité qui inspire la formulation qui naît dans le silence, qui manifeste la pensée formée dans le cœur, dans la mesure où elle est l’expression de l’essence des choses, en communion avec l’acte divin qui crée ces choses. Pour réussir cet enjeu et enrichir le travail de formulation du Verbe, chaque parole doit être constructive et d’une certaine manière magique, venir du cœur en sa qualité de siège de la pensée et de la conscience, et être la formulation d’une sensibilité authentique.
La formulation de l’initié est donc une parole en toute sincérité qui n’est pas dicté par son ego. Attention à l’illusion des belles paroles qui peuvent éloigner du cœur sincère. Il faut s’ouvrir à l’intuition et formuler par les trois piliers Sagesse / Force / Harmonie selon la pensée ternaire. Comme le disaient les anciens : « L’initié est celui qui transmet la parole d’un dieu à un dieu », ce qui implique pureté et transparence, celle de l’esprit libéré de toute entrave ou autrement dit en conformité avec la Règle. « Offenser Dieu » selon l’expression de saint Bernard, ne serait-ce pas de refuser de livrer cette transparence aux frères, autrement dit refuser d’ouvrir son cœur. Il n’est bien évidemment pas question d’adopter un langage et une attitude politiquement corrects, ce qui ouvrirait la voie au dogmatisme. Ici il est question d’ouvrir son cœur en toute sincérité, et d’aborder la voie en toute humilité. C’est par la parole que nous pouvons voir au-delà des apparences ; et pour aller au sein du mystère de la création, la formulation passe par le cœur-conscience, siège de l’intuition qui permet d’exprimer une parole juste et sincère car reliée à notre part sacrée et éternelle.
« L’usage du Verbe est plus difficile que tout autre travail ». Cette forme d’avertissement du rituel de table attire notre attention sur l’importance et la profondeur de la construction de la parole dans l’utilisation du Verbe. Il faut apprendre à écouter juste, à penser juste, à parler juste, et sans doute à agir juste. A cet effet, la Règle, sa découverte et son observance, représente un guide comme un garde-fou qui permettra de ne pas nous égarer. Toute la difficulté sera de s’y conformer. C’est l’expression égyptienne « être juste de voix » qui indique être en harmonie avec le Verbe créateur. Mais il faut être prudent dans sa formulation, car formuler c’est toujours un peu trahir. Il faut faire attention « de ne pas confondre une chose avec une autre » d’où l’importance de la connaissance sensible de la source des choses, de leurs symboles avec leur sens multiple et leurs liens.
La parole est une suite de sons articulés ; elle est faite de lettres, de mots et de phrases. Elle est son et silence, voyelles et consonnes, faite d’os et de chair, d’argent et d’or. Pour formuler, nous devons nous appuyer sur nos vingt deux lettres fondamentales données par le Tableau de Loge et qui sont autant de symboles : trois triples, sept doubles et douze simples, d’où trois étages de formulation. L’alphabet sacré est notre langue et nous formulons à partir de lui. Le tracé du Tableau de Loge est le témoignage de la Parole divine. A cet instant c’est le Grand Architecte et la Veuve qui parlent : le souffle de vie prend forme. C’est pour cela que nous nous adressons au Tableau de Loge (ou à la table du banquet), jamais à un autre frère ; ce faisant, nous le nourrissons.
Nous sommes là au cœur du jeu des Nombres. La philosophie implique une manière de penser ; au moyen-âge, elle était associée aux sept Arts Libéraux comme le montre la rosace nord de la cathédrale de Laon qui leur ajoute la médecine. Cette pensée créatrice était ainsi la Médecine Universelle, la panacée qui soigne tous les maux et donne la vie en éternité.
Pour exprimer cette pensée, il faudra l’incarner par l’action, passer du concept à son tracé en ligne de force, ce qui sera abordé dans le prochain et dernier sujet de ce plan de travail. Ce sera le Cinq, Nombre de l’Incarnation, Nombre de Saturne. La parole est aussi porteuse du Cinq par la Rhétorique. En effet, celle-ci, traditionnellement, comportait cinq parties :
- La « memoria » (procédé pour mémoriser le discours). On peut l’associer à la règle, mère des mesures qui donnent la formulation géométrique. Cette règle permet à l’édifice de conserver sa cohérence d’un commencement jusqu’à un terme. En musique on pourrait aussi l’associer à la clef d’accord qui fait vibrer tous les instruments sur une même fréquence.
- L’« inventio » (invention ; art de trouver des arguments et des procédés pour convaincre) est la recherche de la formulation du concept. L’art de la géométrie va se faire à partir des Nombres. Il s’agit ici de trouver sur quels Nombre l’Œuvre sera édifiée en fonction de sa destination.
- L’« elocutio » (élocution ; art de trouver des mots qui mettent en valeur les arguments). C’est la recherche de l’harmonie des formes.
- L’« actio » (débit, geste, attitude de l’orateur, discours). La Vue en plan qui permet de prendre conscience de la forme finale .
- La « dispositio » (disposition ; art d’exposer des arguments de manière ordonnée et efficace). C’est l’acte de tracer l’épure, ce tracé de ligne de force qui permettra d’inscrire tous les blocs dans une unité. Cela ouvre à la fois au démembrement et au remembrement de l’édifice.
Formuler est donc la base de la vie communautaire où chacun apporte son travail et l’offre à la loge initiatique. Bien évidemment, il ne faut pas le faire n’importe comment. C’est à chacun de se structurer avec l’aide de ses frères pour ne pas prononcer de paroles inutiles, voire malheureuses. Cependant, l’expression est toujours incomplète du fait même de la matérialisation, et il appartient aux communautés d’initiés de rassembler les pensées éparses des frères afin de formuler au plus près de la pensée créatrice, ce qu’exige notre tradition.
Dès lors, la parole de nature sacrée peut circuler à travers les frères où chacun est un passeur de lumière comme l’est le symbole de Jean, le témoin de la lumière. Cette parole sacrée, toujours en mouvement, jamais figée, s’inscrit dans la tradition qui est éternelle car il n’y a en fait qu’une Parole, celle de la tradition, mais qui a de multiple formulation. Chacun, en entrant sur le chemin de vie, ne peut être qu’un témoin. Son devoir est d’exprimer la tradition selon son grade, en sachant que la parole des frères est libre, sans limites, et toutes les idées peuvent être émises dans la loge, tant qu’elles sont reliées à notre Règle. Lors de son existence et par la pratique en loge, il peut vivre la Parole sacrée qui est une mise en mouvement de la pensée du Grand Architecte de l’Univers et de la Veuve. C’est par le travail et le langage des symboles initiatiques que nous enrichissons l’expression de la communauté. C’est par les rapports de travaux et la vie lors des tenues et chambres que la parole prend vie et s’enracine dans le monde par chacun des frères.
Formuler c’est chercher à faire jaillir le Feu créateur, comme le symbole égyptien de l’œil égyptien qui est aussi une bouche d’où sort le Soleil noir (incréé).
Alors, quelle efficacité pour une parole bien menée ?
Elle n’est pas n’importe quoi ni un simple moyen d’expression ; elle est chargée de tout un devenir constructif de l’être et de la Communauté. L’Apprenti construit sa parole en découvrant progressivement sa place dans la Communauté, la Communauté elle-même ainsi que les frères qui la constituent. Il élabore ainsi les bases de son développement initiatique.
La parole ne doit pas jaillir intuitivement, spontanément. Elle doit toujours exprimer une pensée construite, une architecture basée sur les Nombres, le Trois déployé par le Neuf ce qu’est la pensée ternaire structurée par les trois Piliers. Un soufi l’a souligné : « Sache que la pensée est comme l’eau, et la parole comme la glace. Un homme sage sait que la glace n’est que de l’eau ». L’eau est sans forme et la glace est structurée. La parole est donc avant tout géométrique ; elle est énergie et forme qui, unies ensemble, permettent l’élaboration d’une création vivante. Cette géométrie est sous-tendue par l’Art du Trait, l’art de mettre en forme le concept qui émane de la pensée créatrice ; c’est lui qui permet la formulation.
Sur le plan géométrique, on peut dire que tout part du point (le Verbe) et que le trait (la Parole) donne une existence au point (donc au Verbe) pour révéler un aspect de la vie. Mais il existe plusieurs manières de tracer, plusieurs chemins pour arriver à cette forme, correspondant à différentes significations. C’est la formulation et son pouvoir d’animation qui est créateur de conscience. C’est dans ce processus qu’apparaît la justesse, le pivot d’articulation qui fait passer du Verbe à la forme. C’est cette articulation où la magie de la vie est révélée, qui est le résultat de cette dynamique. Pour bien dire, il faut bien articuler. Le pilier Force est donc le symbole de cet axe, pivot qui permet le mouvement de la vie et l’éveil de la conscience pour accéder à la connaissance.
Ce qui n’est pas formulé n’existe pas. Le frère doit donc être un artisan en parole. L’artisan façonne un matériau en une forme porteuse de vie ; la parole, bien tournée, a un pouvoir de création vitale ; elle peut animer le monde. Son usage modèle la matière permettant de passer d’une materia prima à une réalisation exprimant et portant l’Esprit, le Verbe issu du Grand Architecte, d’où le maillet, symbole de notre volonté de création et le ciseau, symbole de la mise à l’épreuve de cette volonté. Nous devons être des sculpteurs de l’instant, dans une reformulation permanente.
La parole peut alors devenir de vie. Comme dit la Bible : « Que votre langage soit aimable, assaisonnée de sel » (col.4, 6) ; ce sel est la sagesse qui se goûte par la bouche. Elle peut alors pénétrer dans l’âme. Mais, comme le dit saint Bernard, elle peut élargir l’âme ou la blesser, voire pire. S’il y a des paroles de vie, il y a aussi des paroles de mort. C’est bien pourquoi l’Apprenti est tenu au silence lors des travaux en loge, alors que le Verbe se manifeste. Il reçoit la sagesse des Maîtres et la perception qu’en ont les Compagnons ; il va l’enraciner en lui et s’attacher à lui donner la force de la vivre et de se transformer. « Les Maîtres savent que celui qui parle au sein de la Communauté doit lui donner l’énergie de la Connaissance ». Cette phrase instruit sur un devoir essentiel des Maîtres, celui d’entretenir l’énergie de la Connaissance. Elle constitue une ouverture sur ce que proclame le Devoir que tout frère aura un jour à vivre et à transmettre.
Dès lors apparaissent toutes les clefs de l’évolution initiatique. Ce qui est formulé commence à vivre. Car cela déclenche la conscience qui se concrétisera par l’acte. On ne voit rien tant que l’on n’a pas formulé. C’est ce que montre l’Égypte avec le hiéroglyphe du « r », la bouche où la pupille se lève pour former un œil (« ir ») qui signifie voir mais aussi créer, engendrer, façonner, agir. Prononcer, c’est façonner et cela doit précéder, en cohérence, l’acte. Avoir des perceptions tout en gardant le silence n’a aucune valeur si elles ne sont pas traduites en paroles pour qu’elles aient une réalité et une efficacité. Celles-ci peuvent agir efficacement et déclencher l’existence de ce qu’elles évoquent.
La parole est ainsi nécessaire pour que ce qui est potentiel se concrétise. Ce qui n’est pas dit reste du domaine de la pensée, et est donc inachevé et éphémère. La pensée change, mue, puis s’estompe. Une perception est liée à un instant, un contexte, un lieu. Elle peut évoluer voire disparaître. L’exprimer permet de l’ancrer parmi la Communauté initiatique, et au-delà, de transmettre. Ce qui est bien dit devient source d’inspiration pour d’autres et, se diffusant, peut ensuite résonner en chacun et faire évoluer sa pensée. La parole devenant offrande peut transmuter des êtres et se rassembler aux autres rayons de lumière que sont nos frères ce qui consolide la Communauté initiatique. Elle enrichit la conscience de la Communauté et donc enrichit la Conscience Universelle.
Lors de l’entrée en chambre du Symbole, pour obtenir l’ouverture de la porte, l’Apprenti dit : « Je ne sais ni lire ni écrire, je ne puis qu’épeler ; donnez-moi la première formulation de la création et je vous donnerai la suivante ». Cette premier formulation est « Trois...Trois...Trois... Trois en Un ». Dans d’autres rituels, il est demandé la « Première lettre » ; or cette lettre, en hébreu, est Aleph, cette lettre informulable comme le cri du Vautour égyptien percnoptère qui s’écrit lui aussi avec le « A ». Pour la pensée juive la lettre est pour l’Écriture, et le son est pour la Parole. Ici encore nous retrouvons la dualité créatrice formée du Fixe et du Volatil. Ce qui est remarquable, c’est que, dans la Bible, la première formulation de la création est « Bereshit » (hébreu : בראשית), « au commencement », « au plus haut » ; la première lettre est donc ici « Beth » soit la deuxième lettre de l’alphabet, la lettre de la dualité créatrice.
L’Amour est la force créatrice de la vie, le feu sacré qui s’appuie sur cette dualité. Il fait naître le Trois du Deux, donc la troisième lettre hébraïque « Guimel » qui veut dire « Chameau » et par conséquent « celui qui permet le voyage », « celui qui permet de se déplacer, d’aller au-delà ». Or cette lettre est apparenté au gamma grec. Le gamma majuscule forme une équerre, celle du bijou du Vénérable Maître. Sans cette fonction, il est impossible de trouver le centre et au milieu de l’Étoile se trouve le gamma minuscule. Ce centre n’est pas seulement géométrique. Il est l’esprit de l’Étoile, dont les pointes sont le rayonnement. Le centre est la puissance d’où émane la Force. Par les trois premières lettres, les portes peuvent s’ouvrir.
Tout part de la pensée mais elle ne peut seule engendrer une création. Il y faut une phase dynamique pour passer de l’idée de l’œuvre à sa manifestation. L’élément agissant est la parole. Tout phénomène de création prend donc sa source dans la pensée, dans une perception du Verbe issu du Grand Architecte ; elle féconde la Communauté initiatique pour réaliser l’œuvre. Puissions-nous le vivre par des paroles d’éternité.