I.2.b Le Hasard. Il n existe que la ou regne le desordre et l ignorance et non l harmonie
Si l’on vit selon la Règle divine, la Magie nous permet d’éviter les pièges du hasard. Mais de quoi s’agit-il ? En général, un événement arrive par hasard s’il est imprévu. Cette vague définition implique de savoir pour qui c’est imprévu. En effet, il nous faut distinguer entre l’être matérialiste, le scientifique et l’initié.
Le hasard naît d’une vision matérialiste, conception du monde qui considère que l’homme et tout ce qui existe émanent des substances et des forces naturelles, et de rien d’autre. L’univers n’a aucune finalité et n’est composé que de matière. Aucune science n’est capable de dire qu’il y a autre chose. Le hasard règne en maître. Et l’étymologie du mot ne l’infirme pas. En latin, dés et hasard se disent « alea » avec la célèbre expression « alea jacta est ». En vieux français, ce mot désigne le jeu de dés. Son origine en arabe est « al-zahr » signifiant à l’origine « dés » et ayant pris la signification de « chance ». Le terme anglais « hazard » comme le « azar » espagnol, introduisent une notion de risque ou de danger. Puis ce mot a beaucoup évolué au gré des époques, pour prendre le sens de « fortuit » dès le début du XVIème siècle, et ensuite les sens de « sans direction déterminée », « sans raison apparente », coïncidence, concours de circonstances. Mais finalement, n’est-ce pas une forme d’ignorance, une incapacité à voir au-delà des apparences ?
En effet, cette vision du monde implique une non maîtrise des événements. Les causes sont imprévisibles, étrangères à toute intention humaine, impliquant le destin, le bon ou le mauvais sort. D’ailleurs un proverbe arabe dit : « Le hasard est l’ombre de Dieu ». Les expressions populaires où est utilisé le mot hasard sont légions. Du « hasard qui fait bien les choses » en passant par « ce n’est pas arrivé par hasard » et avec « le hasard bavarde, le génie écoute » de Victor Hugo, tout cela marque bien l’importance de ce mot dans le langage populaire. Même l’Évangile de Saint Luc l’évoque également : « Jésus dit : Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. Ils se partagèrent ses vêtements, en tirant au sort ».
« Une chose arrive par hasard » : affirmer cela n’explique pas d’où vient cette chose, ni pourquoi elle arrive. Cela ne revient-il pas à avouer notre ignorance et notre incapacité à expliquer le pourquoi de la situation, ou tout au moins à refuser à en chercher l’origine ? Ce serait donc une invention humaine pour qualifier tout ce qu’on ne sait pas expliquer. On peut également penser que l’univers est imparfait, injuste ou disharmonieux ; mais ce serait finalement un point de vue subjectif qui laisse l’homme dans l’errance et donc dans l’ignorance.
Dans de nombreux domaines, nous n’avons pas la capacité d’embrasser l’ensemble des causes et conséquences des événements. Un observateur ne peut faire appel à la notion de hasard que selon les informations dont il dispose. Le jeu de pile ou face, jeu de hasard par excellence, pourrait être rendu déterministe pour peu que l’on connaisse suffisamment de conditions initiales comme la force du lancé, l’angle, le support sur lequel les dés vont rebondir, ainsi que l’entrechoquement, qui permettraient de prévoir le résultat. Cependant, la complexité de ces paramètres physiques ne nous le permet pas. C’est comme au billard : un coup de queue provoque une série d’entrechocs ; si on ne sait pas jouer, le résultat est hasardeux ; si l’on sait jouer, le résultat est infaillible. On nomme donc hasard l’événement que nous n’avons pas la capacité de contrôler, d’en connaître toutes les causes. L’infinité des relations nous échappe. Le hasard apparaît ainsi comme une interprétation des événements basée sur l’ignorance qui nous pousse à mettre du hasard dans notre incompréhension. Certains hommes ont eu alors besoin de se créer des entités surhumaines, dotées de pouvoirs merveilleux pour expliquer ce qu’ils ne comprenaient pas. Dans le bouddhisme, l’ignorance (« avidy