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I.3.a Que soutiennent les trois Piliers ?

          Voilà une question simple mais les réponses ne sont pas évidentes. Il va falloir d’abord nous interroger sur leur nature, pour ensuite nous demander ce qu’ils manifestent dans le Temple et enfin leur utilité pour la Loge. Mais précisons d’abord ce que veut dire soutenir. C’est porter pour élever, donner une dynamique par un élan vers le haut, voire aider à exister, aider à comprendre, transmettre ; « sustineo », en latin, ajoute les notions de nourrir, entretenir, maintenir en bon état, prolonger.

 

         Que sont donc ces trois Piliers ? On ne les voit pas dans la nature ; ils n’ont pas de forme symbolique, notamment ils ne sont pas dans notre alphabet du Tableau de Loge et ils ne sont pas dans le mythe. Ils n’ont donc pas de forme figée représentant quelque chose de précis (les ordres d’architecture maçonnique, ionique, dorique, corinthien n’ont aucune raison de s’y retrouver puisque ce ne sont pas des colonnes ; ne confondons pas colonne et pilier), ni de hauteur variable qui impliquerait que le Ciel serait à des hauteurs différentes. En fait ce sont des énergies, sans forme comme toute énergie, mais que l’on utilise pour donner forme. Ils n’ont pas un sens matériel mais conceptuel et doivent s’aborder sous leur aspect fondamental, comme fondement du Temple. Avec le Quatrième Pilier qui est à part, ils forment la Pierre de fondation qui crée l’espace sacré en se divisant aux quatre angles du Temple. Ils sont les trois aspects de l’Énergie universelle qui est indissociable du Principe créateur, de la Lumière qui se manifeste lors de la création : ce sont trois polarisations différentes de la Lumière qui leur est transmise par les trois Grandes Lumières sur l’autel. Peut-être peut-on faire un parallèle avec une théorie majoritaire chez les cosmologistes ; la Sagesse serait l’énergie noire (70% de l’univers), énergie incréée qui environne l’univers, le sous-tend ; la Force serait la matière noire (25% de l’univers) impossible à voir jusqu’à présent, pour nous l’invisible où se déploie pleinement la manifestation ; l’Harmonie serait le visible, moins de 5% de l’univers. Ce sont donc trois polarités de la même unité qui s’exprime à travers eux, unité qui est la loi universelle de l’Amour. Ils permettent l’émergence de l’Amour dans la manifestation, dans tous les aspects de la Vie.

          Par conséquent, ils sont la structure même de l’univers, éternellement, et donc celle du Temple (n’oublions pas que le « Trois est la première manifestation de toute architecture »). En effet, ils sont dans l’espace de manifestation, hors de l’Orient. En quelque sorte, ils sont un lien entre le Principe de création et le monde manifesté. Ils sont l’affirmation du ternaire comme perception la plus large et entière de toute chose créée, et ceci dès le début de la démarche initiatique puisque l’Apprenti doit le vivre pleinement. Leur implantation aux angles d’un carré long argenté délimite le Temple dans son concept et construit la demeure du Principe ce qui permet de vivre son mystère qui se transmet ainsi dans l’espace de manifestation. Ils donnent forme à la totalité de la Tradition initiatique qui s’animera par les fonctions créatrices, évitant tout éparpillement hors de la voie.

         Ces Piliers sont les Lois causales qui structurent et organisent toute création, forment et soutiennent l’univers et ne portent donc rien ; ces Lois sont valables partout, au Ciel, sur Terre, dans le concret comme l’abstrait ; elles créent, constituent et expriment l’univers. Elles permettent l’œuvre du Principe.

          Remarquons ici qu’il ne faut pas les confonde avec les deux colonnes (Septentrion et Midi, qui sont en fait une colonnade, une suite de colonnes) qui sont analogues aux quatre membres de la déesse Nout, la Ciel, qui la soutiennent ou qui la relient à la Terre. Ce Quatre est une stabilité statique. L’appellation, malheureusement bien courante, de colonnettes pour les Piliers est donc à proscrire. Il est bon de rappeler qu’un pilier est « un support vertical isolé dans un édifice... ce qui constitue l’essentiel, la continuité, la stabilité de quelque chose », alors qu’une colonne est un terme beaucoup plus vague (simple verticalité). On peut cependant évoquer la colonne papyriforme « ouadj » de l’ancienne Égypte, qui donnait leur forme aux forêts de colonnes des salles hypostyles (cf. Karnak). Le papyrus, la plante du scribe, sert à la fois à tracer et de support d’écriture. Ce terme « ouadj » signifiait à la fois pain d’offrande, vert, frais, vigoureux, heureux, florissant :

          Ces colonnes font verdoyer, donnent vie par l’eau, l’air, le feu, tout comme les voyages du rituel d’initiation ; quant à la terre, elle est sous le marais primordial, comme la crypte. Nos piliers, comme ce « ouadj » mais bien distincts, sont la division d’un seul et même pilier né du marais primordial ; ils sont la formulation de la croissance qui s’opère à partir de l’océan des origines, de la droiture.

 

          Connaissant mieux la nature de ces Piliers, nous allons voir ce qu’ils manifestent dans le Temple. D’anciens rituels de la Bauhütte précisaient : « Quels sont les trois principes fondamentaux de l’Oeuvre ? Plaisir, nécessité et force » ; ils ajoutaient que le 8 novembre, fête des quatre couronnés (Quatuor Coronati), les frères honoraient les trois piliers nommés beauté-science-force, ou bien vérité-science-force, joie-nécessité-force, vérité-sagesse-force. Il s’agit en fait des dimensions du cosmos, des clefs de la création. Le viatique d’Apprenti précise que : « La Sagesse crée, la Force anime et l’Harmonie exprime ». Autrement dit, dans le Temple, le Pilier Sagesse révèle l’acte créateur, l’impulsion initiale et la réalité du Grand Architecte ; la Sagesse est perception, illumination ; le Pilier Force révèle ce qui donne forme et ce qui anime ces formes par les Nombres ; il est la puissance, la capacité de manifestation, ce qui consacre ; le Pilier Harmonie révèle le résultat, le fruit de la Genèse ; il renvoie à la Règle et à la formulation qui unifie avec justesse en accord avec la Règle. Il y a bien complémentarité d’action pour organiser la création selon la volonté du Principe, ici et maintenant. Tout commence toujours par la Sagesse dans un mouvement permanent et cyclique d’interactions et de complémentarité. Ils symbolisent donc la dynamique de vie.

          Dans le temple, les piliers sont disposés en carré long argenté (2x1) ou carré de la genèse ; c’est de là que jaillit la manifestation de ce qui est produit par la Loge. Les constructions humaines se trouvent ainsi géométrisées : « Le monde des hommes doit se rapprocher des formes du monde parfait des idées pour pouvoir décoder la géométrie du cosmos et retrouver sa place dans ce système » (Buckminster Fuller). On a là une matrice géométrique pour animer la pensée. Ce carré long détermine par la diagonale l’essence du Cinq qui suffit pour recréer tout tracé, donc le monde (cette diagonale est tracé à chaque tenue quand on commence par illuminer le Pilier Sagesse puis le Pilier Force) ; Cinq est la clef de l’univers manifesté (visible et invisible), et, selon Koelliker, représente l’incarnation, la descente de l’Esprit dans la matière. Cette forme simple est la fondation de tout ce qui constitue l’univers. C’est d’ailleurs la forme du Temple en dehors de l’Orient. Les Piliers organisent magiquement l’univers. En fait, indissociables et complémentaires, ils délimitent un espace au centre de la Loge, un centre d’énergie, une Chambre du Milieu, un centre de royauté autour duquel la chaîne d’union peut se former pour déployer l’énergie et donc la magie des formes de tout l’univers. De là sort la création. Cependant, l’espace entre les Piliers, plus qu’une surface, est un volume jaillissant de l’océan primordial, réalisant la connexion Terre-Ciel ; il s’agit bien d’une porte vers le haut ; là sont les clefs de la Connaissance, celles de l’accès à l’invisible ; on comprend ainsi qu’ils ne sont pas dans le mythe mais dans la Connaissance. Cela implique une hauteur identique des Piliers soit en liaison avec le Nombre d’or ou plus simplement pour former un double cube, le rituel étant muet sur ce point ; il n’y a pas de hiérarchie entre eux. Plutôt même, la hauteur est indéfinie, l’élévation n’étant pas limitée (le viatique d’Apprenti dit que le sens de la hauteur de la Loge est du Zénith au Nadir). Ce volume rayonne dans tous les orients, sans limites. Ainsi la conscience communautaire se donne de la hauteur, seul chemin pour rejoindre les étoiles.

         Cet espace n’est pas l’incréé mais la source de sa manifestation par la stabilité dynamique du Trois. Toute manifestation commence à partir du Trois. Le carré long argenté est le symbole du Un qui contient en son cœur tout le champ des possibles ; de là, un jeu de Nombre s’anime : le Deux du double carré parfait, symbole de la dualité créatrice, premier stade de toute création ; le Trois des trois Piliers (trois suffit pour déterminer le carré long), ce Nombre étant la première et la plus pure manifestation de toute architecture ; Trois donne l’impulsion créatrice ; le Quatre par les quatre côtés, a la capacité de générer un espace et une forme, mais surtout par le tracé qui donne l’emplacement du Quatrième Pilier (il n’est pas dans le carré long et sa nature est autre que celle des trois premiers) car à partir des Piliers peut apparaître la Justesse qui lie ces trois mystères, et donc la source de toute conception ; Trois et Quatre, par leur multiplication alchimique, s’intriquent, s’entremêlent et s’unissent pour donner naissance au zodiaque. De ce carré long qui s’étend dans l’espace de manifestation naît le pavé mosaïque qui couvre tout l’espace de manifestation du Temple (donc pas l’orient), ce quadrillage pouvant générer tout Nombre et tout tracé. Le Grand Architecte de l’Univers se manifeste. Il faut cependant insister sur la Novonarité, le Neuf étant l’achèvement de l’œuvre en perfection par l’interaction de chacun des Piliers avec les autres (la Sagesse de la Sagesse, la Force de la Sagesse, l’Harmonie de la Sagesse, la Force de la Sagesse...); ainsi émergent les neuf Fonctions créatrices, les causes de la création, que nous envisagerons au prochain chapitre. Elles font que le Neuf advient, neuf lumières brillant dans le Temple après l’ouverture des travaux à partir de la Lumière éternelle brillant au fond de l’Orient, à la limite de l’incréé. Chaque Pilier est porteur d’un feu ternaire et leur union donne une Ennéade. On retrouve la formulation Vie (ankh), Force (ouas) et Santé (seneb), VSF, attribuée à Pharaon : chaque Pilier est porteur de Vie, d’une capacité de vaincre la mort, aspect cardinal, en astrologie ; chacun est porteur de Force, capacité d’animation et de renouveler toutes choses, aspect mutable en astrologie ; chacun est porteur de Santé, capacité d’équilibrer les antagonismes et de vaincre la dualité mortifère, aspect fixe en astrologie.

 

         Nous pouvons maintenant aborder leur utilité pour la Loge et voir enfin ce qu’ils soutiennent.

          Par eux, la Loge trouve son centre. Tout tourne autour d’eux. Ils entourent et illuminent le Tableau de Loge, le cœur de notre dispositif rituel, image-miroir du Ciel par le fil à plomb qui plonge en son cœur et au cœur de la Terre alors que les Piliers s’élèvent vers le Ciel. Le fil à plomb indique bien l’épicentre du jaillissement du magma primordial d’où la conscience peut jaillir. Ce n’est que par ce centre que nous pourrons approcher de l’Orient, le monde de la conception. Il reçoit les travaux des frères en tenue ainsi que toutes les paroles prononcées depuis que le Temple est consacré ; en Loge, on s’adresse toujours au Tableau, jamais à un frère. En ce sens, les Piliers soutiennent les travaux en tenue. Mais le Tableau de Loge reçoit également les outils mis à disposition par le Grand Architecte pour œuvrer, mais surtout il révèle notre alphabet initiatique qui est la clef du langage initiatique, de notre langue sacrée ; tous les symboles qu’il montre (et il faut insister, les Piliers n’y sont pas) permettent une formulation de l’éternité de l’œuvre. Les Piliers sont bien le lien vers la Connaissance ; sans eux rien ne peut être formulé en justesse et la dynamique de la Loge ne peut s’enclencher. Ce centre est également le cœur de la Chaîne d’union pendant laquelle on peut ressentir ce vibrant cœur de toute la démarche initiatique par un vrai partage énergétique. Ce point focal concentre l’énergie de la Loge et l’inscrit dans une intention communautaire qui dépasse largement la volonté de chacun. On peut donc conclure ici que les Piliers soutiennent la Loge et tout ce qu’elle peut formuler, en conformité avec le viatique d’Apprenti : « Qu’est-ce qui soutient votre Loge ? Trois grands piliers que l’on nomme Sagesse, Force et Harmonie, et qui sont symboliquement représentés par le Vénérable Maître et les deux Surveillants ». Il s’agit de notre Loge et non de la loge, ce qui marque bien l’aspect communautaire. Cet esprit ternaire, cette structure hiérarchique ainsi que la Règle constituent notre Loge et nécessite l’acceptation comme le vécu de ces trois concepts, modifiant profondément la pensée et le comportement de chaque frère. Le Vénérable Maître et les deux Surveillants dirigent la Communauté initiatique qui œuvre à un travail communautaire, mais en fait cela signifie que ce sont les Lois causales qui dirigent la Loge. Celle-ci, soutenue par les Piliers, peut s’élever en fraternité vers le Ciel des causes et rayonner. C’est ce qui est évoqué dans le rituel de consécration du Temple, juste avant le redressement des Piliers (ils préexistent donc au Temple et précèdent toute construction ; en fait ils sont éternels) et synthétisant ce qu’est une Loge : « Paix à cette demeure d’initiation. Que le Grand Architecte de l’Univers y trouve le milieu juste. Son fondement est la Foi connaissante, sa hauteur le feu de l’espérance, sa largeur le don de vie, sa longueur la persévérance, son fronton la justesse, sa beauté le rayonnement de l’Oeuvre, ses fenêtres sont les paroles des Frères passés à l’Orient éternel, son pavé mosaïques l’humilité, sa voûte la vie céleste. Que les trois grands piliers reçoivent leur lumière et que le pavé mosaïque soit dévoilé ».

          On peut aller plus loin en considérant l’allumage et l’extinction des Piliers. Leur couronnement fait descendre le Ciel sur Terre, fait apparaître la Lumière au cœur du Temple. C’est animer le monde manifesté à l’aide de la Lumière éternellement présente à l’Orient, celle qui naît d’elle-même dans sa propre cause, née et entretenue dans le monde sous-terrain. « Qu’une Lumière, venant de l’Orient, illumine ce lieu et éclaire les frères sur le travail qui les attend ». Ils illuminent le Temple et sont le cœur du réacteur du vaisseau qu’est la Loge ; par là ils se rendent présents à notre conscience. Il faut ici rappeler qu’à l’ouverture, il est prononcé, au futur : « La Sagesse illuminera nos travaux ; nos Forces leurs seront consacrées ; ils porteront le sceau de l’Harmonie » ; ces invocations concernent les travaux qui vont leur être offerts. Nos travaux ont pour seul but de formuler cette Lumière unique, de faire se lever le Soleil, de faire circuler la barque qui le porte et de l’amener à la table de l’Or, la table du banquet, où il sera partagé. La Loge est alors hors du temps et de l’espace, dans l’invisible. Il y a union avec tout l’univers, sans doute comme l’évoque Nassim Haramein dans la « Physique unifiée ». L’allumage est progressif dans un mouvement circulaire, selon un ordre précis ; les Piliers entrent en fonction. A la fermeture des travaux dans le Temple couvert, l’ordre est inverse et les verbes sont au passé : « L’Harmonie a ennobli leurs efforts ; ils ont donné le meilleur d’eux-mêmes ; La Sagesse les a recréés ». Les invocations concernent donc les œuvrants qui ont été imprégnés du vécu des Piliers. Leur présence à notre conscience a été renforcée ; il y a élévation spirituelle des frères. Tout le rituel de fermeture est l’inverse de l’ouverture pour que le Temple retourne à son origine.

          Quand l’homme ne reconnaît pas les trois Piliers, il tombe dans le binaire, ce que nous bassine notre époque aussi bien avec la structure académique thèse/antithèse qui rend la synthèse binaire, ou bien la structure anthropologique de l’homme corps et âme (psychisme), oubliant que pendant des millénaires c’était corps/âme/esprit comme l’évoquait si bien Hermès Trismégiste (livre IV, fragment 7) : « Il y a en nous trois espèces d’incorporels. L’un est intelligible, sans couleur, sans forme, sans corps, et dérive de l’essence première et intelligible. Il y a en nous des formes qui y répondent et qu’il reçoit. Ce qui est mis en mouvement par l’essence intelligible et reçu par elle se change en une autre forme de mouvement qui est l’image de la pensée du Créateur. La troisième espèce d’incorporels accompagne les corps : tels sont le lieu, le temps, le mouvement la figure, l’éclat, la grandeur, la forme ». La clef est là : la pensée ternaire qui permet de formuler le Verbe. C’est en passant de la vision binaire du monde (bien/mal, beau/laid... et tous les jeux des contraires) à la perception ternaire via les trois Piliers que, dès l’apprentissage, le frère apprend à structurer sa pensée ; c’est cela, en partie, qui permet l’intégration au sein de la Communauté initiatique et l’évolution sur la voie. Dès le début, dans tout travail, le frère commence par cerner le concept, la nature de ce qu’il travaille ; puis il en recherche la dynamique, la mise en œuvre, les liens qui unifient ce concept ; pour enfin rechercher les formulations possibles, les résultats, les utilités. Tout cela le relie à l’univers, lui permet de vivre ce lien en réunissant en lui le corps, l’âme et l’esprit. Et il se réalise dans le travail communautaire dans sa Loge. Toute œuvre, et donc tous nos travaux individuels comme nos rapports de travaux, doivent donc être composés en mode ternaire, puisque le Trois est « la première, et la plus pure, manifestation de toute architecture. Cette structure est immanente à tous les états de conscience ».

         Ce sont bien les frères, sur les colonnes, qui font vivre le Temple par les rituels en s’appuyant sur ces Piliers qui, en retour les soutiennent ; dès lors les colonnes du Temple peuvent s’étendre et participer à la construction de l’édifice, à l’élargissement de la Vie. Les Piliers soutiennent l’édifice et en garantissent la stabilité dynamique alors que les colonnes en font l’expansion. Soutenus par eux, les frères sont ainsi reliés, intriqués même c’est à dire intimement mêlés au-delà du temps et de l’espace. Il y a bien une magie qui ouvre des mondes insoupçonnés, des portes vers une perception sensible s’opérant par l’intelligence du cœur. C’est bien toute la démarche initiatique qui est soutenue par nos Piliers, la faisant naître, s’épanouir puis retourner au Principe, enrichie d’une conscience créée par le vécu en Loge selon la Règle.

          L’initiation n’est pas une voie facile, notamment parce qu’il faut lutter contre des forces puissantes et pesantes liées à l’individu pour pouvoir entrer dans une fonction, en être chargé, pour l’animer. Pour vaincre cette difficulté, les Piliers vont éclairer progressivement chaque grade selon un aspect particulier. Par la pensée ternaire, l’Apprenti pénètre le monde des symboles et peut aborder l’Astrologie sacrée montrant que le monde est organisé en Harmonie. Il découvre que chaque élément du zodiaque est ternaire, comme le montre l’image ci-dessus où C = cardinal, F = fixe et M = mutable. Les couleurs correspondent ainsi :

Rouge : Feu (Bélier, Lion, Sagittaire)

Gris : Terre (Taureau, Vierge, Capricorne)

Bleu : Air (Gémeaux, Balance, Verseau)

Vert : Eau.(Cancer, Scorpion, Poisson)

 

          Alors, le Compagnon découvre le Cinq, la quintessence des éléments et par eux le secret de la Pierre Cubique. Les trois Piliers permettent d’accomplir un voyage et de ce fait d’unir deux points, le haut et le bas, l’Orient et l’Occident, le Septentrion au Midi, la dualité formulée par le pavé mosaïque... Par la pratique de la Géométrie sacrée, il découvre que le monde fonctionne en dynamique et se déploie avec Force.

          Par ce Trois des Piliers, le Maître découvre la vision créatrice, l’œil complet, l’œil dont les parties ont été rassemblées, l’œil qui unit ce qui est et ce qui n’était pas encore, qui unit l’incréé et le créé. Il est capable de révéler la Sagesse de la création par la transmission du Verbe.

 

 

         Finalement, on peut dire que c’est la totalité de la vie en esprit, toute la création qui est soutenue par nos Piliers. En effet, le Temple est à l’image de l’univers, avec des dimensions sous forme de rapports, donc sans limites. Les étoiles sont des lumières célestes, elles aussi soutenues par les Piliers qui unissent la Terre et le Ciel, matrice et puissance de création. Ils sont donc des points de concentration pour rayonner et des matrices célestes, grosses des étoiles, celles qui guident notre voyage initiatique. Ce n’est qu’ainsi que la Loge peut apparaître en plénitude. Dès lors, les fonctions créatrices vont pouvoir se déployer pour que le voyage soit effectif à la découverte consciente des énergies de l’univers. Les frères s’intègrent alors dans le mouvement cosmique et peuvent aller au-delà de leurs limitations individuelles. La Loge est bien un vaisseau navigant à travers le temps et l’espace dans la connaissance des causes pour rejoindre la Cause.

          Puissions-nous rendre grâce au Grand Architecte de lUnivers et percevoir ce qui soutient magiquement le phénomène de la création permanente et qui fait vivre la Vie.

 


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