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I.3.b Les fonctions creatrices sont les forces d expansion de la Vie

         Le Principe de création est la Cause des causes. Nous sommes témoins de ses œuvres, de la création. En se pensant, il crée et utilise les Lois causales qui sont l’aspect Sagesse du phénomène de la création, les causes ; ces Lois se manifestent dans le Temple par les trois Piliers ; elles font que la manifestation repose sur l’Idée que la Force met en action et qui se concrétise en Harmonie. Tout cela se déploie par les Fonctions Créatrices, énergies spécifiées régies par les Lois causales, symbolisées en Loge par les neuf offices, et qui sont porteuses de ces Lois puisque celles-ci structurent tout l’univers et ce qui s’y passe ; elles sont l’aspect Force qui met en mouvement la volonté du Principe créateur, qui met en œuvre la création et anime le monde manifesté. La voie initiatique, par ce Trois et ce Neuf, nous invite à revenir à la Cause pour vivre la genèse permanente. Il en résulte l’expansion de la Vie, aspect Harmonie de la création, qui est à la fois transcendante et immanente dans son unité.


         Quelle est la nature des Fonctions créatrices ? En hiéroglyphes égyptiens , la fonction s’écrit « iat », soit une hampe papyriforme surmontée d’une corne de bovidé et d’une spirale ; c’est aussi l’emblème du temple de Min, dieu ithyphallique, dont le sexe, sa puissance génésique, est au niveau du nombril, centre de la croissance géométrique de l’être. La spirale exprime l’expansion de l’énergie primordiale ; elle est posée sur la corne du taureau, expression de la force, elle-même posée sur la fleur du papyrus, la « verdoyante » qui naît de l’océan des origines et fait naître le volume. Tous les offices prennent donc racine dans ce pilier central et sont marqués de cette symbolique.

         Le jeu des fonctions créatrices ou principielles s’appelle l’Initiation. L’Initiation est une fonction du Principe, indépendante des hommes. Ces fonctions sont les modalités de l’Être absolu ; chacune en est une polarisation, c’est à dire un aspect particulier. Nous les nommons : Résolution des contraires, Dualité, Communion, Putréfaction, Mémoire du passé, Imprégnation cosmique, Mouvement, Évolution, Purification. Il y a Neuf manières de faire vivre l’Énergie universelle qu’est l’Amour, cause fondamentale de toutes les métamorphoses. Il est bien dit à la Saint Jean d’Hiver à propos des Offices : « Entre leurs mains se trouve le secret dune métamorphose ». Chaque fonction développe une forme d’énergie, et leur action, ensemble, est synergique, c’est à dire que leur action totale est supérieure à leur simple somme. Ce monde des causes reflète l’unité de l’Énergie principielle mais la développe, source de toute genèse. Chaque fonction déploie une réalité phénoménale qui augmente l’organisation de l’univers, sa cohérence.

         Il y a un jeu de Nombres. Si le Trois est la première forme manifestée du Principe, il n’en est pas la forme achevée, alors que le Neuf rassemble toutes les actions possibles réalisées en perfection ; c’est par leur action que toute création peut se réaliser parfaitement. Neuf, étant le carré de Trois, le Trois à la puissance Deux, révèle la puissance accomplie des Lois Causales, exprimant le mystère de la mise en œuvre de la création. Ainsi se formule le Verbe créateur en faisant apparaître la vision de l’œil, l’entendement des oreilles et la respiration du souffle divin, ces trois aspects restituant au cœur le sens du juste rapport pour atteindre à la Connaissance. Cette novonarité est la source de toute œuvre. Cependant, la tradition occidentale l’a exprimée de plusieurs manières suivant la place de l’Unité, toujours présente et immuable.

         L’Égypte ancienne a ainsi évoqué l’Ennéade avec Atoum créant Chou et Tefnout, qui créent Geb et Nout, couple à l’origine de Seth, Nephtys, Osiris et Isis. Autrement dit, le Créateur est inclus dans ces Neuf. C’est le 8 + 1 = 9. Cette création se fait par divisions successives à partir de l’unité, correspondant au Huit du carré long argenté : le déroulement du Un dans la manifestation. De là, tout peut prendre forme en se traçant. Le Nombre Neuf est bien celui de la création dans son achèvement, mais c’est Pharaon qui est le Un qui autorise le retour à l’unité d’Atoum. « LEnnéade située dans la barque convoie la lumière divine vers l’occident et Pharaon en manie le gouvernail. Pharaon est un bâ qui passe entre vous, Dieux ! C’est l’ennéade qui reconnaît au Roi la capacité de se manifester, et son bâ est celui de la lumière divine ». Pharaon est figuré comme le bâ d’un Neter, c’est pourquoi il est invité par l’Ennéade à monter sur la barque céleste afin de la diriger, c’est-à-dire d’exercer le pouvoir à la tête des pouvoirs, et de manifester comme d’orienter la Lumière.

          Une autre manière de formuler le Neuf est celle des Séphiroths. Mais c’est le 9 + 1 = 10, où les Neuf fonctions sont dirigés par Kéther, la couronne, le Un considéré comme une fonction parmi les autres. Toutes sont liées, avec un emplacement précis, comme nos offices, à l’exception notable du Maître des démarches qui est libre. Cette représentation met bien en valeur les liens entre les différents points de cet arbre de vie, avec combinaison de forces qui révèle l’expansion du chemin de la Lumière.

          Une troisième manière d’envisager le Neuf et que nous faisons nôtre, est celle de la Tétraktys, composée de neuf points entourant un dixième au centre, source incréée ; c’est le Un qui s’éclate en Neuf (voir image ci-dessus), le Un en Neuf.

         En quelque sorte, ces Neuf fonctions sont des dieux, équivalents des Neters égyptiens, ce mot neter s’écrivant avec un mât surmonté d’une oriflamme, celle-ci révélant l’invisible, la connaissance principielle. Ce n’est pas du polythéisme car elles sont issues du Grand Architecte comme les Neuf offices de la Loge sont issues du Vénérable Maître. C’est le Un qui vit par le multiple, le Un de la Vie qui s’épand sans cesse ; c’est le Un qui engendre tous les Nombres, notamment le Douze de la Communauté initiatique qui ne peut vivre que si ses Neuf offices s’activent.


         Alors, comment agissent ces fonctions ? Chacune agit sous un angle particulier mais toujours ensemble, jamais individuellement, car elles sont étroitement liées, émanent toutes de la force universelle d’Amour et leur action coordonnée est toujours une multiple polarisation ; chacune est une manifestation particulière de l’Amour. Elles sont comme les rayons d’une roue, animée par le Un ; elles sont une formulation de ce qui se trouve sur le Tableau de Loge, du centre, ou plutôt du milieu puisque c’est la Chambre du Milieu qui a pour fonction de générer les fonctions créatrices ; elles sont le démembrement de l’unité et indispensables pour la reconstituer. Elles sont aussi des forces qui génèrent chacune un aspect de la Lumière et font naître, ensemble, la Vie dans la manifestation. Cet Amour est indispensable pour que la création ne soit pas une dispersion irrémédiable ; elles donnent la cohérence et font jaillir la Vie. On ne peut les comprendre séparément. C’est pourquoi, en Loge, les offices qui les font vivre sont chapeautés par le Vénérable Maître, incarnation de la Loi d’Amour, qui les englobe et les anime ; c’est lui qui en choisit les titulaires, les installe et leur redonne vie par un rituel spécifique à la Saint Jean d’Hiver, instant de renaissance et de régénérescence. Chacune voit l’univers sous un aspect particulier et détient un pouvoir qui est un des secrets du mystère de la Vie. Par exemple, le Second Surveillant, Maître du Symbole, voit que tout l’univers est symbole ; c’est vrai mais ne suffit pas. Il faut le regard des Neuf fonctions créatrices pour aborder le réel dans sa totalité. Alors, seulement, la Loge peut accomplir l’œuvre de genèse en rectitude, dans le respect absolu des trois Grandes Lumières et dans celui des trois Piliers ; leur mise en mouvement réalise en perfection l’œuvre communautaire, le Temple dans l’Homme.

         Le Temple est un lieu de réception du Verbe, un lieu de Vie, où l’homme s’anime en cherchant les Mystères de la Vie. A l’ouverture des travaux en tenue principielle, le Vénérable Maître, animé par les Anciens, anime rituellement les fonctions d’une manière analogue à Pharaon qui, en sa qualité de « », dirige la barque céleste qui contient l’Ennéade divine pour manifester et orienter la Lumière vers l’Occident. Dans le Temple, sous-tendu par les Lois Causales, la Vie se déploie par les fonctions créatrices, que les hommes s’y intéressent ou non ; encore une fois, l’Initiation n’a pas besoin des hommes, alors que l’inverse n’est pas vrai. S’ils s’assemblent en Communauté initiatique, dans le Temple, rituellement, autour des trois Piliers et en incarnant les fonctions créatrices, ils peuvent élargir leur conscience et enrichir la conscience universelle où rien n’est figé, surtout pas la pensée, à l’opposé des dogmatismes. La Loge doit être en recherche perpétuelle de nouvelles approches du divin ; c’est certes une dispersion, mais quand cette recherche est organisée par les offices, elle pousse sans cesse la Lumière à jaillir des Ténèbres.

         Ces fonctions, à chaque tenue, réalisent une authentique magie opérative, donc créatrice. Vivant selon les Lois causales des trois Piliers qui ont pour rôle de supporter la Lumière, de la faire rayonner et de permettre le déplacement dans l’invisible, elles recréent l’homme communautaire, nous imprègnent complètement de leurs caractéristiques comme des liens qui les unissent. La Loge, à l’image de l’univers et de la dynamique créatrice universelle, entre en création dès l’allumage des Piliers. Le rituel met en ordre et orchestre l’action, permettant de percevoir et réaliser la volonté du Grand Architecte de l’Univers avec les outils qu’il met à disposition, sans aucune recherche d’accomplissement individuel ; mais le paradoxe est que si celui-ci n’a pas lieu, il est impossible de faire vivre ces fonctions ; la clef reste la Règle.

         Dès que ces fonctions, à travers les offices, sont mises en vie dans la Loge, « Neuf la rendent juste et parfaite », ce qu’on ne pourra jamais dire d’un seul d’entre les frères. Le vécu des fonctions montre bien que notre démarche n’est que communautaire. Une Loge réellement en harmonie est une Loge dans laquelle toutes les fonctions vivent en symbiose, chacune remplissant sa tâche en se polarisant (dans le sens de concentration autour d’un objectif) dans l’intérêt communautaire pour une approche privilégiée de l’œuvre du Grand Architecte de l’Univers.


         Dès lors, ces fonctions provoquent l’expansion de la Vie dans le monde manifesté. L’expansion est l’acte de d’épandre en dispersant (« ex », hors de, et « pandere », étendre, déployer, étaler, ouvrir), de déployer dans l’espace. Il s’agit de la création permanente sous toute ses formes dont de nouvelles apparaissent sans cesse par métamorphose. La Vie se diffuse et s’exprime, des potentialités incréées sont rendues manifestes ; la Lumière s’étend dans l’univers comme dans le Temple ; « le Verbe est la Vie et la Vie est la Lumière des hommes ». La Magie opère en toute harmonie et la réalité de la Vie se révèle. Le mystère de la Vie est là tel un arbre, de la graine à la plante épanouie, branches, feuilles, fruits ; tout se déploie. Son mouvement anime la création depuis sa source qu’est le Principe créateur. La vie en esprit se libère au-dedans comme au dehors du Temple pour qui sait voir, car, comme l’indique le sexe de Min placé au nombril, l’expansion de la Vie n’est pas de l’ordre de la reproduction comme les Compagnons le savent par l’Art du Trait.

         Dans le Temple, la Vie utilise l’homme, l’être conscient de sa conscience, pour élargir la conscience universelle et reconstituer l’Homme universel. Pour cela, le Vénérable Maître incarne l’Amour, source de toutes choses, et fait fonctionner la Loge qui peut voyager magiquement dans l’invisible. Mais si un frère est défaillant, le Un n’est plus complet comme dans un organisme dont les organes doivent fonctionner parfaitement pour que s’accomplisse le miracle de la vie. La fable de La Fontaine, « Les membres et lestomac », tirée de celle d’Ésope, montre bien cette association entre la fonction centrale et les autres. Il y a bien hiérarchie et plus la fonction comporte de pouvoir, plus son service est exigeant et plus les liens qu’elle implique sont denses, dans le Temple mais aussi à chaque instant de l’existence. L’individu s’efface devant la fonction et s’assure qu’il agit au mieux, à sa place. Tout manquement a des répercussions.

         L’entropie ou dispersion de l’énergie, règne dans tout système isolé, mais pas dans l’univers dans son ensemble ni là où règne la Vie ; l’histoire du cosmos telle qu’elle est reconstituée aujourd’hui par les scientifiques, est celle d’un ordre croissant. La vie se développe et rien ne peut l’en empêcher. Le Temple est l’univers ; quitter le Temple et sa Loge, c’est entrer dans l’entropie et donc la mort. La Loge vit des cycles journaliers (ouverture des travaux, banquet, dispersion hors du Temple), annuels... de naissance-expansion-rétractation qui rythment son existence. L’Énergie universelle se répand ainsi, s’épuise au niveau de la Loge qui est humaine ce que nous ne pouvons pas oublier. Elle se régénère à la table du banquet qui est le banquet des fonctions créatrices. Elle peut alors retourner à l’œuvre de création et au travail de chaque frère. Cet aller-retour est nécessaire et permanent, en conformité avec notre mythe qui est dispersion des forces vives du Un, qu’il faut inlassablement réunir. Tout cela a l’effet surprenant d’intriquer les frères car, même séparés physiquement, ils forment un système unique présentant des états dépendants les uns des autres. L’analogie quantique est bien réelle.

         Qu’en est-il au niveau de chaque frère ? Le Grand Architecte est Verbe, Vie et Lumière, issus du Principe. Nous sommes nés de la Vie et de la Lumière, et en sommes formés. Quand nous en sommes conscients, nous marchons vers la Vie, mais dans la seule mesure où nous nous trouvons dans une Communauté initiatique où les fonctions créatrices vivent. L’espèce humaine est sans doute la plus achevée, à l’image du Grand Architecte. Elle est composé de plusieurs plans dont le nombre varie suivant les traditions. Pour nous, il y a le corps physique avec les sens matériels et l’intellect qui lui donnent une première perception de l’environnement ; cela concerne le monde visible. Puis vient la dimension affective et intuitive, la conscience individuelle, qui est l’âme ; cela concerne l’invisible. La pression environnementale joue sur ces deux plans. Le dernier plan relève de l’étincelle divine, l’esprit, cette part de Lumière incréée : « Le Un est ce que nous pouvons percevoir lorsque nous reconnaissons que tout être est porteur dune étincelle divine ». Elle est indifférente aux avatars de l’existence mais peut relier l’homme à son créateur. Si l’âme se livre totalement et s’unit en conscience à l’esprit, elle pourra être entraînée avec lui dans un élan d’amour immense. On ne peut guère seul en prendre conscience et la développer. Seules les forces que sont les fonctions créatrices peuvent animer la vie en esprit. Là se trouve la partie essentielle de l’être, la plus secrète mais la plus importante pour entrer en contact avec la conscience universelle. Selon l’analogie de Pialoux, ces fonctions sont les facettes d’un diamant qui peut briller de mille feux si elles sont unies et actives.


         Nos perceptions profanes de temps et d’espace sont bousculées sur la voie initiatique. Beaucoup de textes sacrés n’ont aucun sens d’un point de vue logique (Prologue de Jean, viatique avec par exemple la raison du lieu où se tient le Vénérable Maître...) et cela se retrouve dans les travaux des frères (les Piliers ne soutiennent rien mais ils soutiennent l’univers...). Mais dès que les perceptions basculent dans le plan initiatique, cela fait sens. Nous tentons ainsi de réaliser le Temple de l’Homme Universel par l’énergie universelle qui nous traverse et qui est l’Amour. Puissions nous faire vivre les fonctions créatrices pour que certaines potentialités qu’offre le Grand Architecte de l’Univers se concrétisent selon Sa volonté afin que vive la Vie, ici et maintenant, dans la conscience.

Jacques Pialoux. Le Diamant Chauve Plus


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