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III.2.a La transformation des intentions en pensees justes, la naissance de la Lumiere

          « Intensio » en latin signifie tension, application, attention, effort vers un but, intention, volonté, intensité, augmentation. C’est se proposer un but mais déjà avec un désir et la volonté d’agir en conformité avec la Règle. La finalité d’action est entrevue à la différence des pulsions instinctives qui ne mènent nulle part en général. L’intention a déjà une réalité et implique un regard plus que de l’intellect, une projection qui implique une concrétisation.

         Mais doù doivent venir ces intentions ? Si elles viennent de nous et sont tournées vers le monde profane, nous restons en dehors du secret de la vie et subissons l’existence qui nous conduit à chaque instant vers la mort. Individuellement, nous ne pouvons que réagir à notre environnement direct. Saint Bernard nous donne la solution initiatique : « La pureté d’intention incline notre cœur à ne vouloir plaire qu’à Dieu seul et en donne la force... Le visage de l’âme, c’est l’intention qui sert de critère pour juger de la rectitude des actes... L’intention et le jugement de la conscience donnent à vos actions leur couleur.» Cela nous renvoie déjà au sujet suivant sur l’acte. A nous de faire en sorte que le souffle divin féconde notre conscience pour que notre but soit conforme à ce qu’il souhaite, à sa volonté. En effet, pour Castaneda : « Les sorciers appellent intention l’indescriptible, l’esprit, l’abstrait, le nagual.» Tout cela signifie qu’il faut passer de l’intention centrée sur soi, celle de tout profane, à l’intention centrée sur le divin, l’incréé, l’Esprit, sur ce qui permet le phénomène de la création. C’est le non-agir qui signifie simplement ne pas interférer par nos désirs personnels qui dévient toujours du chemin spirituel. Alors, l’intention est pure, ne visant que l’intérêt spirituel et non soi-même ; elle est conforme à la Règle. A nous d’entendre le Verbe issu du Principe qui doit inspirer et guider notre action.

         Cela se construit longuement dès le début de la voie en passant d’une approche individuelle à une approche communautaire sans recherche de bénéfice, sans compétition, sans besoin de briller, voire sans but personnel. C’est la base de notre démarche pour passer des « bonnes intentions » souvent dangereuses (c’est tout le problème du bien et du mal) à leur justesse, indissociable de la simplicité. Il est impossible de construire sans une règle d’assemblage ; on ne peut assembler les matériaux du Temple, si nobles soient-ils, sans la Règle. Celle-ci est la première manifestation du Principe créateur qui, en la créant, s’y est lui-même conformé. Percevoir et vivre la Règle au travers du vécu communautaire et non plus sa propre règle, est un préambule indispensable pour sortir de l’illusion et aller vers le Temple, lieu de toutes les réalités et où la Lumière naît d’elle-même lorsque le rituel est authentiquement pratiqué.

 

         Cependant, tout cela ne suffit pas. Il faut transformer ces intentions qui contiennent un feu, en pensées justes. C’est ce feu qui doit se manifester pleinement, en conscience, changer de forme pour devenir pensée.

         Mais est-ce une transformation ou une transmutation ? Une transformation est un changement de forme, la nature restant la même, mais précédée d’une décomposition préalable. D’ailleurs, plus largement, toute transformation initiatique passe par la purification. La vie est un perpétuel processus de transformation cyclique qui passe par la naissance, l’existence et la mort, avec une régénérescence permanente ; c’est en avoir conscience qui fait entrer dans la vie et c’est ce que permet l’initiation en imprégnant de la magie créatrice, en nous reliant à elle et à la permanence de cette réalité.

         Ce qui n’est pas vécu n’est pas juste et reste du pur mental. On ne peut penser qu’en vivant les choses, en les pratiquant, en fonction d’une justesse de perception donnée par le rituel. Le piège est de s’accrocher à ce que perçoivent les sens physiques et de rechercher un standard de référence comme des croyances, ou ce qu’il est convenu d’appeler la pensée unique. Mais ne fait pas mieux la pensée mentale, courante en philosophie ou en psychologie quand son usage est trop rationnel. La démarche initiatique se base sur un mythe de création où le mental est impuissant et qui impose une pensée sans image, capable d’aller au cœur des concepts, accessible au seul cœur-conscience qui peut aborder la Connaissance, la nature de la Lumière.

         Les supports de cette pensée qui doit traduire la volonté du Principe en fonction du temps et du lieu, sont les rituels, la Règle, le devoir indissociable de l’amour, le travail au sein de la Communauté initiatique sans jamais renier la personnalité de chaque Frère. L’épanouissement du cœur-conscience favorise l’émergence du sens de l’Amour. Amour et Lumière sont implicites au Principe de création et génèrent l’énergie qui meut l’univers. Si nous ne sommes que de passage ici-bas, la Vie dans son essence tient dans le mouvement qui la transmet (H. Bergson). Pour ne plus subir l’existence, il faut se tourner vers la Lumière, vers le Verbe créateur pour se situer sur le chemin de Vie, en cohérence avec le Principe créateur. Tout cela doit s’intégrer dès le début de la voie, graduellement, tel que l’indiquent les différents viatiques qui permettent de passer de l’intention à la naissance de la Lumière. C’est bien pourquoi le tuilage est systématiquement pratiqué dans chaque Chambre.

          La Magie peut opérer en développant l’énergie de la Loge, en développant sa dynamique qui imprègne tout un chacun, nous modèle sans standardisation et donne la volonté d’œuvrer. Pour parcourir le chemin de vie, il va falloir reconnaître l’énergie vitale nécessaire. Dès le grade d’Apprenti, les travaux autour de la table du banquet indiquent que : « Les Apprentis reconnaîtront l’énergie dont ils ont besoin s’ils sont capables d’entendre ce que proclame le Devoir et alors ils découvriront le chemin de vie.» La première transformation est donc le Devoir qui commence par servir la Loge, à être dévoué à son fonctionnement selon la Règle. Le Frère n’est plus tourné vers lui-même et son existence mais vers sa Communauté. Sa pensée se centre et s’oriente vers les axes du Temple.

          Dans le même rituel, il est dit : « Comment les Compagnons reconnaîtront-ils l’énergie dont ils ont besoin ? Si leurs intentions ont le pouvoir de se transformer en pensées justes, ils découvriront les chemins secrets de la Pierre Cubique.» Le chemin transformateur est donc précisé par une justesse géométrique qui fait parler les Nombres et leurs rapports et donne une description de l’ordre du monde, révélant ainsi la magie créatrice du vivant qui peut circuler dans nos consciences. Tout plan tracé doit être juste pour que l’élévation se fasse en harmonie vers le ciel des causes et que la construction de l’œuvre ne s’effondre pas. La justesse est la fondation de toute création. Tel est le Temple, construit à partir du plan de la création révélé par la Pierre Cubique et édifié par le rituel à chaque tenue, en cohérence avec l’origine.

         Avec la Maîtrise, grâce à un changement radical et profond de l’être, il est possible de donner l’énergie de la Connaissance à la parole et à l’usage du Verbe qui permet de ne pas confondre une chose avec une autre. Il est alors possible d’accomplir l’Œuvre du Grand Architecte de l’Univers d’un commencement jusqu’à un terme et d’être relié à l’énergie de la Vie.

 

         Dès que la pensée est juste, il est possible de faire naître la Lumière par l’action. Faire vivre ses intentions, premier jaillissement de l’esprit, implique non seulement d’avoir des pensées justes pour conceptualiser l’œuvre, mais de les transformer en acte et formulation.

         La pensée juste est créatrice car orientée vers la Lumière et celle-ci crée. Ainsi peut naître l’œuvre et celle-ci peut éclairer les consciences. Toute œuvre issue de la volonté principielle et réalisée en accord avec la Règle est source de Lumière. Par laction de la magie, la formulation n’altère pas l’idée initiale, les œuvrants sont transparents dans l’expression du Verbe créateur dans la mesure où ils agissent en harmonie avec les fonctions créatrices et la Règle par le rituel. Mais là, on semble évoquer le cas du frère. C’est juste dans la mesure où cela conduit à la même chose pour la Communauté initiatique, tout particulièrement dans le Plan d’œuvre : l’intitulé et son prologue sont l’intention, et la succession des sujets permet de développer une pensée que l’on peut espérer juste. Dans son déroulement, il est demandé aux frères de s’engager avec intention, avec tout leur être, seul moyen de vivre le déroulement du plan. Les rapports de travaux qui en résultent bâtissent l’Œuvre.

         La pensée développée dans les rapports de travaux fait entrer dans la Connaissance et permet de voir naître la Lumière, d’entrer magiquement dans la Vie par la communion initiatique vécue en Loge. C’est cette communion qui fait naître la Lumière dans le Temple. Les Frères se nourrissent de cette dynamique qui les fait quitter leur état d’être individuel pour accéder à un état plus universel : ils participent au mouvement de la Vie et de l’univers. Entrer dans la Lumière contribue à la faire naître. Prendre conscience de l’aspect impermanent des choses de l’existence permet de se consacrer à la permanence de la Vie ainsi qu’aux forces de l’Amour et de son expression, la quintessence. Il s’agit de vivre l’harmonie en osmose avec le moment présent.

         Le travail dans une Communauté initiatique consiste à mourir au vieil homme pour faire naître un homme nouveau, l’homme communautaire, universel qui existe de toute éternité. Tel est le symbole du Phénix, l’oiseau des origines, le feu de la transmutation. Il est la création permanente, éternel recommencement sous une forme toujours nouvelle. Il est l’oiseau du mythe qui vainc la mort. Il se consume, meurt et renaît de ses cendres ; il s’autogénère, vivant la naissance continue par le feu créateur. Il se trouve dans la crypte (cabinet de réflexion) où le néophyte, porteur d’une étincelle divine, est prêt à renaître à la Lumière du Temple pour participer au cycle de l’œuvre. La plus belle œuvre d’une Loge est de créer un Frère.

 

         Pour réaliser l’Œuvre, il y a un cheminement : intention, pensée juste, énergie, Pierre Cubique en tant que support des transformations, Lumière. Cela mène à la perception des mystères de la création au travers des œuvres communautaires. Puissions-nous, par la pensée de la Communauté initiatique, voir la naissance de la Lumière et entrer magiquement dans la Vie en éternité.


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