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III.2.b Le mouvement et l'acte juste au moment juste dans le juste milieu.

          La magie est bien au cœur du mouvement vital et de l’action initiatique. Mais pour le percevoir, il nous faut revenir sur ce qu’est la Vie, comment notre démarche nous conduit à agir pour y entrer et qu’il en résulte une justesse dans toutes les dimensions de l’existence ce qui est indispensable pour transmettre ce que nous percevons.

 

          Le mouvement n’est pas la Vie ; l’effet n’est pas la cause. Le mouvement brownien est un mouvement aléatoire de particules qui n’a rien de vivant. Verbe, Vie et Lumière sont la cause du mouvement. L’ambiguïté est souvent citée. Par exemple : « Si l’on vous interroge : quel est le signe de votre Père qui est en vous ? Dîtes-leur, c’est un mouvement et un repos » (Évangile de Thomas. Logion 50). La Vie est mouvement et repos. Mais encore faut-il s’entendre sur ce qu’est le repos. Cela peut être un arrêt ou un mouvement endogène pour récupérer de l’énergie, tant physiquement que mentalement. Il semble que pour Thomas, il s’agit de la première interprétation. Le Père est dans l’incréé, où il n’y a ni temps ni espace et donc pas de mouvement, mais comme créateur il se manifeste et crée le mouvement de la Vie. C’est la vision de l’hindouisme tantrique : « Brahma en tant que lui-même, ne change pas ; Brahma en tant que monde change ». Le monde, en sanskrit, est « le Jagat », un mot qui signifie mouvement ; rien ne s’arrête un seul moment et au contraire, Brahman est immobile. Cela est confirmé par Ibn’Arabi : « Tous les êtres sont en voyage car l’existence suppose le mouvement, tout comme la non existence suppose l’immobilité ou le repos ». La nature du temps est le changement et nous y sommes immergé. Rien n’est immobile ou en repos dans le monde. « La Vie est perpétuel mouvement, perpétuelle opération » (Hildegarde de Bingen). Cela s’étend à l’âme : « Le mouvement est l’essence et l’idée même de l’âme » (Platon. Phèdre). Cela va plus loin : « Le mouvement et le repos, l’axe du favorable et du nuisible » (Huainan Zi). L’arrêt, l’immobilité, le repos, dans le monde manifesté, c’est la mort ; une pensée figée disparaît, comme tout dogmatisme ; la recherche est permanente. Comme le dit un proverbe chinois : « Ne crains pas d’avancer lentement, mais de t’arrêter ».

         Le repos en tant que mouvement endogène ne s’oppose pas au mouvement. Après un marathon, il faut récupérer par des déplacements lents (marcher pour éviter les crampes, se nourrir, boire et toujours respirer, le cœur battant). De même, dans le sommeil, l’inconscient est actif et il y a plusieurs phases avec des vibrations différentes du cerveau, comme dans la méditation. Un être vivant est en mouvement permanent, physiquement, mentalement ou spirituellement. Mais il existe des dynamiques stériles voire contre productives ou même fatales.

         C’est parce que la Vie a sa source dans l’incréé, ce qui lui donne un ancrage, qu’elle peut se manifester par le mouvement qui est alors une de ses caractéristiques. Elle s’exprime par la magie. Isis, la grande magicienne, était capable de redonner vie, comme pour le dieu Rê, mordu par un serpent et qu’elle a guéri en échange de la connaissance de son nom secret. De même, elle redonne vie à Osiris en rassemblant les parties séparées de son corps, de la même manière qu’elle réunit, en tant que Veuve, les frères en tenue principielle leur donnant la capacité d’animer le rituel. Dans la mythologie nordique, Frigg, femme d’Odin, est une magicienne qui tisse des fils pour les trois muses du destin que sont Urd (le passé), Verdande (le présent) et Skuld (l’avenir) ; ces fils décident de l’avenir du monde et des hommes ; elle a la capacité de redonner la vie ou de la supprimer en fonction de sa connaissance de l’avenir qu’elle ne révèle jamais. La magie, souvent l’apanage des femmes, véritable maîtrise des énergies, génère bien le vivant et vainc la mort. Elle s’oppose directement à l’entropie, pente naturelle de l’univers qui dégrade l’énergie, mène au désordre et à la mort. Si la mort physique est inévitable, elle est une composante de la Vie manifestée car elle peut donner naissance à de nouvelles formes dans un cycle naissance-existence-mort.

         Pour l’homme, la magie permet de lutter en permanence contre le désordre naturel de l’individu et de ne pas mourir spirituellement. Alors, l’acte magique n’est pas une production en réaction mais une création qui repousse l’effet fulgurant de ce qui survient et peut donc empêcher des événements ; elle devance toute action qui n’est pas de l’ordre de la vie ou qui va à l’encontre de celle-ci (l’entropie notamment). Le Compagnon en découvre les clefs dans la Pierre Cubique où la Vie se manifeste pleinement. La magie s’appuie sur la connaissance des lois vitales pour les mettre en œuvre de façon consciente ; connaître les forces créatrices à l’origine de la vie permet de pouvoir agir sur elles. C’est entrer dans la dynamique de la vie pour être en harmonie avec elle. La magie est ainsi un guide dans l’évolution du frère au sein de la Loge par la pratique des petits puis des grands Mystères.

 

         L’initiation est ce qui permet d’entrer dans la Vie par l’action, à condition qu’elle soit centrée, dans un milieu adéquat, au bon moment.

          Pour être initiatique, cette dernière doit être centrée sur le ternaire Principe-Grand Architecte-Veuve dans un but bien au-dessus de la condition humaine, donc à la gloire du Grand Architecte de l’Univers. L’archétype du mouvement dont il est question ici est celui du compas du Grand Architecte qu’il pointe dans l’incréé, pour une raison connue de lui seul, pour former le cercle puis une sphère, voire deux (terrestre et céleste), qui sont reliées magiquement afin de créer le monde. L’Esprit, de nature incréée, est présent partout : « Dieu est une sphère dont le centre est partout et la circonférence nulle part ». Un initié ne peut être un contemplatif ; il doit agir selon le non-agir. Pour ne pas se mouvoir en gesticulant, il doit avoir un point fixe de référence. Pour lui, la sphère de l’Univers tourne sans cesse avec au centre, immobile, le Principe de création, qui est également englobant en tant que Ciel. L’acte est un mouvement qui se déclenche par la main, le pied, les yeux... et devient une parole du corps. Le mouvement donne la nature de l’acte et son orientation. En hiéroglyphes, maître se dit « NB », l’énergie et la jambe, donc l’énergie qui permet d’avancer et ce sera en justesse si le maître est bien centré sur l’Esprit et non sur autre chose. Le Frère doit toujours se demander sur quoi il est centré.

         Être centré sur le Créateur implique de pratiquer la magie communautairement en maîtrisant le déroulement de l’énergie du Principe par le rite. La maîtrise du mouvement passe par le travail ritualisé sur la matière. Tout travail sacralisé implique la connaissance du Ciel, des puissances célestes, des nombres et des symboles du rite ; il est alors en mesure de générer des formulations de la vie en esprit, de les inscrire dans une matière porteuse de lumière. La Loge entre ainsi en conscience dans le mouvement de la vie et participe, en quelque sorte, d’une danse rituelle qui anime les expressions sacrées du Grand Architecte de l’Univers dans un lieu juste et parfait. Un rituel est une mise en action de symboles qui s’animent dans un temps et un lieu sacrés puisque tout mouvement implique un espace et un temps. La circumambulation dans le temple est l’archétype du voyage initiatique se déroulant de la première à la douzième heure (midi à minuit dans de nombreuses loges) entre les moments sacrés de l’ouverture et de la fermeture des travaux rituels.

          Dans le rituel d’ouverture des travaux, les mouvements préparent la matière pour l’œuvre ; après l’acte essentiel d’assembler les trois Grandes Lumières, le Vénérable Maître dit : « soit », et cela déclenche l’acte rituel d’illuminer le temple, de faire se répandre la Lumière à partir de l’Orient ce qui impulse le mouvement de la Vie dans l’espace de manifestation du temple (là où se trouvent les frères, en dehors du Vénérable Maître et du Passé-maître). Tout peut alors se déployer dans cet espace en forme de carré long de la genèse. Le Maître des Démarches organise l’espace et le temps selon le Nord solaire et le Midi lunaire ; sa démarche est ordonnée, ordonnée par la Règle et le Vénérable Maître. Ainsi se met en place la circulation de l’énergie spirituelle, la réception de la Lumière et l’expression du Verbe. La présence constante de la Veuve par son trône (mais aussi par ses divers noms, notamment ceux de Tradition, Règle, Occident, Géométrie, Rite, Ciel, enceinte, vase, communauté) assure l’efficacité de la magie. Toute la tenue permet de sortir du temple couvert vers la salle du banquet ; ce dernier mouvement est l’entrée dans la mort tout en étant vivant, et en portant ce qui a été perçu dans le temple. Mais tout cela n’a de sens que parce que la vie initiatique commence dans la crypte, par la mort, pour faire cesser les mouvements incohérents du profane et entamer un cheminement ordonné.

          Individuellement, l’acte initiatique est d’être avec ses frères en Loge, d’y vivre les rituels, de travailler et d’offrir ce travail à la Communauté initiatique dans sa construction de l’œuvre à partir du Plan d’œuvre afin de retourner sans cesse vers l’Unité. Celui qui recherche cette origine qui donne accès au tout, doit aller vers le centre de lui-même, trouver et développer les parts de lumière qu’il recèle ; il éveille le cœur-conscience, organe virtuel, impalpable et insituable précisément, mais vital sur le plan spirituel. Le Maître retrouve ainsi le centre mythique du monde qui préserve de la dispersion et fait tenir l’univers. Il atteint la cohérence et se place au cœur de l’amour créateur. C’est cela plonger dans la magie avec amour pour générer une forme de vie et vaincre la mort qui n’a plus d’importance. La magie doit être amoureuse pour donner le pouvoir d’agir sur les liens qui rassemblent ; « Que la Communauté des initiés exprime dans sa pensée comme dans ses actes l’amour créateur » (saint Jean d’Hiver). Cet amour, véritable Feu, crée la sensibilité initiatique qui guide l’acte. Acte qui sera à la fois utile et lumineux (« Akh » en égyptien).

         Outre un centre incréé, l’action doit se pratiquer dans un milieu adéquat. Le mot milieu a plusieurs sens ; deux sont utiles ici : celui de cœur et celui d’environnement, de cadre de l’action. Le cœur est plus une notion d’énergie que d’espace, une notion de convergence des énergies pour les concentrer et leur permettre de se diffuser, de déclencher le mouvement. Au football, le milieu de terrain est au milieu de son équipe, distribue le jeu, a une vision globale avec tous les autres joueurs autour de lui ; il bouge sans cesse selon le déplacement des autres énergies qui l’environnent pour trouver la manière de jouer pour atteindre le but. De plus, à chaque fois qu’un joueur reçoit le ballon, il est au milieu et doit percevoir le sens du jeu avec son équipe. Mais revenons à notre démarche et constatons que la Vie ne vient pas de notre planète mais de l’incréé, du Ciel, symbolisé par la couverture du temple. La Polaire, symbole, et non l’étoile physique visée par l’axe de la terre, est ce point fixe d’où pend le Fil à plomb. Ce point symbole, issu de l’incréé, permet le mouvement cohérent ; cependant cela ne suffit pas ; ce Un doit être triple, ce qui est réalisé par les trois Piliers, ce milieu, ce cœur qui est un espace, véritable Chambre du Milieu. Le pilier Sagesse renvoie à l’Orient, espace de création où le Vénérable Maître déclenche les mouvements dans l’espace de manifestation qu’est le carré long du temple et où la Vie s’exprime. Le Vénérable Maître est en relation avec ceux qui sont partis vivants dans la mort, les Initiés passés à l’Orient Éternel, et il est placé sur un siège tournoyant (analogue à celui du Roi Arthur de la Table ronde), comme le Dodécaèdre étoilé ou quintuple hexaèdre qui tournoie dans cinq directions et qui est proche de la Pierre Philosophale. La Chambre du Milieu est le lieu au centre du mouvement mais toujours en voyage, et, parce qu’elle est au-dedans et au-dessus de l’athanor, elle permet à la magie créatrice de générer le vivant et de vaincre la mort ; cette chambre contient les fonctions de création issues du démembrement du Vénérable Maître pour accomplir les rituels.

         L’autre sens de milieu est celui d’environnement, d’ensemble où l’on vit. On parle aujourd’hui beaucoup d’écosystème, de milieu naturel où chaque élément du vivant interagit avec les autres dans un équilibre plus ou moins harmonieux et où l’homme est capable de dérégler cet équilibre, peut-être parce qu’il veut se placer au centre et non au milieu ; se placer au centre, c’est agir avec l’ego, avec égocentrisme. Pour nous, cet endroit cohérent pour accomplir l’acte en harmonie avec les lois vitales, la Règle, le centre de notre existence car au centre de tout, est le temple qui est à l’image de l’univers, de la création. Nous pouvons y vivre dans le juste milieu de l’univers, chacun à sa place et l’harmonie peut y régner, loin de la vision profane de l’univers grâce à la dualité créatrice du Pavé mosaïque, support de l’espace de manifestation du temple. Un exemple d’écosystème initiatique peut être donné par l’archer qui vise une cible : si les relations dans le ternaire archer-arc-cible forment une unité, le mouvement qui se déclenche aligne les trois éléments ; la cible faisant partie du milieu considéré est atteinte. Un autre exemple est celui de la spirale dorée où le centre qui détermine le tracé suit également une spirale dorée ; le centre est donc en mouvement et crée un milieu fonction du Nombre d’or dans lequel le Compagnon doit se situer pour pouvoir éventuellement s’intégrer dans la Chambre du Milieu.

          Enfin, l’acte doit s’effectuer au bon moment. Quand est-ce ? L’acte doit rendre l’éternité présente dans le temps ; pour cela, il doit partir d’un point d’éternité, comme un point du rituel par exemple. Mais cela ne peut suffire. La connaissance du bon moment est essentielle, celui où l’acte aura sa pleine efficacité. Notamment les passages de grade ne doivent s’accomplir qu’au moment où les Nombres adéquats sont connus. Alors, la magie favorise l’harmonie et permet à chaque frère de trouver sa bonne place dans le Loge, donc dans l’univers, et d’avoir une parfaite connaissance de ce que nous faisons et de ce qui en découlera. C’est être dans l’instant de la conscience donné par le rituel qui place la conscience communautaire entre naissance et mort, visible et invisible, dans le temps et hors du temps, exactement comme la vie s’exprime. C’est agir avec toute la perfection possible dans ce que l’on sait faire en fonction de notre vécu communautaire, ici et maintenant, en conformité avec une Règle d’assemblage mais avec désintéressement du résultat ; advienne que pourra. On n’agit pas pour un résultat mais par nécessité selon la Règle. « La nécessité des devoirs est d’une urgence contraignante à tout moment » (saint Bernard). Mais il faut ici insister : isolé de nos frères, nous ne pouvons provoquer ces moments de grâce qui ne peuvent se manifester que par le travail communautaire, dans le plus pur esprit de la Règle. Elle est indispensable pour que l’acte soit harmonieux, guidé par le Vénérable Maître et la Chambre du Milieu. Cette harmonie naît de la force qui anime les frères s’ils sont bien intégrés à la Communauté initiatique et qui est alors au service de la sagesse qui crée l’acte. La Chambre du Milieu n’est ni du temps profane ni du monde des apparences, et pourtant elle agit en ce temps et en ce lieu ; placée au centre de l’Univers, dans une éternité, elle peut être la main agissante de la volonté du Grand Architecte de l’Univers.

 

         Mais qu’en est-il de la justesse ? Elle résulte de tout ce qui vient d’être évoqué. Elle est toujours une conséquence et non un préalable.

          Qu’est-ce que la justesse ? Elle qualifie ce qui est parfaitement adapté à sa destination, ce qui permet d’exécuter très précisément une chose, sans la moindre erreur, le fait que les choses se rapportent l’une à l’autre avec une grande exactitude. Elle n’a pas de rapport avec la justice (toujours humaine) ou la vérité. Il n’y a pas d’absolu dans le monde créé ; les choses sont toujours relatives. Il n’existe pas d’acte bon ou mauvais, applicable partout et tout le temps. Le bien et le mal font partie de la vision binaire et profane de l’existence. Tout est dépendant d’un contexte donné où il est nécessaire de trouver un accord, un équilibre avec un environnement. Cependant, la démarche initiatique permet de rejoindre l’absolu du monde de l’Esprit. La justesse d’un acte se rapporte à la marche de l’univers ; ce ne sont ni les aspirations de l’individu, si nobles soient-elles, ni même celles de la Communauté initiatique qui vont caractériser la justesse d’un acte si celui-ci n’est pas mené dans le temple selon le rite. On peut donc se demander si l’acte juste, au moment juste, dans le juste milieu, est d’un niveau de perfection atteignable. Fausse question. Dès lors que les modalités évoquées ci-dessus sont réalisées et vécues en conscience, l’acte est parfait. Rappelons que « Neuf rendent la loge juste et parfaite » (les neuf fonctions de création issues de l’éclatement de la fonction de Vénérable Maître) dans la mesure où ces fonctions sont pleinement assurées et assumées. Et alors, le devoir implique : « Que la Lumière qui a éclairé nos travaux continue à briller en nous pour que nous poursuivions au dehors l’Oeuvre commencée dans ce temple ».

         A quoi reconnaît-on cette justesse ? A l’harmonie qui règne dans la Loge, en rapport avec la Règle. Cela s’illustre géométriquement à partir du carré long de la genèse (1x2) donné par la disposition des trois piliers selon le schéma ci-dessus. La ligne joignant la Sagesse (S) à la Force (F) pourrait représenter « l’Acte Juste » : pensé par la Sagesse et exécuté par la Force. La projection de la vibration de l’Harmonie (H) sur cette ligne donnerait le « Moment Juste » (H’). La notion d’harmonie est ainsi intégrée dans notre vécu ; le moment juste devient l’instant de tous les possibles, créant une dynamique pour aborder la notion de création (point Cr, avec l’apparition d’un carré long doré). Cette harmonie se répercute sur tous les frères s’ils lèvent le doute stérile, font silence en eux pour ne plus être soumis aux soubresauts de leur environnement tout en étant bien centrés sur la Communauté initiatique.

         Cette harmonie qui témoigne de la justesse de l’acte n’est pas linéaire ; elle est rythmique. La marche de l’Apprenti est un acte ternaire qui se fait selon un rythme (comme d’ailleurs la batterie). Le pas est la mesure du mouvement qui doit toujours s’exécuter avec mesure. Les pas reconnaissent un lieu, un chemin et célèbrent le mouvement originel de la création du monde. Les deux saint Jean sont des points charnières du rythme annuel, temps d’obscurité et de lumière avec un équilibre qui se crée aux équinoxes. Il y a donc des temps forts et des temps faibles indispensables à la vie. C’est l’exemple de Dali qui, pour avoir des inspirations, faisait une très courte sieste dans son fauteuil, une cuiller à la main au-dessus d’une assiette ; à peine endormi, il était réveillé et constatait une forte créativité. Le sommeil est indispensable (même l’hibernation pour certaines espèces) et donne un état d’homéostasie, d’équilibre, nécessaire aux prochains mouvements. Ce repos est entre deux mouvements, au sommet de l’inspir et de l’expir. Le point d’équilibre prépare le mouvement suivant. C’est la morte eau de la marée. Autre exemple, l’élément Feu a deux émanations : chaude et froide ; dans la première, c’est le repos, dans la seconde, c’est l’animation.

          La justesse mène ainsi à l’Alchimie. C’est cela la magie alchimique. Isis utilise ces deux arts pour réanimer Osiris et vaincre la mort par sa magie qui précède la transmutation alchimique. Leur association (même avec l’Astrologie sacrée) autorise tous les possibles de la Vie. Une tenue est une suite d’actes qui mettent en œuvre le Verbe et peut, éventuellement, laisser une trace dans le monde manifesté s’il y a transmission, mais qui ne sont possibles que si les Frères suivent les nombres connus liés aux grades : servir, formuler, mourir et créer. Le rituel est l’acte suprême qui met au présent ce que le divin accomplit lors de la première fois, une manière d’achever la création ; entrer dans l’étoile la fait rayonner. Ainsi, une Loge bien centrée devient créatrice, perpétue la vie en esprit, génère de nouveaux frères. Son mouvement équilibré lui permet d’agir, d’incarner la Veuve et de transmettre la Vie. Il est assez significatif de constater que le mot égyptien « sp » signifie acte, moment, laisser une trace, dose, portion. Alors, agir sera créer, partir d’un concept perçu dans le secret, rassembler des éléments dispersés et en faire quelque chose de nouveau au bon moment et adapté, bien dosé, d’une nature différente, de faire une œuvre intemporelle et communautaire qui naît hors du temps et de l’espace mais avec des conséquences dans le temps et l’espace comme sur le monde des causes. On parle d’acte juste et non des actes ; ce singulier montre l’orientation vers l’unité, vers le divin, à la seule gloire du Grand Architecte, en toute conscience.

 

         Puisse la magie devancer toute action de la Communauté initiatique en montrant les lois vitales et le centre principiel qui permet le mouvement harmonieux ; qu’elle fasse vivre la Chambre du Milieu en toute conscience pour faire vivre le Verbe et permettre à la Lumière de se répandre davantage.


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