La Pierre Fondamentale du temple se symbolise par les trois Grandes Lumières qui sont composées de la Règle, du Compas et de l’Equerre. Elles sont une des formulations du « Trois en Un », mot sacré de l’Apprenti. Tout commence par-là. Elles forment le livre de la vie qui semble se fermer à la fin d’une tenue quand elles sont séparées. Elles permettent la rigueur, la mesure et l’harmonie dans l’existence. Si elles n’étaient qu’une, elles seraient dogme, deux elles seraient doute, trois mais indissociables elles sont la vie.
En effet, elles donnent les bases fondamentales par la Règle qui sous-tend tout dans la manifestation et donne vie aux forces normatives de l’univers. Celles-ci sont manifestées par la rectitude de l’équerre qui apporte la capacité de dresser le temple, et révélées par les multiples ouvertures du compas qui permet de relier par de justes proportions toutes les parties de l’univers. Compas et équerre réunis symbolisent l’union de ce qui est en haut à ce qui est en bas et le croisement des énergies.
Dans de nombreuses loges, l’habitude est de faire supporter l’équerre et le compas par une Bible, le Coran..., c’est à dire sur une vérité révélée, écrite. Ceci est très limitatif, ramenant le Principe de création à une formulation religieuse humaine et donc exotérique. En initiation, domaine de l’ésotérisme, seul le concept permet de percer le Mystère et de vivre dans le sacré. Seule la Règle, expression du concept de l’harmonie universelle, peut soutenir les deux autres lumières et déterminer la « régularité » d’une loge.
Elles sont appelées lumières parce que la Pierre Fondamentale diffuse la lumière de l’origine, rendant toutes choses perceptibles. La dénomination de «grandes» signifie qu’il y a manifestation primordiale de la lumière. Elles éclairent et provoquent la création dans le temple, à l’image du cosmos. Elles éveillent les œuvrants, et leur permettent de communiquer avec l’invisible. Elles diffusent l’énergie du Principe en la canalisant, comme un projecteur éclaire le chemin, et permettent le tracé du tableau de loge.
On peut dire que par elles, on voit le Grand Architecte. Elles forment une écriture symbolique d’un mot, composé de trois lettres, et donnant un des noms du Grand Architecte, celui qui permet tous les tracés de la création. Principe de base de la voie occidentale de constructeurs, elles sont utilisées par l’Architecte des mondes. Pour qu’elles soient disposées, une lumière de création doit venir de l’Orient, depuis le Delta lumineux et par le regard du Vénérable Maître. On comprend donc que seul le Passé-Maître peut les manipuler, à l’abri du regard des frères qui ne peuvent qu’en contempler le résultat. Quand le Passé-Maître les dispose, il est sous l’équerre formée par la canne du Maître des Démarches et l’épée de l’Expert. Il reçoit une énergie descendant par cette équerre. Il est ainsi clair que l’homme ne peut pas se servir des Trois Grandes Lumières. Elles ne sont pas issues de la manifestation.
L’acte essentiel d’une Communauté initiatique est de les assembler alchimiquement pour rendre possible les tenues. Elles sont toujours présentes dans le temple, mais ordonnées ou non. Désordonnées, elles reposent dans l’incréé ; ordonnées rituellement, elles provoquent inéluctablement la présence du Grand Architecte dans le temple, et le phénomène de création apparaît. Elles permettent la manifestation de toute chose et se retrouvent donc sur le tableau de loge.
Leur disposition varie en fonction du grade auquel travaille la loge. Le compas change dans son ouverture et sa place avec l’équerre, mais toujours dans le respect de la Règle qui les fait naître. Cette disposition évolutive prépare les frères au travail selon leur capacité de perception. Au grade de Maître, le compas, libre sur l’équerre, donne une large latitude d’action, en connaissance de (la) Cause. En effet, sur le tableau de loge à la Maîtrise, le lit de résurrection est encadré par ces deux outils, libres, le Maître incarnant la Règle.
Elles sont placées sur l’autel des serments, devant le trône du Vénérable Maître. Tout serment initiatique se donne sur ces trois lumières, donc sur le Grand Architecte, face à l’Orient. Cet engagement ne peut donc s’assumer qu’en portant en soi ces trois concepts fondamentaux qui sont la porte vers le Mystère.