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L'initiation

(texte fondateur de nos travaux il y a quatre décennies)

            Les sociétés secrètes, les groupements ésotériques, ont tous pour caractère spécifique l’Initiation.

            Le propre d’une société dite secrète est le caractère toujours particulier de ses rites ou de son rituel, lesquels sont propres à chaque groupement et tenus secrets, cachés au monde profane. La donation de ces secrets se fait au nouvel adepte par une cérémonie qui est précisément l’Initiation. C’est le point de départ d’un partage communautaire, l’intégration d’un élément jusque-là profane, au groupe des initiés.

            D’une façon générale, l’Initiation peut se définir comme un processus destiné à réaliser psychologiquement chez l’individu le passage d’un état réputé inférieur de l’être à un état supérieur.

            Initium, en latin, signifie commencement, et par extension entrée. L’initié est celui qui est mis sur le chemin. Arrêtons-nous sur cette notion.

            L’homme, objet de l’Initiation, est doué d’une individualité. C’est cette individualité qui est prise comme moyen et comme support de la réalisation initiatique. Les rites initiatiques subis vont être différemment réceptionnés par chaque individualité.

            La mise sur le chemin une fois faite, que se passe-t-il ?

            C’est en réalité à chaque individu que va appartenir l’initiative d’une réalisation qui se poursuivra ultérieurement et qui devrait normalement aboutir à dépasser les possibilités de l’état individuel humain, de rendre effectivement possible le passage à des états supérieurs.

            L’Initiation n’est pas seulement quelque chose d’ordre simplement moral ou social. Les philosophes parlent à la raison. Les religions touchent le cœur. L’Initiation émeut la partie spirituelle la plus haute du sens de la vie. C’est une réalisation purement intérieure de l’être humain, réalisation des possibilités que l’individu portait en lui à l’état virtuel.

            Nous devons donc constater que la méthode initiatique est une voie essentiellement intuitive. C’est là une des raisons pour lesquelles l’Initiation use de symboles. C’est pour provoquer l’Illumination par voie analogique.

            Le langage symbolique, immémorial et universel, permet d’établir, au travers du temps et de l’espace, les relations nécessaires entre le signe et l’idée, la plasticité du symbole épousant chaque aspect de l’évolution et palliant à l’impossibilité qu’a le langage d’exprimer la totalité de la pensée.

            Les symboles, supports de l’Initiation, sont essentiels. Ils doivent provoquer l’Illumination qui permet de saisir simultanément les différents aspects de l’idée, de les unifier, d’en faire déceler l’unicité qui les transcendent. Car le problème est de passer du connu à l’inconnu, du visible à l’invisible, du fini à l’infini.

            Un point est à signaler. La plupart des mystères initiatiques et des épreuves ésotériques impliquent des thèmes implicites à peu près équivalents. C’est pourquoi il est à noter que toutes les initiations commencent par un voyage dans les ténèbres, au cours duquel des scènes effrayantes sont offertes au récipiendaire.

            Il subit également des épreuves, feu, air, eau, qui sont le plus souvent corporellement appliqués et qui sont destinés à lui donner la sensation qu’il meurt. Cette impression de mort est obtenue par des moyens divers, des méthodes plus ou moins brutales, mais elle existe toujours.

            Elle est suivie presque toujours et immédiatement d’une remontée vers la Lumière, une Illumination brusque. Ce schéma de descente dans les ténèbres, suivie d’une remontée lumineuse est constant.

            C’est qu’en effet l’Initiation est naissance.

            Cette seconde naissance à un monde fermé est conséquence ; elle implique donc et d’abord la mort au monde profane. Elle doit déterminer un choc psychique frappant, souvent même des marques physiques indélébiles.

            Cette première phase du développement initiatique, partant du psychique, ne constitue qu’un stade ; ce n’est pas le but lui-même. Il n’est que le stade préparatoire de la réalisation des possibilités d’un ordre plus élevé, spirituel. Il faut qu’il y ait passage de l’ordre psychique à l’ordre spirituel. Ce passage que certains d’entre nous ont ressenti, constitue une seconde mort, une troisième naissance. Dans la symbolique maçonnique, ceci correspond à l’Initiation au grade de Maître.

            La signification dernière du processus initiatique, à cause même de son universalité, a donné lieu à diverses théories : Les plus intéressantes signalent que les phases de l’Initiation sont la reproduction symbolique de la naissance de l’univers, l’organisation du chaos par la Lumière. Ce serait, par extension, une réintégration, une régénération fictive de l’être, une récupération des prérogatives que l’homme a perdues par la chute adamique. Les initiés sont replacés dans les conditions voulues pour atteindre la Gnose.

            Pour réussir ces points, l’Initiation est donc à la fois :

-         Une purification. L’être meurt à ses désirs profonds pour tendre vers la perfection.

-         Une Illumination. Elle donne le moyen de retrouver la Parole perdue, la Connaissance.

-         Une réintégration symbolique. Ceci dans les privilèges de l’être avant la chute. Il est dès lors possible de retrouver cette Sagesse perdue.

D’où l’idée, mainte fois exprimée, d’une Tradition secrète, transmise à travers les âges, sous des formes différentes, par des révélations successives, de telle sorte que toutes les religions, toutes les institutions ésotériques, procèdent au fond de la même source. Cet ésotérisme est quelque chose d’antérieur à la religion établie.

Cet aspect d’une Tradition extrêmement ancestrale est commune à tous les ésotérismes, d’où le problème de la filiation initiatique. Chaque groupement essaye de prouver sa fabuleuse antiquité grâce à l’idée d’une succession régulière et ininterrompue formant une sorte de chaîne.

            De cette notion découle le second point important :

          L’individu ne peut s’initier lui-même

            C’est ce qui le distingue du mystique qui est le plus souvent un isolé.

            Le profane ne peut être initié que par une organisation initiatique. Le rattachement à une organisation traditionnelle régulière est une condition nécessaire. L’initié naît à un monde spirituel existant, monde autre que celui où s’exerce l’activité de sa modalité corporelle, monde qui sera dorénavant pour lui le champ de développement de ses possibilités dans une sphère supérieure.

            On comprend dès lors que cette sphère, ce monde, doivent être les reflets d’une organisation initiatique traditionnelle, régulière, qui doit avoir qualité pour conférer l’Initiation, c’est à dire pour transmettre cette influence spirituelle sans le secours de laquelle il serait impossible, en dépit de tous les efforts, d’arriver jamais à franchir les limites du monde profane. Il est d’évidence qu’on ne peut transmettre que ce que l’on possède soi-même.

            Il est donc nécessaire que l’organisme soit effectivement dépositaire d’une influence spirituelle pour pouvoir la communiquer aux individus qui se rattachent à elle. C’est ce qui fait, par voie de conséquence, que tout être initié ne peut jamais, par aucun moyen, cesser d’y être rattaché, fut-il radié ou démissionnaire.

            En effet, l’influence spirituelle conférée l’est une fois pour toute et possède un caractère proprement ineffaçable. C’est là un fait d’ordre intérieur contre lequel nulle formalité administrative ne peut rien.

            On a souvent souligné le caractère incommunicable au profane de l’Initiation parce qu’il s’agit d’états à réaliser intérieurement. Ce qui s’enseigne, ce sont seulement des méthodes préparatoires à l’obtention de ces états ; c’est une aide, un appui qui facilite le travail intérieur ; c’est la mise sur le chemin. Ce secret initiatique, inexprimable, est vraiment incommunicable car chacun personnalise les données du symbolisme traditionnel des rites.

            Nous pouvons soutenir, sans paradoxe, que le monde profane connaît nos rites jusque dans ses moindres détails, mais le secret maçonnique n’a pu néanmoins être percé et ne peut l’être.

            Le mécanisme psychique par lequel opèrent les diverse épreuves de l’Initiation qui paraissent absurdes à celui qui les regarde d’une façon superficielle, est encore assez mal connu. On pense que les rites agissent par imprégnation du subconscient auquel ils donnent une puissance et une efficacité réelle.

            Les rites ont pour but de mettre en rapport l’être humain avec quelque chose qui dépasse son individualité, la transcende. Il est évident qu’il n’est pas nécessaire que cette communication soit consciente pour être réelle. Le rite porte son efficacité en lui-même. Il est le support de la transmission d’une influence spirituelle.

            Par lui, par l’Initiation, l’être se réalise, fait passer ses possibilités de la puissance à l’acte. Alors que le mystique parvient d’emblée à la plénitude de l’intuition, l’initié n’acquiert, lui, que progressivement la connaissance.

            La voie initiatique est active, longue, laborieuse. D’où l’existence d’une hiérarchie dans toutes les organisations initiatiques, les divers grades marquant les étapes successives de ce travail intérieur, les degrés relatifs du perfectionnement auxquels les différents initiés sont parvenus.

            Cette hiérarchie est particulière. Ce qui la distingue de toutes les autres hiérarchies, c’est qu’elle est formée essentiellement par des degrés de connaissance, celle-ci étant prise dans son sens total, effectif. C’est en cela que consistent proprement les degrés mêmes de l’Initiation, et aucune considération autre que celle-là ne saurait y intervenir.

            Il ne faut jamais confondre ce point de vue avec la hiérarchie des fonctions, car la fonction dont quelqu’un peut être investi, à quelque niveau que ce soit, ne lui confère pas un nouveau degré et ne modifie en rien celui qu’il a en lui, déjà.

            L’Initiation mène à la conscience pleinement réalisée et effective du soi. La chaîne initiatique n’est pas faite pour lier l’être, mais pour lui fournir un appui vers l’élévation, le dépassement de ses propres limitations. Une organisation initiatique n’a que faire d’instruments passifs et automatiques ; ce qu’elle doit trouver dans ses membres, c’est une collaboration consciente, impliquant toute la compréhension dont chacun est capable. Nulle véritable hiérarchie ne peut se maintenir sur une autre base que celle-là.

            La Franc-Maçonnerie est une société initiatique. A ce titre elle use de symboles et de rites qui lui sont propres. Il nous faut étudier maintenant en quoi la symbolique maçonnique peut aider à l’Initiation. Il s’agit là de juger, en réalité, la valeur de la Maçonnerie en tant que puissance symbolique, en tant que puissance initiatique.

            Est-elle dépassée, démodée, inactuelle du fait des courants de pensées en vigueur ? Par extension, doit-on la préserver ou est-il souhaitable de la changer ?

            Le caractère original de la Symbolique maçonnique vient de ce que la Franc-Maçonnerie était d’abord opérative ; les outils, les mots employés avaient alors une utilité évidente, un sens clair. Ils étaient les éléments d’un langage à effet constructif, immédiat, direct.

            Devenant spéculative, elle a cependant conservé les outils de travail et les mots, dès lors destinés à une construction à effets plus lointains, plus abstraits : l’Architecte de l’homme, l’édification de son esprit, de sa culture, de sa morale, le Temple d’une humanité harmonieuse.

            C’est alors qu’entra en jeu le symbole qui est la base de l’Initiation maçonnique spéculative.

            Tant qu’un objet ne représente que ce qu’il a de visible, d’immédiatement utilisable, le mot employé par le langage courant le désigne entièrement. Dès qu’il passe sur un plan spirituel, cet objet prend un sens plus profond, une valeur plus diffuse ; il devient symbolique.

            Le langage exotérique est fait pour le plus grand nombre ; le mot, de ce fait, devant être compris par tous, est rigide, limité ; il désigne nommément la chose, fixe l’idée. Dès que l’on passe à de plus vastes horizons, on est obligé de recourir au symbolisme.

            Est-il possible d’adapter ce symbolisme aux formes actuelles de la vie moderne, aux grands courants de la pensée actuelle ? Cette symbolique maçonnique initiatrice a-t-elle encore une valeur de nos jours ?

            La vie moderne est technique, spécialisée, contingentée, planétaire. Les cinquante dernières années ont fait faire un bond fantastique au progrès scientifique ; la société moderne est une société de spécialistes, et de spécialistes poussés. La technique s’est à ce point développée que rien de valable ne peut être entrepris si ce n’est par des techniciens, compartimentés à l’extrême.

            Ceci a pour conséquences la naissance d’une quantité de langages spécialisés propres à chaque branche de l’activité moderne, à l’adoption de codes, signes, symboles, voire rites particuliers à chaque activité particulière. La notion de symbole s’est en quelque sorte vulgarisée.

            Cette spécialisation a eu pour contre coup de développer le sentiment de relativité d’une branche à une autre, également d’interdépendance d’une discipline à l’autre, aucune ne pouvant assumer, à elle seule, la marche générale de l’ensemble des acquisitions. Tous les hommes de science, tous les techniciens se sentent solidaires, contingents.

            L’homme est devenu un rouage, une pièce d’un ensemble complexe. Sa valeur intrinsèque est fonction de l’ensemble social et de la façon dont il assume son rôle. L’individu, bien que spécialisé, s’efface devant une nécessité supérieure, collective.

            Contingent sur le plan professionnel, il l’est aussi en tant que simple individu. L’information, la presse, la radio, la TV, dirigés, lui font un psychisme uniformisé. Il s’agit d’une véritable mise en condition générale, renforcée du fait que ces informations touchent la totalité des individus qui, au même moment, vivent le mêmes faits, les mêmes idées inculquées.

            De ce fait, l’homme moderne se sent solidaire de tous les autres hommes de la planète. On assiste à la naissance de l’esprit généralisé.

            Cette uniformité dans l’acquisition se retrouve dans les conséquences à subir. Standardisation des réflexes, des pensées, des réactions, naissent de cette documentation unique et de portée générale. A cela doivent s’ajouter les acquisitions mondiales et de portée mondiale qui aggravent encore cette standardisation.

            Les découvertes nucléaires, la bombe atomique, les missiles, les acquisitions électroniques, la cybernétique, l’automatisation, ont des conséquences immédiates et universelles qui concernent tous les hommes. Même mise en commun pour les acquisitions médicales ou dans le domaine politique : marché commun, ONU, Euratom, Unesco. Jusqu’à l’art qui passe du plan commun au plan planétaire.

            La pensée religieuse et philosophique sont de ce fait modifiées. L’universalisme est un mode de voir nouveau car senti à chaque instant. L’Eglise catholique, consciente de ce phénomène, fait actuellement, à la suite de Jean XXIII, par le Concile œcuménique, un effort d’adaptation considérable à ce nouvel aspect de la vie moderne.

            Que devient la Maçonnerie dans cette cité nouvelle ?

            Les systèmes rationalistes du 19ème siècle craquent de partout. Ils ne correspondent plus à la réalité mouvante du monde actuel. On assiste, on participe à une crise de croissance de l’humanité dans laquelle l’homme cherche un nouvel équilibre et le maçon plus que tout autre.

            Ce qui distingue le maçon dans la société nouvelle, c’est précisément son initiation ; ce sont ses symboles. Que représentent-ils, dès lors, en valeur absolue ? En quoi cette Initiation maçonnique, avec sa symbolique, peut-elle nous aider ?

            L’Initiation, nous l’avons vu, est surtout un acte d’acquisition spirituelle personnelle. Par elle, le profane doit laisser à l’entrée du Temple tous ses métaux, c’est à dire rejeter les erreurs et les préjugés du monde extérieur, se mettre à l’unisson d’un amour universel, se dégager des obstacles créés par la passion, ne plus tenir en considération les religions, les races, les castes, les clans politiques, les chapelles religieuses.

            Cette initiation le rend membre d’une association dont l’angoisse est d’abord et avant tout l’amélioration matérielle et morale de tous les hommes. Libéré par ses symboles, le maçon ne veut plus obéir à un impératif quelconque s’il est d’obligation et étranger à sa conscience. Il méditera sur tout et n’admettra que ce qui lui semblera valable, son critère restant l’amour fraternel de tous les hommes.

            Le résultat est que l’initié est dégagé des dogmes qui tuent l’âme, la dessèche, et qui aboutissent nécessairement à l’intolérance, cette source des heurts sociaux, des guerres et des exclusives.

            Le maçon doit vivre son initiation, aidé par ses symboles. Renan disait : « Tout ici-bas n’est que symbole ». L’homme du 20ème siècle, à tout moment, sans qu’il s’en doute, nage dans un océan de symboles. Le mathématicien, le physicien, le scientifique, le technicien ont comme instrument de travail leur symbolisme propre. Le maçon aussi a ses rites et symboles, sources se son initiation.

            Le point important, c’est que ce symbolisme est à l’inverse du dogme. Or le dogme est le frein essentiel au progrès spirituel. Dans notre siècle de progrès constant, la symbolique maçonnique par l’Initiation se doit de contribuer à ce progrès par le dedans. Essentiellement progressiste, la Franc-Maçonnerie ne peut faillir à ce devoir de promotion humaine.

            Le dogme est un symbole qui s’est sclérosé, dévitalisé. Il est imposé comme vérité intangible à des adeptes dont on requiert avant tout l’obéissance aveugle, la foi. On inculque à d’autres des vérités, considérées comme telles par un petit nombre. La faculté de penser, dans ces conditions, est l’apanage d’une caste.

            C’est ce que nous constatons dans les symboles et rites religieux. Au départ, l’idée symbolique, vécue par chacun, était une vérité vivante, admise par chacun des adeptes. Dans un deuxième temps, cette idée est devenue une sorte de réflexe conditionné ; à l’église, au Temple, le symbole a créé une attitude rituelle qui est devenue l’essentiel, à la place de l’Idée, peu à peu oubliée.

            C’est cela qu’il nous faut éviter ; c’est par là que la symbolique maçonnique peut aider à la véritable Initiation vécue.

            En effet, le caractère capital du symbolisme est sa plasticité. C’est une véritable et constante adaptation à la vie. Le mécaniser, c’est le vider de son sens profond ; c’est le perdre comme outil de la pensée critique. Ceci revient à dire que nous devons maintenir vivace, affûtée, prête à l’usage quelle que soit l’époque vécue, l’idée symbolique.

            Notre symbolique est une image qui a un pouvoir de projection et d’évocation à contenu variable selon l’individu. Ce n’est jamais une mécanique réflexe, fixée une fois pour toutes.

            Cette puissance d’évocation dépend du degré d’intuition, de la justesse de pensée de celui qui le considère, également de l’aptitude du sujet à sentir les rapports profonds des êtres et des choses, bref, de sa faculté initiatique.

            L’Initiation maçonnique, née des symboles bien compris, est un merveilleux instrument de travail critique. Nous devons en maintenir l’esprit vivant parmi nous. Les dogmes s’installeront parmi nous quand, par paresse intellectuelle, par manque d’intérêt, nous cesserons de sentir sa valeur profonde. Le symbolisme reste, quelle que soit l’époque, le vrai levier de l’esprit, l’instrument capital de la compréhension intime des individus ou des faits.

            La science, pour admettre un fait, exige qu’il soit renouvelable à volonté, qu’il entre dans le cadre de ses lois générales. Or il existe un grand nombre de phénomènes qui ne répondent pas à ces conditions et qui existent, réellement, objectivement. La conséquence est que la science se fige dans ses conceptions. Il y a des dogmes scientifiques, une religion scientifiques. Or, que voyons-nous actuellement ? La science n’est plus qu’une croyance qui s’appuie sur des hypothèses sans cesse renouvelées. Les données les plus ancrées changent de jour en jour. Certes, les résultats sont là, mais il est vain et illusoire de lui demander ce qu’elle ne peut donner : la Connaissance spirituelle.

            La Franc-Maçonnerie prouve sa valeur initiatique par tout l’appareil symbolique qu’elle utilise et qu’elle doit conserver. Ce symbolisme, cette Initiation doivent faire évoluer les esprits d’une élite, de façon à les dégager de l’emprise des dogmes, fussent-ils scientifiques, pour les faire aboutir à la libération totale du sens critique et maintenir d’une façon permanente, la possibilité des interprétations multiples qui peuvent être données à chacune des acquisitions de la vie actuelle.

            Le résultat sera la possibilité d’éprouver la relativité de ces acquisitions en regard des hautes valeurs morales qui sont les vrais objectifs à préserver. C’est là notre rôle.

            Ce problème qui nous occupe n’est jamais que la lutte séculaire de l’Esprit sur la matière.

            En résumé,

            Rites, symboles, Initiation, qui sont nos bases de vie, nous sont chers car légués par une longue lignée de maçons, eux-mêmes conformes à l’impulsion universalisée de tous les groupes humains ésotériques. Comme nous, tous ces hommes ont eu à s’adapter à leur époque respective.

            Cette Initiation, traversant les siècles, vivante, a maintenu les plus hautes valeurs de l’homme, ses valeurs morales, en regard de données scientifiques qui ne doivent rester que des instruments au service de l’homme, non leurs maîtres. Mais ces symboles doivent être compris pour être défendus, comme instruments de base de la liberté conceptuelle. Ils sont l’expression imagée d’un idéal de liberté.

            Vivant notre époque, il nous faut nous y intégrer et subir les acquisitions modernes, les comprendre aussi. Les symboles, l’Initiation, seront nos vecteurs, les moteurs essentiels de notre amour de la perfection, les vrais supports de l’esprit maçonnique. A ce titre, ils seront les liens de la réconciliation humaine de l’avenir que nous voyons s’esquisser déjà sous nos yeux.

            La force de l’Initiation maçonnique réside dans le fait qu’en face de la diversité des cultes, des milieux sociaux et géographiques, elle peut représenter, par le maintien de ses symboles vécus, une société initiatique faisant bloc et d’adaptant aux modes d’expressions variés qui peuvent lui être opposés. Ces symboles forment une base intangible, un ciment, entre les frères de tous les pays.

            Adaptons-nous au progrès par le truchement de nos outils, sans perdre de vue notre Idéal de promotion humaine sur le plan moral et spirituel. Souhaitons aussi que ce travail intérieur, cet idéal, ne restent pas enclos dans le Temple.

            Forts de notre Initiation, riches de nos acquisitions, faisons en sorte que tout en nous soit exemple à l’extérieur.

            A ce prix seulement, nos efforts, l’acquisition de l’Esprit symbolique, l’Initiation, prouveront que leurs valeurs sont réelles, que le symbolisme maçonnique, comme le symbolisme scientifique, est lui aussi un moyen très authentique pour l’édification de l’humanité de demain.

François BRUNIER



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