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II.2. LES VERTUS CARDINALES

          Après avoir considéré les vertus théologales qui mènent au divin, nous abordons les vertus cardinales qui n’ont aucune valeur si elles ne sont pas fondées sur les précédentes car elles mèneraient alors au matérialisme. Elles sont quatre, donc relatives à la manifestation formelle, à l’existence. C’est un peu l’équivalent du quadrivium donc ce qui permet de vivre les choses ici et maintenant. Comme les quatre points cardinaux ou les quatre orients de la Loge, elles apparaissent comme des repères complémentaires et indispensables au maintien des êtres sur la voie afin de les diriger vers la Connaissance en les plaçant dans une attitude de rectitude et d’impeccabilité. Notons qu’elles se retrouvent parfois aux angles des tombeaux des princes (à Nantes par exemple), affirmant ainsi la pérennité de l’âme du défunt. Notons également que ces vertus sont en général figurées par des femmes couronnées comme le montrent l’illustration ci-dessus du XIIIème siècle ; cela ne les met-il pas en liaison avec Marie, Isis (le trône) et donc la Veuve ?

 

          L’ensemble des vertus forme le Sept, union du monde en esprit et du monde terrestre, passage du non-être à l’être. On peut remarquer que les lames du Tarot reprennent les vertus, nous y reviendrons plus loin, et qu’elles utilisent trois couleurs pour les vertus théologales (or/jaune, argent/blanc et noir) et quatre pour les cardinales (bleu, vert, rouge et chair).

          Selon l’étymologie de cardinal (Cardo signifie « charnière, pivot, gond de porte, axe »), elles ont un rôle essentiel de pivot entre le monde divin et le monde des hommes. Si leur origine remonte aux philosophes grecs, notamment Platon, elles sont à considérer beaucoup plus comme spirituelles que philosophiques car elles sont là pour mettre en accord l’action des frères comme de la Communauté initiatique avec la volonté divine. Elles concernent l’homme mais leur source, leur but et leurs moyens sont divins, sous-tendus par la Règle. En astrologie, les signes cardinaux sont les premiers signes de chaque saison, donc symboles des débuts, des naissances, des impulsions, des actions ; comme ils correspondent aux équinoxes et aux solstices, ils sont des signes charnière source de mutation.

          Un pivot relie et permet le mouvement (cardinalis, « autour duquel tout tourne ») à partir d’un axe fixe comme la perpendiculaire suspendue à l’étoile polaire. Ces quatre vertus sont en quelque sorte le moyeu de la roue pour voyager aux quatre coins du monde. Ils sont l’axe dans la quête de la sagesse pour voyager à travers le temps et l’espace du temple : « Notre randonnée ne nous conduisait pas seulement à travers l’espace, mais aussi à travers le temps…. Car notre but n’était pas simplement l’orient, ou plutôt notre orient n’était pas seulement un pays et quelque chose de géographique ; c’était la patrie et la jeunesse de l’âme ; il était partout et nulle part ; c’était la synthèse de tous les temps » (H. Hesse. Le voyage en orient).

          Quatre étant le Nombre de la stabilité, de la base d’où tout part dans la création, ces vertus stabilisent les êtres et sont leur point d’appui dans l’existence si celle-ci est déjà orientée. Elles permettent un équilibre de l’être dans la quête.

          Comme les Piliers du temple sont les pivots de la création en loge, chacun impliquant un changement de direction, de plan comme dans un escalier tournant avec des angles droits, nous allons voir que ces vertus peuvent être considérées par ces piliers pour nous élever. Tout Compagnon sait que le Quatre génère le carré long argenté, et donc les trois piliers qui, à leur tour génèrent la Justesse, donc le Trois plus Un. N’oublions pas que Trois est le Nombre d’une stabilité dynamique. Cette justesse est formulée par un pilier invisible, clef de la conception de toute chose. Rattaché à la Veuve/Isis, il est en relation avec le pilier Djed de l’Égypte ancienne et avec Osiris, le justifié, le premier des Occidentaux, incarnation de l’être juste qui a passé avec succès l’épreuve de la balance, de Maât, et qui est entré vivant dans la mort.

          La dénomination des vertus a été fluctuante avec le temps et nous en retenons ici celles qui sont le plus pertinentes dans notre démarche. Et, puisque les cardinales n’ont de sens que par les théologales, nous allons tenter d’aborder chacune des cardinales sous l’aspect d’un élan lié à la Foi (compas ?), d’une puissance de stabilisation liée à l’Espérance (Équerre ?) et d’une capacité de transmutation (Règle ?) liée à l’Amour.

 

          Commençons par la Sagesse, pilier d’où tout part. Quel rapport avec la PRUDENCE ? Nous avons oublié le sens des mots. Le latin « prudens » signifie qui prévoit, qui agit en connaissance de cause, qui connaît, avisé et « prudentia » est à la fois la prévoyance, la compétence, la sagesse et bien sûr la prudence. Notons que « prudens » est une contraction de « providens » qui vient d’une racine « vis » liée à l’idée de voir. L’homme qui voyait plus loin que le bout de son nez était qualifié de « providens » contracté en « prudens », d’où prudent.

          Sur le plan de l’élan de la Foi, tout commence par la Sagesse qui crée et illumine le travail. Elle doit inspirer l’homme pour qu’il soit naturel, transparent. La prudence est bien la sagesse, liée à la maturité, l’expérience qui illumine l’être : « Les rayons du soleil illuminent toujours la face de l’homme prudent » (prophétie de Neferty). Elle met les êtres en capacité d’accroître leurs énergies créatrices pour s’éveiller à la réalité de la Lumière. Sur la gravure ci-dessus, la Prudence est représentée sous la forme d’une enseignante, un livre posé sur un pilier, face à deux élèves en posture d’écoute qui permet d’accumuler les énergies nécessaires à la progression des êtres. Comme l’écrivait Jean de la Fontaine dans la fable « Le Lion et le Rat » : « Patience et longueur de temps, font plus que force ni que rage ».

          Sur le plan de l’Espérance, la Sagesse, par sa patience, sa confiance, sa prévoyance et son discernement, élève les êtres, mesure les conséquences des actes, des décisions, voit les choses dans leur réalité et peut engendrer la conception qui précède la création. La circonspection et la sagacité, liées au savoir-faire connaissant, lui permettent d’agir et de transmettre sans but précis.

          Sur le plan de l’Amour, cette énergie qui fait tenir l’univers, « la sagesse fait un choix judicieux de ce qui peut lui être utile à l’exclusion de ce qui peut lui être nuisible » (saint Augustin). Elle entend le Verbe, voit les choses en vérité et peut embrasser le dessein du Grand Architecte selon la Règle. Sur la lame 9 du Tarot, figure l’ermite que l’on peut assimiler au sage ; il chemine lentement précédé par la lumière de sa lanterne et tâte le terrain à l’aide d’un bâton tordu qui peut aussi être la Règle. La lumière dans une main et la conscience en capacité d’enseigner comme de guider dans l’autre, l’ermite regarde-t-il la lumière ou au-delà de la lumière ? Le bâton est proche du serpent (cf. le bâton de Moïse se transformant en serpent), clairement représenté sur certaines représentations (lame 9 du tarot par exemple) ; cela rappelle qu’Hildegarde de Bingen affirme que le serpent signifie la prudence (le serpent renvoie aussi à Atoum en Égypte et à Zeus chez les grecs). Ce serpent est la Sagesse connaissante qui est aussi parfois symbolisée par un miroir qui voit au plus profond, sonde les consciences, regard objectif de la réalité, et incite les hommes à être eux-mêmes, réfléchis, au-delà de leur ego pour agir en harmonie avec la Règle. C’est cela devenir ce que l’on est, ce qui est donc une transmutation pour laisser tomber la vieille peau du serpent. Ce devenir n’est pas s’accepter tel que l’on croit être, ce qui ne serait que de l’immobilisme ; c’est la compréhension de l’Amour, l’éveil par la sincérité, gage de tout lien solide, donc de tout amour.

          Vient ensuite le pilier Force. Ce qui était la vertu FORCE au moyen-âge, est pour nous le COURAGE, « qui a du cœur ».

          Si l’initié a la Foi, il aura le Courage et la fermeté qu’exigent les épreuves rituelles, ainsi que le Courage de verser son sang pour la vie et la pérennité de la Communauté initiatique. Le frère ne s’avoue jamais vaincu devant le mystère ; il ne se relâche pas ; rien ne doit l’ébranler ; « toutes ses forces sont consacrées aux travaux ». Le voyage initiatique est difficile et long, sans garantie de succès ; il y faut une force de caractère digne d’un guerrier, non contre les autres mais contre soi, contre nos tendances et désirs multiples. C’est bien pourquoi, au moyen-âge, cette force était représentée par le glaive, le bouclier, la colonne ou une peau de lion (voir la gravure plus haut). L’homme est souvent son propre ennemi ce qui peut le faire dévier de la voie, alors que la Communauté initiatique continue d’avancer. Le vrai Courage est de faire face au devoir, quoiqu’il arrive, ce qui maintient l’élan comme la capacité de réalisation.

          L’Espérance donnant une confiance sereine qui stabilise les êtres, la constance dans l’action devient possible. Le Courage n’est pas une réaction à une peur qui n’a pas sa place sur la voie, mais une capacité d’endurance, de persévérance tout en regardant les choses en face dans leur réalité et non leur apparence. Ce Courage est la mesure du désir initiatique qui doit être profond et sincère. C’est la Force maîtrisée sur la durée de l’action pour être prêt à entendre les appels intérieurs. On ne peut persévérer que par les actes et les offrandes au Principe, avec acharnement et fermeté. Si les choses ne vont pas au rythme souhaité, le Courage, une des formes de l’intelligence du cœur, permet de ne pas douter ni craindre : « Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer ». Ainsi avance la Communauté avec assiduité et constance face aux difficultés.

          Dès lors, l’énergie de l’Amour fait que, si la Communauté est sur le chemin spirituel de la tradition, elle ne peut pas s’égarer (cf. le labyrinthe). Pour saint Augustin, « c’est l’amour supportant tous les maux à cause de l’objet aimé ». C’est le régime continuel des alchimistes ; si l’on n’est pas capable de persévérer, il vaut mieux ne pas commencer le chemin car l’être sera alors toujours écartelé.

          La lame 11 du tarot figure la Force, avec une femme coiffée du signe de l’infini surmonté d’une couronne ; elle ouvre la gueule d’un lion à la seule force de ses mains nues. Son pied droit est bien ancré dans le sol et sa tête couronnée touche le ciel. Ces deux points de contact sont là pour nous rappeler que la maîtrise est le résultat d’un acte magique lui-même fruit de l’union du haut et du bas et que c’est par la maîtrise des extrêmes que l’usage et la maîtrise du Verbe, qui est plus difficile que tout autre travail, se réalisent.

 

          Le pilier Harmonie, curieusement, est lié à la Volonté et la maîtrise, ce que doit être la TEMPERANCE. La Volonté n’est pas dépendante de la Force. Elle est la faculté de se déterminer à certains actes et de les accomplir. Cela demande quelque explication.

          Par l’élan de la Foi, la Volonté est notre capacité à dépasser notre ego pour le mettre au service du Soi en nous débarrassant de nos désirs individuels qui nous écartent de la voie pour les transformer en désir initiatique, le seul à même de nous faire avancer. Dans une Communauté initiatique, c’est le garant de l’harmonie puisque les tiraillements liés aux désirs de chacun sont éliminés ; ainsi se gèrent l’impulsivité et le temps. La volonté individuelle ne suffit donc pas ; c’est la volonté communautaire qui est le vrai moteur. La canalisation et la maîtrise des désirs sont nécessaire pour garder la raison, rester lucide et se mettre au service d’aspirations spirituelles, avec mesure et modération, ce qu’est la Tempérance.

          Comment s’exerce ici la puissance de stabilisation de l’Espérance ? Par la Tempérance. C’est le « Rien de trop » inscrit au fronton du temple de Delphes repris par Horace : « De la mesure en toute chose » (Pour mémoire, il y a plusieurs inscriptions sur ce fronton et le « connais-toi toi-même » n’est sans doute pas le plus important ni le mieux compris). En fait, tout vient ici du désordre qui s’oppose à l’Harmonie (l’Isefet égyptien) ; notamment, si l’on ne maîtrise pas les désirs, le désordre s’installe. A l’inverse de l’excès, la volonté permet la modération et est ainsi la garante de l’équilibre et de l’harmonie. Voilà la raison essentielle du silence de l’Apprenti pour faire taire les jaillissements perpétuels des désirs, ainsi que l’émotivité, les réactions et les opinions souvent passionnelles. Ce grade n’est pas si facile. Mais la modération volontaire porte alors le sceau de l’Harmonie.

          La lame 14 du tarot représente la Tempérance par une femme ailée, habillée de rouge et de bleu, les cheveux bleus ou or, une fleur rouge à cinq pétales au milieu du front, et tenant dans chaque main un vase, desquels s’écoule et se mélange un fluide qui serait de l’eau. Est-ce de l’eau qui coupe du vin ?

          Ce fluide, n’est-ce pas l’énergie de l’Amour qui métamorphose l’énergie vitale qu’est le désir ? On peut le penser puisque dans la gravure du XIIIème siècle évoquée plus haut la Tempérance est représentée sous la forme d’un banquet où les nourritures sont partagées par trois personnages dont une reine et un autre qui est à genou en posture d’offrande, une coupe dans la main droite. Ce sont des agapes, du grec « agapê », amour. Pour saint Augustin, accompagnant la volonté, il s’agit de « l’Amour se donnant tout entier à l’objet aimé », donc de l’amour mis en œuvre dans le seul but de la réalisation de l’œuvre communautaire, impulsée par la Volonté du Grand Architecte. Ne serait-ce pas là la clef du confondement ?

 

          Dès lors, la JUSTESSE (qui n’a rien à voir avec l’insuffisance. Le mot vient du latin « justus », juste, équitable, légitime, régulier dans la conformité à la règle, qui convient) peut être l’aboutissement ou la synthèse des trois autres vertus cardinales qui l’étayent en quelque sorte : « Pour les œuvres, je tiens que la justice est à elle seule suffisante, mais que les autres vertus doivent l’étayer. Aussi, pour que notre justice ne soit pas égarée par l’ignorance, la prudence la devancera ; et pour quelle ne penche ni à droite ni à gauche, nous mettrons de part et d’autre la tempérance et la force » (saint Bernard. Les louanges de la Vierge Mère). Elle les contient toutes, formulation du commencement du voyage et de son accomplissement ; elle est étroitement liée à la formulation de la Règle dans tous ses états comme dans son origine. Le problème vient de la confusion avec la justice. Or c’est la première qui doit inspirer et diriger la deuxième. La justice est liée au jugement, qu’il soit moral ou légal ; elle est liée au droit et toujours en relation avec le bien et le mal.

          On peut facilement quitter la Justesse. Le cheminement initiatique se fait sur le fil du rasoir, mais l’élan de la Foi, en incitant chacun à être à sa juste place, donne un équilibre qui mène à être à l’écoute de la Communauté initiatique en se demandant comment être utile. Ce doit être une constante des frères qui prennent conscience de leurs justes potentialités. Cependant, la Justesse n’est pas la perfection qui relève du divin et des Neuf fonctions de Maîtrise ; celles-ci impliquent que chaque Maître incarne sa fonction avec justesse pour que la loge fonctionne en plénitude. Au grade de Compagnon, la pratique de l’Art du Trait permet une perception concrète de la Justesse par le tracé pour que ce tracé ne soit pas faux et donc que la construction ne soit pas bancale ou approximative. La Justesse rapproche de la perfection et donc du divin. Tout tracé commence par un point fixe qui se met en mouvement ; le frère doit être centré pour pouvoir rayonner ; le point Sagesse mène à la Force, au carré long argenté jusqu’à la Justesse. Une construction n’est harmonieuse que si elle prend sa source dans la Sagesse.

          L’Espérance rectifie les êtres ce qui leur permet d’être conscient de l’acte juste au moment juste ; l’initiation est une voie d’ajustement permanent par rapport à l’Orient et à la Règle. La lame 8 du tarot figure une femme couronnée, assise sur un trône et tenant dans la main gauche une balance évocatrice d’équilibre et une épée, tenue par la main droite du bout des doigts, symbole de fatalité. La finalité est de séparer le pur de l’impur et de peser l’âme des êtres. Cet élément de psychostasie met en harmonie l’âme et l’esprit. Ainsi, la Règle qui est sous-jacente à cette scène, nous enseigne également que la mesure est en toutes choses (« Est Modus in Rebus »). Il y a là un lien avec le Compas.

          La Justesse peut donc se symboliser par l’épée qui tranche, qui manifeste la loi d’Harmonie. Elle échappe au temps et à l’espace contrairement à la justice. Elle est donc indissociable du rite et mène ainsi au divin ; sinon, elle serait justice humaine.

          Sur le plan de l’Amour, enfin, qui transmute les êtres et les choses, il faut rappeler que les Compagnons ne peuvent « reconnaître l’énergie dont ils ont besoin que si leurs intentions ont le pouvoir de se transformer en pensées justes » (rituel du banquet), en osmose avec le moment. Quand l’intention est pure et positive, elle est juste, on vit dans le don et on ne peut trahir ; tout au plus se tromper, ce qui n’est pas grave si l’on sait rectifier. L’intention sert à évaluer la rectitude des actes. L’Apprenti, toujours par le silence, commence donc par cela ; c’est long car sans recherche de bénéfice. La Justesse exprime la quintessence qui est la perception de l’Amour, cette force qui unit et relie les énergies pour faire apparaître la vie. La Justesse n’est jamais un jugement humain mais la mise en harmonie avec l’univers, l’ordre universel. Elle est ce qui est en adéquation avec l’objectif, ce qui est exact pour agir avec succès ; elle toujours conforme à la nature. Elle est la rectitude pour lutter contre le désordre, jamais contre le mal et pour le bien. Le Tao précise bien que la bonté et la justice ne provoquent que des égarements, que l’excellence réside simplement dans les qualités intrinsèques de chacun.

          Pour saint Augustin, la justesse « est l’amour soumis au seul objet aimé, et par suite régnant sur tout le reste avec droiture » ; voilà qui nous renvoie à la Règle qu’il faut mettre en pratique et met en cohérence avec l’univers. Une telle attitude n’est envisageable que par un vécu communautaire, en échange et partage entre les Frères et dans le respect le plus rigoureux des rituels.

          La loge se doit donc d’avoir une attitude empreinte de mesure dans ses actes et dans ses choix, une attitude qui consiste également à rester ferme et constante tout en demeurant juste et équitable en toutes circonstances ; elle se doit de rester sans cesse en posture d’offrande au Principe. Cette Justesse est bien inspirée par la Sagesse, participe du Courage en maîtrisant la Force et rectifie la Volonté.

 

          Reste une question sous-jacente. Peut-on vivre en justesse en permanence ? Il ne semble pas et cela concerne les quatre vertus cardinales. Mais de qui parle-t-on ? De l’individu ou de la Communauté initiatique ? Dans le plan de travail, nous en sommes à la deuxième partie, l’animation de l’Homme, non pas l’ordinaire mais l’Universel, celui dont nous avons travaillé le démembrement dans la première partie par le zodiaque et son remembrement par la Femme qui est présente dans l’illustration du plan d’œuvre et qui rassemble toutes les puissances.

          Toutes les vertus sont évoquées par l’opéra « Cosi van tutte » de Mozart. Il ne s’agit pas des petites vertus où l’opéra apparaît misogyne, où les femmes sont mal vues. C’est l’opéra des vertus, celui des piliers où Despina et Don Alphonso mènent la danse en vieux sages. Le « ainsi font-elles toutes » concerne les Communautés initiatiques.

          Autrement dit, le vécu de ces vertus concerne essentiellement la loge, le frère devant s’interroger sur ce qu’il fait pour tenter de maîtriser au mieux son ego afin de vivre en harmonie avec ses frères, et, plus largement, avec ses semblables, par la découverte et le respect de la Règle. Au mieux peut-il vivre des instants de justesse, relié en permanence et porté par ses frères ce qui ne peut que l’encourager à poursuivre la voie ; là est sans doute la clef de l’intégration à la Communauté initiatique.

          Certaines choses ne devraient pas quitter le temple. Ce qui se vit à l’intérieur n’est pas vivable à l’extérieur, même si on y aspire. Dans la loge, il peut y avoir de l’animosité ; la nature humaine conduit toujours à des moments d’excès. Les vertus se vivent en fait dans la fonction ; c’est le sceau de fonction que l’on porte qui vit cela car il est impeccable de toute éternité. L’absolu n’est que de l’ordre de la fonction. Quand le frère porte son tablier, il devient une statue qu’il anime à sa juste place. Quand nous disons poursuivre au dehors l’œuvre commencée dans le temple, il s’agit de témoignage, comme des livres par exemple.

          Alors, peut-être, au-delà de la vie terrestre, ces vertus sont-elles vécues par l’âme et l’orientent, ce qu’évoquent certains tombeaux que nous évoquions au début de ce travail.

          Puissions-nous voyager par le pivot que sont les vertus cardinales, grâce aux fondements de la voie que sont les trois Piliers, les pivots de la création.


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